“Nouveau rebondissement dans l’affaire du glyphosate”, lance Le Figaro. Dans un rapport publié jeudi 6 juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a donné un premier élément de réponse à la question suivante : le principe actif du célèbre Roundup de Monsanto-Bayer “continuera […] à être utilisé sur les cultures en Europe l’an prochain ?” [Le Parisien].
Le glyphosate “sert principalement à détruire les ‘mauvaises herbes’. Particulièrement efficace, il agit sur toutes les plantes, dans les vergers, les vignes et les espaces verts en ville”, rappelle Libération. Controversé, l’actif est “l’herbicide le plus utilisé au monde” [Libération] et s’est “érigé comme emblème des méfaits de l’agrochimie” pour ses effets néfastes sur la santé et l’environnement [Le Figaro].
“Très attendue” [France Info], l’étude de l’EFSA “juge que le glyphosate n’est pas dangereux au point de devoir être interdit” [La Croix]. Plus précisément, les experts notent que le pesticide ne présente pas de “domaine critique de préoccupation” empêchant le renouvellement de son autorisation pour cinq ans [France Info].
Si cette conclusion représente “une victoire pour le lobby de l’industrie des pesticides”, elle suscite en retour “l’indignation des défenseurs de l’environnement” [Politico]. Elle servira en effet “de base à l’Union européenne pour décider du renouvellement ou non de l’autorisation de l’herbicide” [Ouest-France]. Un choix qui devra être fait par la Commission européenne et les Etats membres d’ici au 15 décembre 2023, date à laquelle l’actuelle autorisation prend fin.
Cancérigène
Suspectée de favoriser certains cancers chez l’homme, la molécule “défraye la chronique depuis presque une décennie” [Libération]. Elle a été classée “cancérigène probable” en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), “l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui fait figure d’autorité de classification des agents cancérogènes” [Le Monde]. Des conclusions reprises en France par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 2021.
Mais la question “divise les agences réglementaires et scientifiques” [Libération]. L’année dernière, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) considérait de son côté “que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène”, ce que souligne l’EFSA dans son rapport [Le Parisien].
Le journaliste du Monde Stéphane Foucart rappelle que les différences d’avis entre agences réglementaires et institutions scientifiques “s’expliquent pour une grande part par la nature des données utilisées. Alors que les premières se basent prioritairement sur les études confidentielles que leur fournissent les firmes agrochimiques, les secondes se fondent sur la littérature scientifique publiée dans les revues savantes”.
Mercredi et jeudi, plusieurs dizaines d’ONG environnementales “ont appelé le gouvernement français à s’opposer” au renouvellement du glyphosate [La Tribune], déplorant “que le principe de précaution ne soit pas appliqué” [Le Figaro].
Données manquantes
Pour l’heure, “seules les grandes lignes des conclusions de l’EFSA ont été communiquées”, ajoute Le Monde. Le rapport complet de 180 000 pages ne sera rendu public que fin juillet, “après avoir été passé en revue par les firmes agrochimiques, qui peuvent légalement vérifier qu’aucune information confidentielle sur leurs produits n’y est divulguée” [Le Monde].
Si l’EFSA ne s’oppose donc pas au renouvellement de l’autorisation de l’herbicide, elle constate toutefois “ ‘un risque élevé [de toxicité] à long terme chez les mammifères’ pour la moitié des usages proposés du glyphosate” [France Info]. Mais “à la différence de certains risques pour la santé humaine, les risques environnementaux posés par les pesticides ne sont pas des critères stricts d’exclusion : leur gestion est laissée à l’appréciation du politique”, souligne Le Monde.
L’autorité européenne pointe également “des lacunes dans les données” recueillies [France Info], “que la Commission européenne et les États membres devront prendre en considération lors de la prochaine étape de la procédure de renouvellement de l’autorisation”. “L’insuffisance de données sur la toxicité d’un des composants présents dans la formule d’un pesticide à base de glyphosate soumis à l’évaluation” est notamment soulignée [Le Figaro].
L’agence ne donne pas non plus “d’avis finalisé” sur les risques liés à la consommation alimentaire, “en raison de données incomplètes sur la quantité de résidus de glyphosate dans les cultures en rotation telles que les carottes, la laitue et le blé”, rapporte La Voix du Nord. “Cependant, cela ne devrait pas conduire à un dépassement des niveaux de sécurité toxicologique” pour les humains, ajoute le quotidien régional.
Enfin, d’autres questions sont laissées en suspens, en particulier l’impact général sur la biodiversité : si les experts reconnaissent que les risques “sont complexes et dépendent de multiples facteurs”, l’EFSA estime que “dans l’ensemble, les informations disponibles ne permettent pas de tirer des conclusions définitives”, tout en notant “un manque de méthodologies harmonisées”, cite Le Figaro.
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