Alors que le Kremlin espérait la terminer en seulement quelques jours, la guerre en Ukraine dure maintenant depuis près d’un an.
Des lourdes sanctions prises à l’encontre de la Russie à la candidature de la Suède et de la Finlande à l’Otan en passant par celle de l’Ukraine à l’UE, les événements ont eu un impact conséquent sur l’avenir du continent européen.
21 février : reconnaissance de l’indépendance des territoires séparatistes de Donetsk et de Louhansk par la Russie
Des prémices à la guerre qui ont, rétrospectivement, un sens certain : celui du non-respect du droit international. Moscou reconnaît l’indépendance de deux territoires sécessionnistes pro-russes, la “République populaire de Donetsk” et la “République populaire de Lougansk”, nées en réaction au mouvement ukrainien et pro-européen Euromaïdan en 2014.
Face à cette violation flagrante de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les Vingt-Sept réagissent en urgence en adoptant des sanctions contre la Russie. Les mesures européennes entrent en vigueur dès le 23 février. Celles-ci visent notamment les banques qui ont participé au financement des opérations militaires russes dans le Donbass et de nombreuses personnalités politiques de Russie, à l’instar des députés de la Douma. L’Allemagne suspend également l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2.
24 février : invasion russe de l’Ukraine
Les Américains la déclaraient imminente mais les Vingt-Sept et l’Ukraine l’affirmaient peu probable. Pourtant, l’invasion du pays par la Russie a bien eu lieu, avec pour objectifs officiels de cette “opération militaire spéciale” la “démilitarisation” et la “dénazification” de l’Etat ukrainien. Celui-ci apparaît alors en bien mauvaise posture face à la deuxième armée du monde.
Les militaires russes se trouvent rapidement près de Kiev et frappent l’Ukraine dans son ensemble, entraînant dès le début l’exil de plusieurs centaines de milliers de personnes. Mais la motivation de l’armée ukrainienne, son expérience acquise dans le Donbass depuis 2014, ainsi que les livraisons d’armes de ses alliés, lui ont permis de tenir tête à la Russie jusqu’à aujourd’hui.
25 février : premier paquet de sanctions européennes post-invasion contre la Russie
Dès le 24 février au soir, les Occidentaux s’entendent sur de nouvelles sanctions à l’égard de Moscou. Des mesures restrictives qui sont formellement adoptées le lendemain. Elles visent notamment les secteurs financier, de l’énergie et des transports afin d’affaiblir la Russie dans sa capacité à mener la guerre.
Plusieurs personnalités russes sont aussi sanctionnées, dont pour la première fois le président Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Des individus et entités de Biélorussie, d’où l’invasion a en partie été lancée, sont aussi ciblés.
Sept autres trains de sanctions ont depuis été adoptés par l’Union européenne, avec des mesures ayant progressivement gagné en intensité. Celles-ci imposent notamment de lourdes restrictions commerciales à la Russie. Comme sur l’énergie, dont le commerce est essentiel à l’économie russe, avec entre autres des embargos sur le pétrole et le charbon.
16 mars : exclusion de la Russie du Conseil de l’Europe
L’organisation de défense de la démocratie et des droits humains, créée en 1949 et qui compte alors 47 Etats membres, décide d’exclure de ses rangs la Russie. Une décision qui illustre l’isolement diplomatique dans lequel s’est plongé le pays en envahissant l’Ukraine.
1er avril : découverte du massacre de Boutcha
Dans cette localité de la banlieue de Kiev reprise par les Ukrainiens, la communauté internationale découvre avec effroi la violence inouïe infligée par l’armée russe aux populations civiles. Les cadavres d’au moins 458 personnes ont été retrouvés dans la ville, dont certains avaient les mains attachées dans le dos. Des exactions loin d’être isolées en Ukraine, où la Cour pénale internationale (CPI) avait déjà lancé une enquête pour crimes de guerre début mars.
18 mai : dépôt des candidatures de la Suède et de la Finlande à l’Otan
Signe du bouleversement géopolitique que représente le conflit russo-ukrainien, Stockholm et Helsinki sortent de leur neutralité historique et demandent simultanément à rejoindre l’Alliance atlantique. Si leurs candidatures sont acceptées dès le mois de juin par l’organisation, leurs adhésions doivent maintenant être ratifiées par l’ensemble de ses 30 Etats membres.
