Toute L'Europe – Comprendre l'Europe

Europe : quelles sont les prochaines élections nationales en 2023 ?

En 2023, six Etats membres de l’Union européenne renouvellent leurs gouvernements ou présidents, ainsi que la Turquie. Après la Finlande et la Bulgarie, c’est au tour des Grecs et des Espagnols d’élire leurs représentants d’ici l’été.

Les prochains scrutins législatifs dans l’Union européenne auront lieu en Grèce et en Espagne - Crédits : Toute l’Europe

25 juin 2023 : élections législatives en Grèce

Lors des élections législatives du 21 mai 2023, le Premier ministre sortant Kyriákos Mitsotákis (Nouvelle Démocratie, conservateur) a récolté 40,8 % des voix. Un bon résultat qui ne lui assure cependant pas la majorité à la Voulí, le Parlement grec. C’est pourquoi le dirigeant a décidé d’organiser un nouveau scrutin le 25 juin. Il y est déjà donné favori, une réforme électorale assurant au parti en tête une “prime” allant jusqu’à 50 sièges. 

Le parti de gauche radicale Syriza, mené par l’ancien Premier ministre Aléxis Tsípras, n’a obtenu que 20,1 % des voix. Le parti socialiste, secoué par l’implication de l’eurodéputée grecque Eva Kaïlí en décembre dernier dans le scandale du Qatargate, se place quant à lui en troisième position avec 11,5 % des suffrages. Le président de la Cour des comptes, Ioánnis Sarmás, a été nommé Premier ministre par intérim afin d’organiser ces élections.

Plusieurs scandales ont marqué la vie politique grecque ces derniers mois. En juillet 2022, des enquêtes menées par la presse ont révélé la mise sous surveillance des téléphones de journalistes, membres d’associations et personnalités politiques, dont le leader du parti socialiste (PASOK) Níkos Androulákis. Plus récemment, un grave accident ferroviaire survenu en février a mis en lumière la mauvaise gestion du réseau par les gouvernements successifs. Le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis a ainsi fait face, de fin février à mi-mars, à une vague de protestations dans tout le pays.

23 juillet 2023 : élections générales en Espagne

Les élections municipales et régionales du 28 mai ont servi de “test” à la gauche espagnole menée par le Premier ministre Pedro Sánchez. Elles se sont soldées par la défaite du parti gouvernemental (PSOE) et la convocation d’élection générales anticipées le 23 juillet prochain. Celles-ci devaient se tenir en décembre, mais le chef de l’exécutif, prenant acte du message envoyé par les électeurs qui ont voté massivement à droite, a déclaré soumettre son mandat démocratique à la volonté populaire. Plusieurs grandes villes et régions socialistes sont passées aux mains de la droite conservatrice (Partido Popular). Mais celle-ci devra probablement former des alliances avec le parti d’extrême droite Vox pour assurer sa victoire.

La gauche espère tout de même reprendre du terrain et outrepasser ses divisions internes d’ici aux prochaines élections. Le PP et VoX obtiennent pour le moment 31 % et 14 % d’intentions de vote pour les élections générales, tandis que le PSOE est soutenu par 25 % des Espagnols. Comme la France il y a peu, l’Espagne organisera ce scrutin durant sa présidence tournante du Conseil de l’UE, au second semestre 2023, ce qui pourrait avoir des conséquences sur plusieurs dossiers européens en cas de victoire du PP.

24 septembre 2023 : élections sénatoriales en France

Le 24 septembre, la moitié du Sénat français sera renouvelée au scrutin indirect. Le collège électoral est composé des sénateurs, députés, conseillers régionaux élus dans le département, conseillers départementaux et délégués des conseils municipaux. Actuellement, le parti majoritaire au Sénat est le groupe Les Républicains (LR).

30 septembre 2023 : élections législatives en Slovaquie

En Slovaquie, les élections auront lieu un an avant la date initialement prévue, une motion de censure ayant fait tomber le gouvernement de centre droit d’Eduard Heger en décembre dernier. Ce dernier a démissionné le 7 mai, plus tôt que prévu, après avoir assuré un intérim qui devait courir jusqu’aux élections. Il a été temporairement remplacé par Ľudovít Ódor, ancien vice-président de la Banque nationale de Slovaquie. 

La coalition OL’aNO de M. Heger a chuté dans les sondages, avec actuellement 7 % d’intentions de vote. Les candidats des partis libéral et conservateur (PS, SaS), tous deux pro-européens, sont en lice contre les partis de gauche, notamment le Smer de l’ex-Premier ministre Robert Fico.

Ce dernier avait accédé au pouvoir en 2006 grâce à une alliance avec un parti d’extrême droite (SNS) et un parti populiste (HZDS), ce qui lui avait valu d’être exclu temporairement du Parti socialiste européen (PSE). Pour l’heure, le Smer obtient 17 % des intentions de vote, et le HLAS 16 %. Les libéraux (PS) se placent en troisième position avec 14 % des intentions de vote. Le parti libéral-conservateur SaS récolterait quant à lui 7 % des voix. 

8 octobre 2023 : élections législatives au Luxembourg

Les Luxembourgeois seront appelés à renouveler les soixante députés de leur Parlement monocaméral au début de l’automne. Après dix ans au pouvoir, le chef des libéraux Xavier Bettel est devancé par les chrétiens-démocrates (CSV). Ceux-ci obtiendraient 17 % des voix d’après les derniers sondages. Les socialistes du LSAP arrivent ensuite (12 %), suivis de près par le DP de l’actuel Premier ministre (11 %).

