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L'Essentiel des Européennes

L’Essentiel des Européennes #2 - Le match Hayer-Bardella | Le spectre des ingérences russes | Pour les socialistes, c’est Schmit

Pour ce deuxième numéro de votre nouvelle newsletter hebdomadaire consacrée aux élections européennes, on décrypte le match entre Valérie Hayer et Jordan Bardella et on s’attarde sur les risques d’ingérence russe lors du scrutin. Ailleurs en Europe, on vous emmène à la rencontre de Nicolas Schmit, cuisinier en chef des socialistes. Et on laisse le mot de la fin à un Néerlandais amoureux de musique techno… et de l’Union européenne.

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Retrouvez le premier numéro du 28 février ici : L’Essentiel des Européennes #1 - Campagne au Salon de l’agriculture | Hayer, c’est fait ? | Un Autrichien tout à gauche

L'essentiel en France

Le match Bardella-Hayer est lancé

Coup d’envoi. A peine désignée tête de liste de la majorité présidentielle, Valérie Hayer est déjà dans l’arène. Ce week-end ont débuté les joutes verbales à distance avec Jordan Bardella, qui tenait dimanche son premier grand meeting à Marseille, pour lancer sa campagne européenne. Entre les chefs de file des deux partis donnés en tête dans les sondages (lire plus bas), le match s’installe. Une forme de remake du duel de 2019 entre les “nationalistes” d’une part, et les “progressistes” d’autre part. Et pour tirer leur épingle du jeu, chacun des deux eurodéputés entend amener l’autre sur son terrain de prédilection.

Elections de mi-mandat. Du côté du Rassemblement national, la stratégie consiste essentiellement à nationaliser le scrutin. Lors de ses vœux à la presse mi-janvier, Jordan Bardella annonçait que ces élections européennes seraient “d’abord et avant tout des élections de mi-mandat [qui constitueraient] pour le peuple français la dernière occasion pour sanctionner […] l’Europe de Macron”. Miser sur le rejet du macronisme, voilà donc le credo du parti lepéniste qui, par la voix de son président, accuse notamment le chef de l’Etat et l’Union européenne d’avoir provoqué “le grand effacement de la France”. Pour Jordan Bardella, le 9 juin doit tout simplement constituer le “jour 1 de l’alternance” au macronisme. Une stratégie qui éclipse en grande partie le fond du projet européen et le bilan du RN au Parlement européen ces cinq dernières années.

Bilan. C’est justement à ce propos que Valérie Hayer et les macronistes ont multiplié les offensives contre leur principal adversaire, ce week-end. Le bilan du RN à Strasbourg a particulièrement été pointé du doigt. “Aucune de leurs idées n’est passée, aucun de leurs rares textes n’a eu de majorité. C’est un mandat pour rien”, lance l’eurodéputée Renew Nathalie Loiseau auprès de France info. Plan de relance européen, restauration de la nature, aides à l’Ukraine, sanctions contre la Russie, régulation des géants du numérique : les votes défavorables des eurodéputés RN ont également été exhibés sur X par Renaissance, au moment où Jordan Bardella s’exprimait face à ses troupes, à Marseille. Un plan d’attaque résolument tourné vers l’action européenne donc, pour réorienter le débat à l’échelle de l’Union, et non seulement de la France.

L’ombre russe plane sur le scrutin

L’œil de Moscou. Si les Russes ne participeront pas aux élections européennes, ça n’est pas pour autant qu’ils s’en désintéressent. Le 12 février dernier, Viginum, l’organisme français chargé de traquer les ingérences numériques étrangères, a recensé 193 sites russes relayant de fausses informations. De son côté, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a récemment alerté sur des “actions subversives” menées par les services de renseignement russes. Moscou est par exemple accusée d’être derrière des centaines d’étoiles de David taguées en région parisienne fin octobre.

Portal Kombat”. C’est le nom donné à ce réseau par les autorités françaises. Ici, pas de Lord Raiden, mais des sites relayant des informations de réseaux sociaux russes et pro-russes ou encore d’agences de presse et sites officiels russes. “Les États-Unis pourraient évacuer secrètement Zelensky de Kiev” ou “la France appelle à des mesures radicales contre Zelensky” pouvait-on encore lire ces derniers jours à la Une d’un des sites ciblés par Viginum. Ce narratif sur la guerre en Ukraine vise entre autres à décrédibiliser l’action de l’UE et à influencer les prochaines élections européennes à l’approche du scrutin.

