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La démission d’António Costa plonge le Portugal dans l’incertitude

Au lendemain de la démission du chef du gouvernement visé par une enquête pour corruption, la presse au Portugal et ailleurs en Europe revient longuement sur le parcours d’António Costa en poste depuis 2015. A Lisbonne, le doute plane sur le nom de son successeur.

Le nom d’António Costa circulait pour prendre la tête du Conseil européen à l’issue du mandat de Charles Michel en 2024
Le nom d’António Costa circulait pour prendre la tête du Conseil européen à l’issue du mandat de Charles Michel en 2024 - Crédits : Conseil européen

Fin de cycle” : ces quelques mots s’affichent ce matin en une du quotidien Jornal de Notícias. “Après 2 902 jours comme Premier ministre, [António] Costa a démissionné”, titre de son côté Expresso. Au pouvoir depuis 2015, le chef du gouvernement portugais a présenté sa démission au président de la République mardi 7 novembre, “poussé vers la sortie par les scandales et les juges” [France Inter].

Pour les Portugais, c’est un véritable choc”, rapporte France Inter. Politico rappelle en effet qu’António Costa a “dominé le paysage politique [national] depuis son arrivée au pouvoir en 2015″. “Cette démission est aussi un coup dur pour la gauche européenne tout entière”, insiste France Inter, affirmant que “les socialistes ou socio-démocrates de tout le continent sont à la dérive”.

Fin de carrière

A la tête du Parti socialiste (PS), António Costa était confortablement installé à la tête de l’exécutif portugais. En janvier 2022, il avait été “réélu haut la main pour un troisième mandat […] avec une majorité absolue pour son parti : les socialistes. Une rareté en Europe”, affirme France Inter. “Ce départ abrupt marque la fin de sa carrière politique et coupe court à ses projets de briguer la présidence du Conseil européen, alors qu’il semblait bien placé pour prendre la succession de Charles Michel”, notent Les Echos.

Mais comme le relate Politico, son mandat “a été brusquement interrompu après que la police a perquisitionné sa résidence officielle et plusieurs ministères dans le cadre d’une enquête sur la corruption entourant des projets d’extraction de lithium et un mégaprojet de production d’hydrogène vert”. Plusieurs membres du gouvernement sont suspectés de “corruption, malversations et trafic d’influence” selon le bureau du procureur de la République. Une enquête de la Cour suprême a par ailleurs été ouverte à l’encontre d’António Costa, “afin d’éclairer son rôle personnel dans l’attribution” de ces marchés [Les Echos].

Depuis qu’il a été élu secrétaire général du parti socialiste, António Costa s’est efforcé de maintenir une barrière sanitaire entre la politique et la justice […]. Aujourd’hui, il se retrouve pris dans ses propres barbelés avec une démission imposée par un communiqué de presse du bureau du procureur général”, avance Público.

Une analyse que semble partager l’ancien chef du gouvernement lui-même, dont les propos sont cités par le Jornal de Notícias : “Comme toujours, j’ai une confiance totale dans la justice et dans son fonctionnement […].Toutefois, j’estime que la dignité de la fonction […] n’est pas compatible avec un quelconque soupçon d’intégrité, de bonne conduite et, encore moins, avec le soupçon d’un quelconque acte criminel”, a-t-il déclaré.

Vers de nouvelles élections ?

Désormais, les cartes sont entre les mains du président de la République Marcelo Rebelo de Sousa, surnommé “Marcelo” par la presse lusitanienne. Plusieurs options sont évoquées.

Pour Público, “Marcelo ouvre la voie à des élections anticipées”. Le journal explique que “le Président de la République a convoqué un Conseil d’Etat [jeudi 9 novembre] et auditionnera les partis [mercredi 8 novembre] sur la base des articles constitutionnels relatifs à la dissolution de l’Assemblée de la République. Des élections pourraient avoir lieu en janvier”.

Le chef de l’Etat dispose d’une seconde option : nommer un nouveau Premier ministre socialiste. Dans cette hypothèse, “deux noms circulent comme favoris [d’António] Costa pour lui succéder : soit Augusto Santos Silva, président de l’Assemblée de la République, soit Mário Centeno, gouverneur de la Banque du Portugal [et ancien président de l’Eurogroupe]”, fait savoir le Diário de Notícias

Qu’il soit socialiste ou non, le prochain Premier ministre ne manquera pas d’être comparé à son prédécesseur, notamment sur la scène européenne. “Au bout de huit ans à la tête du gouvernement, António Costa quitte ses fonctions sur un bilan économique positif : le pays affiche un excédent budgétaire. Il est passé de maillon faible de l’euro à champion de la discipline fiscale”, retracent Les Echos. “Marcelo” devrait livrer un premier élément de réponse jeudi 9 novembre lors d’une allocution aux Portugais [Jornal de Notícias].

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