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Biographie de Jean Monnet, père fondateur de l’Union européenne

Jean Monnet (1888 - 1979) est l’un des pères fondateurs de la Communauté européenne.

Jean Monnet
Crédits : Union européenne

Jean Monnet naît le 9 novembre 1888 à Cognac en France, où il fait des études brèves (Institut Jean-Monnet). Il commence sa carrière dans l’entreprise familiale de négoce en cognac, pour laquelle il s’installe à Londres, effectue de nombreux voyages en Amérique du Nord et acquiert notamment des compétences en affrètement maritime.

1914-1922 : de la coordination des ressources de guerre franco-britanniques à la Société des Nations

De 1914 à 1918, il propose au président français du Conseil (l’équivalent du Premier ministre sous la IVe République) de coordonner les ressources de guerre franco-britanniques. La réussite de ce plan de fusion, son solide réseau de relations et son expérience du domaine économique lui permettent d’accéder au poste de Secrétaire général adjoint de la Société des Nations, créée en 1919 et qu’il quitte en 1922.

Ses nouvelles activités, à nouveau orientées vers les affaires et la finance internationales, le mènent dans les pays de l’Est, aux Etats-Unis et en Chine jusqu’à l’approche de la Seconde Guerre mondiale.

1939 : le projet d’Union franco-britannique

Revenu en France en 1939 en pleine débâcle, il soumet au gouvernement français un projet d’Union franco-britannique. La proposition, qui prévoit ni plus ni moins la fusion des deux pays pendant la durée de la guerre, finit par convaincre Winston Churchill, Charles de Gaulle et le président du Conseil de l’époque, Paul Reynaud, devant la défaite inéluctable qui se profile en France. Elle est finalement abandonnée le 16 juin 1940 avec la prise de pouvoir du maréchal Pétain.

1945-1950 : du plan de modernisation de la France au projet CECA

Trois ans plus tard, Jean Monnet est chargé du premier Plan français de modernisation et d’équipement.

Alors que l’Allemagne se reconstruit plus rapidement que la France, il imagine, en 1950, de souder les destins des deux pays par une mise en commun des productions de charbon et d’acier, matières premières de l’industrie de guerre. Il élabore le projet de Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) dans sa maison d’Houjarray, dans les Yvelines.

1950-1957 : de la CECA au Traité de Rome

Son idée de mise en commun des productions de charbon et d’acier, soumise au ministre des Affaires étrangères Robert Schuman, est rendue publique le 9 mai 1950.

Sa déclaration représente l’acte de naissance de la CECA. Robert Schuman y indique que “l’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait”.

Cette union de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et de la France, est officialisée par le Traité de Paris signé le 18 avril 1951. La suppression des droits de douane et des restrictions à la circulation de ces matières premières prend effet le 23 juillet 1952.

Jean Monnet devient le président de la CECA de 1952 à 1955. Mais, après l’échec du plan de Communauté européenne de défense (CED) en 1954, il démissionne de la Haute Autorité et crée le Comité d’Action pour les Etats-Unis d’Europe. Ce mouvement, qui rassemble syndicats et politiques des six pays, milite pour une fédération européenne plus ambitieuse dans sa dimension politique.

En 1957, à l’origine du projet de coopération nucléaire Euratom, il participe étroitement aux négociations de préparation du traité de Rome, signé le 25 mars, et au projet d’élargissement de la Communauté au Royaume-Uni.

L’année 1975 marque sa retraite politique : Jean Monnet dissout son Comité et rédige ses mémoires.

Il meurt dans sa maison d’Houjarray le 16 mars 1979. Ses cendres reposent aujourd’hui au Panthéon.

Une résolution des chefs d’Etats et de gouvernement, réunis en Conseil européen à Luxembourg le 2 avril 1976, a décerné à Jean Monnet le titre de “Citoyen d’honneur de l’Europe”.

Propos choisis

Il n’y aura pas de paix en Europe si les Etats se reconstituent sur une base de souveraineté nationale, avec ce que cela entraîne de politique de prestige et de protection économique (…) Les pays d’Europe sont trop étroits pour assurer à leurs peuples la prospérité et les développements sociaux indispensables. Cela suppose que les Etats d’Europe se forment en une fédération ou en une entité européenne qui en fasse une unité économique commune.” Discours au Comité de Libération Nationale prononcé le 5 août 1943.

Les nations souveraines du passé ne sont plus le cadre où peuvent se résoudre les problèmes du présent. Et la Communauté elle-même n’est qu’une étape vers les formes d’organisation du monde de demain.” Mémoires, Fayard, Paris, 1976, p.617.

La grande révolution européenne de notre époque, la révolution qui vise à remplacer les rivalités nationales par une union de peuples dans la liberté et la diversité, la révolution qui veut permettre un nouvel épanouissement de notre civilisation, et une nouvelle renaissance, cette révolution a commencé avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier.

Continuez, continuez, il n’y a pas pour les peuples d’Europe d’autre avenir que dans l’union.”

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2 commentaires

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    DEFONTAINE PATRICK

    Le titre de l’article faisant de Jean Monnet le père de l’Union Européenne est inexact. Jean Monnet était un fédéraliste , acceptant avec pragmatisme des étapes intermédiaires, dont celui de “Communauté” instituée par le traité de Rome. L’Union européenne actuelle est bien plus fusuonnelle que la réunion d’états indépendants, et il n’est pas certain que les peuples adhèrent vraiment à ce système. En tout état de réalité politique , c’est Robert Schuman qui lança l’Europe. Patrick Defontaine, membre du parti fédéraliste européen

    • Avatar privé
      Jean-Marc Lieberherr

      On peut argumenter que “un des pères de l’Union Européenne” aurait été plus précis, car en effet c’est une oeuvre collective. En revanche, on ne peut nier que la CECA est sa création et que Robert Schuman, s’il en a été le porteur politique essentiel, talentueux et enthousiaste, n’en est pas l’instigateur. Pour ce qui est du fédéralisme, Monnet a toujours refusé d’être qualifié de fédéraliste car il ne se reconnaissait pas dans la méthode pronée et refusait les étiquettes. Ce qui lui importait, c’était toujours plus d’union et d’action collective, quelle que soit la forme finalement adoptée et même le nom donné à l’union. Que l’Union Européenne ne soit pas aujourd’hui à l’image de ce que Monnet envisageait, c’est sûr (notamment l’évolution des institutions et de leurs attributions), mais on peut sans doute dire que tout renforcement de l’Union dans le sens d’un partage des compétences et de la mutualisation des ressources dans des domaines clé relève directement de la logique qu’il a enclenchée.