Juin 2024 en ligne de mire. La menace d’une ingérence étrangère, et plus particulièrement russe, est prise très au sérieux par les institutions de l’Union et ce depuis plusieurs années. Tout particulièrement par le Parlement européen qui, dès 2020, a mis en place une commission spéciale consacrée à ce sujet (INGE2), présidée par l’eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann. Selon son rapport, “l’ingérence étrangère, la désinformation et les attaques contre la démocratie sont susceptibles de s’aggraver et de devenir de plus en plus sophistiquées à l’approche des élections européennes en juin 2024”. La Russie est déjà soupçonnée d’avoir tenté d’influencer le référendum sur le Brexit en 2016 ainsi que les dernières élections américaine et française. Le Kremlin n’en serait donc pas à son coup d’essai.

Dans le reste de l’actu en France

La saison des meetings politiques est lancée. Après le Rassemblement national dimanche dernier, c’est au tour de Valérie Hayer d’inaugurer la campagne de Renaissance ce samedi 9 mars à Lille. Marion Maréchal, cheffe de file de Reconquête, l’imitera dimanche au Dôme de Paris. Le samedi suivant (16 mars), La France insoumise se réunira à Villepinte avec la Convention de l’Union populaire. Quant aux Républicains, le grand raout de début de campagne est prévu le samedi 23 mars aux Docks de Paris.

Marine Le Pen aurait interdit aux députés du Rassemblement national de se présenter sur la liste du parti pour les élections européennes, rapporte Contexte. Une règle qui s’applique aux 88 représentants du RN à l’Assemblée nationale, sauf… à elle-même. Elle a annoncé qu’elle sera la dernière candidate de la liste menée par Jordan Bardella. Une position inéligible (80e), mais symbolique.

Après “Elyze” en 2022, voici désormais “Adeno”. Créée par des étudiants, cette nouvelle application entend inciter la génération Z à voter lors des élections européennes. L’enjeu est de taille : en 2019, 42 % des jeunes européens de moins de 25 ans avaient pris part au scrutin européen, contre 50,6 % pour l’ensemble des électeurs de l’Union. Pour tenter de découvrir avec quel parti leurs idées “matchent”, les utilisateurs doivent répondre à toute une série de questions sur les grands sujets européens. L’application dispose également d’une rubrique “Découvre l’Europe”, qui permet d’apprendre les fondamentaux sur les institutions et le fonctionnement de l’UE, réalisée en partenariat avec Toute l’Europe. 

L'essentiel en Europe

Les socialistes européens tiennent leur Spitzenkandidat

Investiture. On vous en parlait dès lundi dans notre revue de presse, c’est officiel : la famille socialiste européenne tient son Spitzenkandidat. Réunies le week-end dernier en congrès à Rome, les formations politiques nationales membres du Parti socialiste européen (PSE) ont adopté leur manifeste en vue du scrutin de juin en même temps qu’elles ont désigné leur candidat commun à l’échelle européenne. Sans grande surprise - puisqu’il était le seul candidat en lice - c’est Nicolas Schmit, commissaire européen à l’Emploi et aux droits sociaux depuis 2019, qui a été investi par les siens.

Spécialiste. Peu connu du grand public, le Luxembourgeois de 70 ans n’en demeure pas moins un fin connaisseur des dossiers européens, en particulier liés au monde du travail. Ces cinq dernières années, il a notamment œuvré aux mécanismes de soutien au marché du travail lors de la pandémie, puis a contribué à l’intégration des réfugiés ukrainiens dans leurs pays d’accueil à la suite de l’invasion en Ukraine. Il a également porté la directive sur les travailleurs indépendants des plateformes telles qu’Uber ou Deliveroo. Un dossier sensible qui n’a pas encore abouti.

Objectif “top job”. Pour le PSE, Nicolas Schmit apparaît donc comme l’incarnation logique d’un programme qui se veut davantage tourné vers “l’Europe sociale”. Même si du côté des socialistes, on ne se fait que peu d’illusions. Les sociaux-démocrates devraient rester la deuxième force politique du Parlement européen à l’issue du scrutin, et la présidence de la Commission européenne devrait de nouveau échoir à la Spitzenkandidatin du Parti populaire européen (PPE), en l’occurrence Ursula von der Leyen (lire plus bas). Mais les “top job” à Bruxelles ne manquent pas. En laissant la voie libre à l’Allemande, le PSE compte récupérer des portefeuilles importants de commissaires européens, voire la présidence du Conseil européen après le départ de Charles Michel. Tout le défi de Nicolas Schmit est désormais de rendre la famille socialiste incontournable dans ces tractations sur la répartition des postes qui s’ouvriront au lendemain des élections.

Dans le reste de l’actu en Europe

Jour de scrutin ce dimanche 10 mars au Portugal. Des élections législatives anticipées ont été convoquées à la suite d’un scandale de corruption ayant épinglé le gouvernement socialiste d’António Costa, en novembre dernier. Dans les sondages, le Parti socialiste (S&D) et l’Alliance démocratique (PPE) sont au coude-à-coude. Aucun des deux grands partis ne semble en mesure d’obtenir une majorité absolue au Parlement. C’est là que pourraient entrer en jeu les nationalistes de Chega (ID). Donnés en troisième position dans les sondages, ils espèrent jouer les faiseurs de roi.