Obstacle majeur pour les deux pays : la Turquie. Celle-ci a conditionné sa ratification à une coopération de la Suède et de la Finlande dans la lutte contre les Kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et bloque pour l’heure leur intégration à l’Otan. La Hongrie, qui cherche à maintenir de bonnes relations avec Moscou malgré son appartenance à l’UE, est le seul autre pays de l’Alliance atlantique à ne pas avoir ratifié les adhésions suédoise et finlandaise.
23 juin : l’Ukraine et la Moldavie candidates à l’UE
Poussée par les circonstances à accélérer son rapprochement avec l’UE, l’Ukraine dépose sa candidature à l’adhésion le 28 février, seulement quatre jours après l’invasion russe. Elle est suivie le 4 mars par la Moldavie et la Géorgie.
En temps record, la Commission européenne rend ensuite son avis en juin, positif pour l’Ukraine et la Moldavie, négatif pour la Géorgie. Avec une rapidité tout aussi inhabituelle en matière d’élargissement, les Vingt-Sept réunis en Conseil européen décident de suivre cet avis.
30 septembre : annexion des oblasts de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia par la Russie
Après l’annonce le 21 septembre d’une mobilisation partielle en Russie, notamment destinée à contenir la contre-offensive menée depuis la fin de l’été par les Ukrainiens, Vladimir Poutine déclare l’annexion à la Russie des quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine où il a recentré ses objectifs de guerre dès le mois d’avril.
Une décision que le chef d’Etat légitime par des pseudo-référendums d’autodétermination, organisés au mépris des règles démocratiques les plus élémentaires. L’annexion paraît d’autant plus incongrue que l’armée russe ne contrôle pas la totalité des territoires revendiqués. Mais Moscou atteint ainsi un nouveau palier dans la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ce qui lui vaudra notamment un nouveau paquet de sanctions de la part de l’UE, qui accroît encore sa rupture avec la Russie et l’isole davantage.
A peine plus d’un mois plus tard, le 11 novembre, les Ukrainiens reprennent Kherson. Un événement qui a été décrit comme un potentiel tournant de la guerre. La ville de près de 300 000 habitants, capitale d’un des quatre oblasts déclarés russes par l’occupant, constitue en tout cas un succès évident de la contre-offensive ukrainienne.
15 novembre : explosions en Pologne / lancement d’une mission militaire européenne de formation des soldats ukrainiens
Dans la nuit du 15 au 16 novembre, des explosions à Przewodów, un village polonais près de la frontière ukrainienne, provoque la mort de deux personnes. Une possible frappe russe est très vite soupçonnée, faisant craindre une extension du conflit à l’Otan, dont la Pologne est membre. Réunis en urgence, les membres de l’organisation optent pour la prudence et se gardent de toute conclusion hâtive. Finalement, l’hypothèse privilégiée par les Alliés est que les explosions sont dues à des missiles de la défense antiaérienne ukrainienne, tombés par erreur sur le territoire polonais.
Le 15 novembre également, l’Union européenne lance une mission de deux ans ayant pour but la formation de 15 000 militaires ukrainiens. Un soutien qui s’ajoute aux plusieurs milliards d’euros d’envoi d’armes et de matériel militaire – pour un total de 3,6 milliards d’euros en février 2023 – financés au niveau européen, en plus des contributions des Etats membres.
25 janvier : l’Allemagne décide de livrer des chars lourds à l’Ukraine
Alors que la pression s’accentuait sur Berlin, le chancelier Olaf Scholz annonce la livraison de 14 chars de combat Leopard 2 à l’Ukraine. Ces mêmes blindés détenus par d’autres pays européens - à l’instar de la Pologne, de la Norvège ou encore de l’Espagne - peuvent aussi être livrés à Kiev, fait savoir le gouvernement allemand. De quoi fournir un apport technologique et matériel conséquent à l’armée ukrainienne, qui pourrait compter jusqu’à deux bataillons de quarante chars Leopard. D’autant que les Etats-Unis ont de leur côté annoncé la livraison de 31 chars Abrams.
En visite à Londres, Paris et Bruxelles les 8 et 9 février dernier, Volodymyr Zelensky n’hésite pas à demander davantage à ses alliés. Après les chars de combat, il plaide aussitôt pour l’envoi d’avions de chasse.