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De l’électricité au chauffage, La Réunion mise sur les énergies renouvelables

Très dépendante de ses importations d’énergie, La Réunion veut développer la production locale d’électricité. Un défi auquel doit répondre en partie TwinSolar, un projet européen de recherche sur l’énergie solaire.

A La Réunion, environ 38 % de l'électricité est produite avec des énergies renouvelables
A La Réunion, environ 38 % de l’électricité est produite avec des énergies renouvelables - Crédits : Adam Sadlak / iStock

La Réunion n’a pas de pétrole, mais elle a du soleil. Isolé dans l’océan Indien, le territoire bénéficie d’un atout dans la course à la transition énergétique. La côte nord de l’île connaît ainsi 1 717 heures de soleil en moyenne chaque année. Soit 50 % de plus que l’ensoleillement parisien. Une aubaine pour la production d’énergie solaire, dont le développement fait partie des priorités au niveau local.

Or, les îles comme La Réunion sont confrontées à des défis techniques pour intégrer massivement les énergies renouvelables dans leur mix électrique. L’énergie solaire, intermittente, pose un problème à la stabilité du réseau. Lancé en septembre 2022, un projet européen entend répondre à cette question. Et poursuit deux objectifs principaux : renforcer la recherche sur l’énergie solaire et soutenir la transition énergétique à La Réunion.

Un projet sur l’énergie solaire

Nommée “TwinSolar”, cette initiative est coordonnée par le laboratoire PIMENT de l’université de La Réunion. Pour mener à bien ce projet, il s’est associé au plus grand centre européen de recherche sur l’énergie solaire, l’institut allemand Fraunhofer, ainsi qu’à l’université technique du Danemark (DTU). La Conférence des Régions périphériques maritimes (CRPM), une association européenne réunissant 150 territoires, et l’agence régionale de développement Nexa soutiennent le projet.

Nous souhaitons approfondir la recherche pour faire face aux défis techniques et permettre une intégration massive de l’énergie solaire dans le mix énergétique réunionnais”, explique Claire Helly, chargée de projet à la CRPM. A Terre-Sainte, au sud de l’île, le campus universitaire sert de site pilote. Les porteurs du projet veulent l’alimenter à 80 % en énergie solaire. “Il comporte des salles de cours, des laboratoires de recherche, des résidences Crous mais aussi un restaurant scolaire”, détaille Claire Helly. “Il y a donc énormément d’usages qui permettent de faire des tests sur un petit réseau afin de voir ce qui pourra être réalisable ensuite, à plus grande échelle”, poursuit-elle.

Les échanges entre chercheurs sont aussi au cœur de TwinSolar. 13 d’entre eux, issus de l’université de La Réunion, ont par exemple été accueillis l’été dernier à l’université technique du Danemark, une référence en matière d’énergies renouvelables. Deux jeunes élèves ingénieurs de l’université de La Réunion, Maxime et Iltrice, ont même obtenu un stage de quelques mois au Danemark, où ils ont par exemple étudié la durée de vie des panneaux solaires.

Des ateliers scientifiques sont par ailleurs organisés. La prochaine université d’été est prévue en novembre 2024 sur l’île, et le projet devrait s’achever par une conférence internationale à Bruxelles en août 2025. L’occasion de partager les résultats de TwinSolar avec le plus grand nombre. Côté financement, le projet est soutenu par le programme Horizon Europe de l’Union européenne, à hauteur de 1,48 million d’euros.

Le soleil déjà mobilisé

Plus généralement, La Réunion entend développer les énergies renouvelables. Parmi les grandes priorités de la Région, on retrouve l’éolien offshore, la géothermie et le solaire. Jean-Pierre Chabriat, conseiller régional en charge de la transition énergétique, cite par exemple la stratégie “Un toit solaire pour chaque Réunionnais”, lancée en 2022. “Il faut une unité de production d’énergie électrique en autoconsommation pour chaque foyer”, résume l’élu également chargé de l’enseignement supérieur. Ce plan, qui inclut des aides aux ménages, vise 4 000 installations photovoltaïques en 2024 puis jusqu’à 10 000 sur 20 ans.

L’ambition réunionnaise en la matière ne date pas d’hier. “Depuis une vingtaine d’années maintenant, une politique très volontariste a été mise en place afin d’équiper les habitants de chauffe-eau solaires thermiques pour l’eau chaude sanitaire”, souligne par exemple Jean-Pierre Chabriat. La Réunion compte aujourd’hui environ 200 000 de ces unités en individuel pour 870 000 habitants. “C’est une grande réussite, on a presque envie de dire qu’il y a un chauffe-eau solaire par foyer”, s’enthousiasme-t-il. Largement financées par la collectivité et le Fonds européen pour le développement régional (FEDER), ces installations permettent aussi d’économiser de l’électricité.

A la recherche de l’autonomie énergétique

En 2022, 38 % de l’électricité produite à La Réunion l’était à partir d’énergies renouvelables, surtout grâce aux barrages hydroélectriques. Reste que plus de 60 % de son électricité provenait des énergies fossiles polluantes, pétrole et charbon en tête. La situation est paradoxale, lorsqu’on sait que l’île a connu un mix électrique à 100 % de renouvelables dans la seconde moitié du XXe siècle. En cause, la croissance de la population et l’évolution des usages qui ont engendré une hausse de la consommation d’énergies fossiles.

La barre reste haute avant d’atteindre l’autonomie énergétique de l’île, un objectif mentionné dans la loi. “Nous sommes très dépendants des importations d’énergies”, relève le conseiller régional. “Néanmoins, politiquement, je ne lâche pas ce fil rouge parce qu’il vaut mieux avoir un objectif très fort et assouplir le chemin plutôt que de ne pas savoir où nous allons”, ajoute-t-il.

L’université de La Réunion participe à ce mouvement en fournissant des données précieuses pour la transition énergétique de l’île. Si la recherche réunionnaise s’est historiquement spécialisée sur les questions de biodiversité, deux laboratoires, dont PIMENT, travaillent aujourd’hui sur l’énergie. L’étude des conséquences du changement climatique sur le bâti tropical fait aussi partie des points forts des équipes réunionnaises. Le projet TwinSolar vise d’ailleurs à accroître la visibilité de l’île en matière de recherche et d’innovation. “Nous voulons montrer que cette expertise existe à La Réunion et la valoriser à l’échelle européenne”, conclut Claire Helly.

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