L’actuelle commissaire européenne aux Transports sera candidate aux élections européennes en Roumanie. Dans une interview accordée à la chaine Antena 3 CNN, Adina Vălean a confirmé sa participation au scrutin en juin prochain. Membre du Parti national libéral (PPE), elle figurera sur une liste commune avec le Parti social-démocrate (S&D) du Premier ministre Marcel Ciolacu. Députée européenne depuis l’adhésion de son pays à l’UE en 2007, Adina Vălean est devenue commissaire en 2019.

On reste à Bucarest, puisque la capitale roumaine accueille à partir d’aujourd’hui le congrès du Parti populaire européen (PPE). A l’instar des socialistes le week-end dernier, les partis de droite du Vieux continent auront pour mission de désigner leur Spitzenkandidat pour le scrutin de juin prochain. Un rôle qui ne devrait pas échapper à Ursula von der Leyen. Malgré le refus des Républicains de la soutenir, l’actuelle présidente de la Commission européenne sera, sauf catastrophe, désignée candidate à sa propre succession ce jeudi.

Pour lancer sa campagne aux élections européennes en Italie, l’ancien Premier ministre Matteo Renzi choisit… Londres. Le leader du parti centriste Italia Viva (Renew Europe) use de la symbolique pour justifier son choix étonnant. “En quittant l’Europe, les Britanniques sont encore plus mal lotis qu’avant. Les chiffres le disent. C’est pourquoi nous commençons par là”. Présent dans les cinq circonscriptions du pays, le parti de Matteo Renzi entend “mettre son grain de sel” dans l’élection. Pour espérer remporter des sièges, la liste devra dépasser la barre les 4 %, le seuil électoral en Italie.

Les sondages en France
Sondages 2 - 6/03/2024

Deux nouveaux sondages publiés ces derniers jours : l’un de BVA pour RTL dévoilé mercredi dernier, l’autre de l’Ifop pour le Journal du Dimanche. Les deux testent pour la première fois Valérie Hayer comme tête de liste officielle de la majorité présidentielle. L’eurodéputée est créditée respectivement de 18 et 19 % d’intentions de vote. Une tendance similaire aux précédents sondages qui testaient Clément Beaune, Olivier Véran ou Stéphane Séjourné comme chef de file de Renaissance.

Le Rassemblement national continue de faire la course en tête, avec 30 % d’intentions de vote selon BVA, 29 % selon l’Ifop. Le Parti socialiste conforte sa troisième position (11 % et 9 %), devant Les Républicains (8 % pour les deux sondages), La France insoumise et Les Ecologistes (tous les deux donnés à 7 % par BVA et 8 % par l’Ifop). Enfin, avec 6 % d’intentions de vote dans les deux études d’opinion, Reconquête poursuit sa chute et se rapproche du seuil des 5 %, score minimal à atteindre permettant d’envoyer des représentants au Parlement européen.

Le chiffre de la semaine

34,7 ans

C’est l’âge moyen des huit principales têtes de listes françaises (actuellement en tête dans les sondages et qui comptent au moins un eurodéputé dans leurs rangs). Une moyenne qui n’a jamais été aussi basse, comme le révèle Ouest-France. Il y a cinq ans, cet âge moyen s’élevait à 38,7 ans, contre 53,7 ans en 2014.

La palme du plus jeune candidat parmi les principales têtes de liste revient au communiste Léon Deffontaines, qui soufflera bientôt sa 28e bougie. Il devance de quelques mois le président du Rassemblement national Jordan Bardella (28 ans déjà). A l’âge de 44 ans, Raphaël Glucksmann fera figure de “doyen” des principaux prétendants. A titre de comparaison, l’âge médian de la population européenne s’établit à 44,5 ans, d’après Eurostat.

Quiz Newsletter Elections européennes -  Les Etats membres de l'Union européenne

Testez vos connaissances sur l’Union européenne avec nos quiz ! Cette semaine, on vous propose de retrouver les pays membres de l’UE. Et si vous en voulez encore, découvrez tous nos quiz.

En musique

Qui a dit que techno et Union européenne ne faisaient pas bon ménage ? Pour terminer cette newsletter en musique, on vous emmène à la découverte de Joost, candidat néerlandais à l’Eurovision, et son morceau “Europapa”. En seulement cinq jours, cette déclaration d’amour à l’Europe et la coupe mulet du chanteur ont déjà été vues plus de 6 millions de fois sur YouTube.

Joost Klein - Europapa

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