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En Auvergne-Rhône-Alpes, l’Europe soutient la création de batteries innovantes issues de matériaux recyclés

Porté par un consortium de quatre partenaires situés en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie, le projet E-Mergy ambitionne de valoriser les déchets en réutilisant les batteries des véhicules électriques. Une aspiration en phase avec les objectifs du Pacte vert pour l’Europe, et soutenue par les fonds européens.

Le projet E-Mergy valorise les batteries des véhicules électriques
Le projet E-Mergy valorise les batteries des véhicules électriques - Crédits : Deepblue4you / iStock

Tandis que les batteries pour les véhicules électriques proviennent aujourd’hui essentiellement d’entreprises japonaises, coréennes et surtout chinoises, l’Europe peine à se placer sur cette production stratégique. Un enjeu pourtant de taille alors que la demande au niveau mondial devrait être multipliée par 14 d’ici à 2030, selon les derniers chiffres publiés par la Commission européenne en décembre 2020. Derrière cette croissance exponentielle, la volonté de se plier aux exigences de la transition écologique. Dévoilé le 14 juillet dernier, le nouveau paquet climat défend notamment l’arrêt de la commercialisation des voitures à essence à partir de 2035, avec une multiplication des points de recharge pour les voitures électriques.

Mais si ces véhicules du futur émettent moins de gaz à effet de serre grâce à des batteries qui ne consomment pas directement d’énergie fossile, de nombreux matériaux sont tout de même utilisés pour leur fabrication. Lithium, nickel ou cobalt : des éléments dont l’extraction minière entraîne des conséquences environnementales profondes.

Valoriser les déchets

Valoriser ces matériaux, afin de créer des batteries issues d’éléments recyclés. C’est l’objectif poursuivi par le projet ambitieux E-Mergy. Lauréat d’un appel à projet du Fonds Unique Interministériel (FUI) en 2018, E-Mergy est le fruit d’une coopération entre quatre acteurs de la filière. SNAM, entreprise spécialisée dans la collecte et le recyclage des batteries et implantée en Isère, porte le dispositif. Elle est accompagnée par Savelec, spécialisée dans la sous-traitance de produits en électronique, SIREA, qui conçoit des solutions de gestion de l’énergie en aval de la chaîne, et enfin le laboratoire de recherche LEPMI basé à Grenoble.

SNAM suit la règle des “4 R” de l’économie circulaire : réparer, réutiliser, recycler et remanufacturer. Si le recyclage suppose une transformation complète afin de valoriser les déchets, la remanufacture consiste à reprendre des pièces viables. Réutiliser revient à se resservir des batteries dans des applications moins gourmandes en énergie.

Le but du projet est de proposer des prototypes de batteries intelligentes qui permettront d’optimiser l’efficacité des énergies renouvelables par de nouveaux modes de stockage. E-Mergy intègre l’idée d’une diffusion plus fine de l’électricité : il s’agit de “savoir où et quand envoyer l’énergie”, nous expliquent Yann Bultel, directeur adjoint du LEPMI à Grenoble, et Nicolas Perdriaux, responsable du projet au sein de SNAM.

Le soutien du FEDER

Les partenaires sont des PME, sans commune mesure avec de grands groupes qui peuvent avoir un département recherche et développement (R&D) très développé”, précise ce-dernier. D’où l’intérêt de mobiliser les compétences de chacun dans son domaine, et de collaborer avec un laboratoire comme le LEPMI, qui s’investit dans la recherche fondamentale. Les chercheurs grenoblois travaillent à la modélisation et la caractérisation électrochimiques des matériaux : c’est un peu comme une “analyse post-mortem” des batteries, en vue de mieux comprendre leur durabilité.

Le soutien du Fonds européen de développement régional (FEDER) atteint quasiment 200 000 euros, et court de septembre 2020 à décembre 2022. Si le projet débute tout juste, et que les résultats concrets ne sont pas encore présentables, une quinzaine de personnes sont sur le pont pour mener à bien E-Mergy, et faire émerger une nouvelle génération de batteries compatibles avec une économie décarbonée.

Dans le cadre de son plan d’action pour l’économie circulaire, la Commission européenne a proposé d’imposer un taux de collecte des batteries portables d’au moins 70 % à l’horizon 2030. Toutes les autres – industrielles comme provenant des véhicules électriques – devront être collectées. Plus encore, à partir de 2030, toutes les batteries mises sur le marché devront inclure un minimum de matériaux provenant de la valorisation des déchets : 4 % de nickel, 12 % de cobalt et 85 % de plomb, par exemple.

Article financé par l'UE, en partenariat avec l'ANCT

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