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Histoire de l’Union européenne

Des origines au traité de Lisbonne en passant par la Communauté économique européenne et l’euro : l’essentiel sur l’Histoire de l’Union européenne.

Histoire de l'Union européenne

Née de la déclaration Schuman, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) réunit en 1951 l’Allemagne de l’Ouest (RFA), l’Italie, la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. En mettant en commun leur production de charbon et d’acier, la France et l’Allemagne substituent la solidarité d’intérêts à la rivalité et à la rancœur, cinq ans seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Autre innovation : cette organisation opte pour un mode de gestion supranational, qui rompt avec les expériences intergouvernementales menées jusqu’alors.

A la suite de la pénurie énergétique provoquée en 1956 par la crise de Suez, Jean Monnet, alors président du Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe, estime que les Européens doivent s’unir au sein d’une communauté atomique qui les conduira vers l’autosuffisance énergétique. De leur côté, les partenaires de la France sont plutôt favorables à la création d’un marché commun. Afin de concilier tous les intérêts, deux traités distincts sont signés à Rome en 1957, l’un portant sur la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom), l’autre instituant la Communauté économique européenne (CEE).

1957 - 1973 : les premières avancées de la CEE

A la suite de la conférence de Stresa de 1958 et à la demande de la France, le Néerlandais Sicco Mansholt est chargé de réfléchir à la mise en place d’une politique agricole commune. Celle-ci voit le jour en 1962 au terme de longues négociations. Elle entraînera une modernisation rapide de l’agriculture européenne, tout en provoquant des remous au sein de la Communauté, notamment par son poids croissant dans le budget.

Avec la fusion en 1965 de la Haute Autorité de la CECA, de la Commission de la CEE et de la Commission Euratom, la Commission des Communautés européennes jouit de pouvoirs étendus. La même année, celle-ci propose, à travers une réforme du financement de la PAC, la création d’un budget propre et mieux contrôlé par le Parlement européen. Parallèlement, le Conseil se prépare à prendre ses décisions à la majorité et non plus à l’unanimité à partir de 1966.

Redoutant une dérive fédérale, la France du général de Gaulle condamne cette orientation et boycotte les institutions communautaires pendant sept mois. Cette “crise de la chaise vide” prend fin avec le “compromis de Luxembourg” du 29 janvier 1966, qui permet à chaque pays membre de s’opposer à une décision communautaire prise à la majorité s’il estime que ses intérêts nationaux sont gravement menacés.

Succès du Marché commun, les droits de douane qui continuaient à être perçus lors des échanges entre les Six sont éliminés 18 mois avant la date prévue par le traité de Rome, le 1er janvier 1968. Un tarif douanier commun est introduit en remplacement des droits de douane nationaux pour les échanges avec le reste du monde.

A la fin des années 1960, les Etats membres sont frappés par des désordres monétaires internationaux qui nuisent au fonctionnement du Marché commun. Les Six conviennent alors d’un plan par étapes (le plan Werner) en vue de la création d’une union économique et monétaire européenne. En 1972 naît ainsi le serpent monétaire européen, ancêtre de l’euro. Il sera remplacé en 1978 par le système monétaire européen (SME).

Enfin, le premier élargissement des Communautés a lieu en 1973 : après deux refus de la France, le Royaume-Uni est officiellement admis en compagnie de l’Irlande et du Danemark.

1974 - 1984 : du Conseil européen au rabais britannique

En 1974, sur fond de crise énergétique, le sommet de Paris institue, en marge des traités communautaires, le Conseil européen : désormais, les dirigeants européens se rencontreront au moins trois fois par an pour déterminer ensemble les grandes orientations politiques.

Le principe de l’élection du Parlement européen au suffrage universel est également adopté la même année : un changement concrétisé lors des élections européennes de 1979.

En 1974, la chute du régime des colonels rapproche la Grèce de l’Europe occidentale. Le pays dépose sa candidature en 1975, mais doit rattraper son retard économique avant de devenir, en 1981, le dixième membre des Communautés européennes. Il sera suivi en 1986 par l’Espagne et le Portugal, eux aussi sortis d’une longue période de dictature.

Alors que le budget communautaire fait l’objet de nouvelles négociations, la Première ministre britannique Margaret Thatcher estime que son pays contribue trop à un budget dominé par la PAC (elle prononce son fameux “I want my money back !”). Un compromis est finalement trouvé à Fontainebleau en 1984 : le financement de la PAC est réduit et le Royaume-Uni voit une partie de sa contribution remboursée par ses partenaires.

1985-1992 : de Schengen à Maastricht 

Mis en place en 1968, le Marché commun met progressivement fin aux contrôles des marchandises aux frontières des pays membres. Mais les contrôles douaniers demeurent pour les personnes. Au début des années 1980, les pays du Benelux, entre lesquels les déplacements sont déjà libres, proposent à la France et à l’Allemagne de mettre en place graduellement un espace de libre circulation des personnes. L’accord entre les cinq pays est conclu le 14 juin 1985 dans la petite ville luxembourgeoise de Schengen. Il sera par la suite intégré aux traités communautaires et étendu aux autres Etats membres.

Tout juste nommé président de la Commission européenne, Jacques Delors présente la même année 310 mesures destinées à achever le “Marché unique”. Malgré l’ouverture des frontières, de nombreux obstacles administratifs et réglementaires freinent en effet la libre circulation des marchandises et entravent la croissance économique en Europe. Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur du traité de Rome, les Douze décident alors de le réviser.