Novembre 2023 : élections législatives en Pologne

En Pologne, le Parlement sera renouvelé en novembre prochain. Le parti de droite radicale du Premier ministre Mateusz Morawiecki (Droit et Justice - PiS) reste populaire grâce à sa ligne résolument anti-Moscou et son rôle dans l’accueil des réfugiés ukrainiens. Il est néanmoins affecté par la situation économique, avec un taux d’inflation de 14 %. Par ailleurs, la Pologne ne dispose toujours pas des fonds du plan de relance européen : ceux-ci sont conditionnés au respect de l’état de droit, qui est régulièrement remis en cause depuis plusieurs années par le gouvernement actuel.

Depuis quelques semaines, la Pologne est secouée par les accusations visant l’ancien pape polonais Jean-Paul II, qui aurait couvert des cas de pédocriminalité dans l’Eglise. Depuis lors, le PiS défend vigoureusement la mémoire de ce dernier, devenue un thème central de la campagne. Le parti gouvernemental espère ainsi renforcer sa légitimité, notamment auprès de l’important électorat catholique du pays. En outre, le leader du parti gouvernemental, Jarosław Kaczyński, a formulé de nombreuses promesses de campagne dans le domaine social pour contrer l’avancée de l’opposition, notamment une revalorisation des allocations familiales.

Pour le moment, le PiS se maintient en tête avec 36 % des intentions de vote. Les sondages indiquent néanmoins que le parti Plateforme civique (PO) de centre droit, mené par l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, a 27 % d’intentions de vote. Il pourrait déloger la droite eurosceptique, mais tout dépend s’il parvient à former une coalition gouvernementale avec les non-alignés, qui représentent pour le moment 13 % des intentions de vote.

Les résultats des précédentes élections de 2023 

Bulgarie : Des élections législatives ont été convoquées le 2 avril, pour la cinquième fois depuis 2021 dans ce pays en proie à l’instabilité politique. Après une parenthèse relativement stable de quelques mois en 2022, le fragile gouvernement de coalition du centriste pro-européen Kiril Petkov (Nous continuons le changement - PP) était effectivement tombé l’été dernier. L’ancien Premier ministre Boïko Borissov (centre droit, GERB), accusé de faits de corruptions, est arrivé en tête avec 25,4 % des voix, contre 23,6 % pour la formation de Kirill Petkov, alliée à plusieurs partis de centre droit. 

La guerre en Ukraine constitue une ligne de fracture dans le pays : les pro-russes sont nombreux au sein du parti Renaissance (nationaliste), qui a créé la surprise en se plaçant en troisième position avec 13,6 % des voix. Suivi de près par le parti représentant la communauté musulmane et turque du pays, le DPS, qui a rassemblé 13,2 % des suffrages. Boïko Borissov devait alors former une coalition entre des partis ouvertement européens et atlantistes, et la formation Renaissance proche de Moscou et s’était ainsi retrouvé dans une impasse politique.

Dans l’espoir d’endiguer la crise politique, ce dernier a fait appel le 7 mai dernier à la commissaire européenne à l’Innovation et à la Jeunesse, Mariya Gabriel, issue du même parti que lui. Le 22 mai, le GERB noue un compromis avec l’alliance libérale menée par Kiril Petkov : Nikolay Denkov, ancien ministre de l’Education qui représente cette dernière, est Premier ministre pendant les neuf mois prochains mois. Mme Gabriel est quant à elle vice-Première ministre au cours de cette période, avant de devenir à son tour cheffe du gouvernement les neuf mois suivants. 

Finlande : Le même jour que la Bulgarie, le 2 avril, les Finlandais ont élu les députés de l’Eduskunta. Malgré sa popularité à l’international et sa prise de position ferme vis-à-vis de la guerre en Ukraine, les sociaux-démocrates dirigés par Sanna Marin (SDP) ont été devancés de peu par le parti de centre droit (KOK), qui a obtenu 20,8 % des voix. Avec, en outre, une percée des nationalistes, puisque le Parti des Finlandais (Perus S) a récolté 20,1 % des voix. Le SDP se place en troisième position avec 19,9 % des voix. Arrivé en première position, l’ancien ministre et leader du KOK Petteri Orpo a axé sa campagne sur la situation économique du pays, conscient de la préoccupation des Finlandais pour le niveau de la dette qui s’élevait à 73 % PIB fin 2022.

Comme celui de Sanna Marin, de nombreux partis avaient exclu toute alliance avec le Parti des Finlandais, contrairement au KOK qui ne s’est pas prononcé sur la question. Le 27 avril dernier, Petteri Orpo s’est déclaré favorable à une coalition avec l’extrême droite. Les négociations avec cette dernière ont débuté le 2 mai.

Turquie : Recep Tayyip Erdoğan a été réélu pour un troisième mandat, dimanche 28 mai 2023. Les élections législatives se sont déroulées en même temps que l’élection présidentielle, conformément à la réforme constitutionnelle menée il y a cinq ans par M. Erdoğan. Kemal Kılıçdaroğlu, candidat centriste de la coalition hétéroclite “Alliance de la nation” était donné favori dans les sondages pendant plusieurs semaines. Mais il n’a pas réussi à battre son adversaire, leader charismatique mais contesté au pouvoir depuis 20 ans. L’Union européenne a suivi de près cette réélection, car de nombreux sujets l’impliquent au premier plan.

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Europe : quelles sont les prochaines élections nationales en 2023 ?

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide