“En zone de turbulences” [Público], “en ébullition électorale” [Les Echos], “en sursis” [Le Monde]… C’est une Espagne dirigée par un Pedro Sánchez à l’avenir politique incertain qui assume la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, depuis samedi 1er juillet jusqu’à la fin de l’année. “Au pouvoir depuis 2018, le leader socialiste de 51 ans a préféré dissoudre le Parlement espagnol après la déroute de son parti aux élections locales le 28 mai”, rappelle Le Monde.
Un scrutin législatif anticipé aura ainsi lieu le 23 juillet, avec le risque pour l’actuel Premier ministre “de céder sa place en Espagne à une coalition entre la droite et l’extrême droite”, souligne le quotidien du soir. M. Sánchez a toutefois exprimé, en parallèle de sa visite à Kiev le 1er juillet, “son ‘ambition’ que cette présidence laisse sa marque” [La Vanguardia].
Elections générales
Les élections législatives du 23 juillet n’en demeurent pas moins “le gros point d’interrogation de cette présidence” [Les Echos]. Un point sur lequel le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares se veut rassurant : “les faits montrent qu’il est possible de réussir une présidence et de tenir des cycles électoraux”, cite Euractiv. La situation s’est produite en France en 2022, et “ce sera le cas de la Belgique au premier semestre 2024″ [Les Echos].
Concernant l’Espagne cependant, non seulement ces élections “n’étaient pas initialement prévues à ce moment-là (mais en fin d’année), mais elles pourraient bien porter au pouvoir le parti populaire (PP, conservateur)”, poursuit le quotidien économique. Surtout, “il n’y a pas eu de canal de communication stable entre le parti socialiste et le parti populaire pour discuter de cette étape importante”, explique El Mundo. Autre facteur à prendre en compte : “si le PP s’allie au parti d’extrême droite Vox, cela créera un grand émoi dans toute l’Union” [Les Echos], après les succès électoraux de ce courant politique en Italie, en Finlande et en Suède ces derniers mois.
“Si d’aventure une nouvelle équipe dirigeante arrivait, ses possibilités pour modifier le calendrier de la présidence espagnole seraient très limitées puisque le devoir du pays qui assume ce rôle est de s’exprimer au nom des 27 pays membres”, tempère RFI. La présidence du Conseil a en effet pour rôle premier de faciliter les compromis entre les Etats de l’UE.
Tandis que la législature européenne 2019-2024 approche de son terme, l’agenda est très chargé : il y a un peu moins de 200 textes dans le tuyau législatif, à des degrés divers d’avancement, et d’autres vont arriver prochainement, la pression est immense”, résume un diplomate européen dans Les Echos.
Priorités
“Les priorités de la présidence espagnole sont clairement alignées sur les défis actuels de l’UE et sont marquées par les caractéristiques du gouvernement de coalition” PSOE-Podemos, écrit La Vanguardia.
“La réindustrialisation, la transition écologique et la justice sociale”, figurent parmi les axes prioritaires de la stratégie de Madrid pour l’UE présentée le 15 juin dernier, rapporte la RTVE [Courrier international]. Elle fera également en sorte que l’Europe “construise de nouvelles alliances avec des pays d’autres régions”, notamment ceux d’Amérique latine. “Un sommet UE-Celac (Communauté des États latino-américains et des Caraïbes) est prévu en ce sens les 17 et 18 juillet à Bruxelles”, note le site du groupe audiovisuel public espagnol.
L’Espagne milite par ailleurs pour la ratification de l’accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), à laquelle certains Etats membres dont la France sont opposés à l’heure actuelle. “Là-dessus, le parti populaire espagnol partage la même position que la gauche au pouvoir dans le pays. En cas d’alternance après les élections générales du 23 juillet, la position espagnole ne changera donc pas sur ce point”, lit-on sur le site de RFI, qui reprend l’analyse de José Antonio Sanahuja, conseiller du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
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