Avec l’Acte unique de 1986, le fonctionnement des institutions est modifié : le vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’UE est généralisé pour toutes les questions touchant au marché intérieur et le Parlement européen voit son rôle renforcé. L’année suivante, le programme de mobilité Erasmus est lancé.

En 1989, la chute du Mur de Berlin bouleverse l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale. La partie est-allemande intègre la communauté au sein de l’Allemagne réunifiée. Par ailleurs, les Etats membres des communautés réagissent à la nouvelle donne en affirmant la dimension politique du projet européen : en 1992, le traité de Maastricht crée l’Union européenne et pose les bases d’une monnaie unique. Il institue également une citoyenneté européenne ainsi qu’une politique extérieure et de sécurité commune (PESC).

1995 - 2009 : nouveaux élargissements, nouveaux traités 

Après un nouvel élargissement à l’Autriche, à la Suède et à la Finlande en 1995 (les Suisses et les Norvégiens rejettent cette adhésion), le traité d’Amsterdam de 1997 instaure un poste de Haut-représentant pour la PESC et intègre dans le champ communautaire les questions de visas, d’asile et d’immigration.

L’année suivante, le sommet franco-britannique de Saint-Malo donne une impulsion décisive à l’Europe de la défense, en convenant que l’UE “doit avoir une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles”. Elle permet la mise en place de structures politiques et militaires permanentes, la clarification des relations avec l’Otan et la définition de missions européennes spécifiques (aide humanitaire, gestion de crises, rétablissement de la paix).

Dans le même temps, l’Union choisit de préparer le plus grand élargissement de son histoire afin d’intégrer les nouvelles démocraties d’Europe centrale et orientale après la chute de l’URSS. Le traité de Nice de 2001 réforme le système institutionnel à cet effet. 10 nouveaux pays adhèrent à l’UE en 2004, suivis par deux autres en 2007. Le dernier pays à entrer dans l’UE est la Croatie en 2013.

Les dix années qui suivent le traité de Maastricht voient aussi les douze Etats membres de l’Union économique et monétaire adapter leurs économies en vue de l’arrivée de l’euro. Celui-ci est officiellement adopté comme unité de compte en 1999, et mis en place pour les consommateurs le 1er janvier 2002.

De l’avis général, le traité de Nice est insuffisant pour encadrer une Europe à 25 ou plus. Une nouvelle réforme institutionnelle s’impose. A l’instar des traités précédents, le traité établissant une Constitution pour l’Europe doit être ratifié par tous les Etats membres pour entrer en vigueur. Mais au printemps 2005, les citoyens français et néerlandais se prononcent par référendum contre ce texte.

L’Europe s’enlise alors dans une crise institutionnelle majeure, qui ne prend fin qu’avec la signature du traité de Lisbonne, entré en vigueur en 2009. Celui-ci apporte de nombreuses modifications au fonctionnement de l’UE, notamment l’élection d’un président du Conseil européen pour deux ans et demi et l’extension des pouvoirs du Parlement européen, co-législateur avec le Conseil dans la plupart des domaines.

De 2009 à nos jours : l’ère des crises ? 

En 2008, l’Europe est touchée de plein fouet par la crise économique et financière mondiale. La dette publique des Etats membres explose, à tel point que certains pays (Grèce, Irlande, Portugal, Italie, Chypre) menacent directement la survie de la zone euro. L’Union européenne leur vient en aide via de nouveaux instruments, en contrepartie de réformes et d’une plus grande surveillance de leurs dépenses publiques.

L’économie repart peu à peu en 2015, si bien qu’en 2017 tous les pays renouent avec la croissance, mais dans certains d’entre eux le chômage et la dette publique restent alors préoccupants. Dans le même temps, de nouvelles difficultés apparaissent ou se font plus visibles : réchauffement climatique, terrorisme djihadiste depuis la création de l’Etat islamique en 2006, crise ukrainienne et tensions avec la Russie depuis 2013, crise migratoire entre 2015 et 2017, Brexit, progression des populismes eurosceptiques et d’extrême droite dans plusieurs Etats membres, tensions avec les Etats-Unis durant le mandat de Donald Trump, conflit institutionnel entre l’Union européenne, la Hongrie et la Pologne sur la question de l’état de droit… Autant de nouveaux défis pour l’avenir de l’Europe.

Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni quitte finalement l’Union européenne, après trois reports. A l’issue de longues négociations, un accord commercial est conclu le 24 décembre 2020 entre Bruxelles et Londres, initiant une nouvelle ère dans les relations entre l’UE et le Royaume-Uni.

Cette même année, la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19 frappe l’Europe de plein fouet. Pour y faire face, les Etats membres décident, en juillet 2020, de mettre en place un plan de relance inédit de 750 milliards d’euros sur la base d’un endettement commun. 

En 2022, la guerre fait un retour fracassant sur le continent européen avec l’offensive lancée par la Russie contre l’Ukraine le 24 février. Dans ce contexte géopolitique, l’Union européenne s’affiche unie dans le soutien à Kiev et dans la prise de sanctions à l’encontre de Moscou. Elle finance notamment l’achat d’armes pour aider les Ukrainiens dans le conflit, et met une place des mesures pour accueillir en urgence les réfugiés ukrainiens.

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1 commentaire

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    Khadraoui

    Un article remarquablement bien détaillé, des dates précises et des explications limpides : je n’arrivent pas à croire qu’en 2015, année qui me paraît toute récente, l’Europe était encore à discuter de textes fondamentaux !