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Emmanuel Macron / Marine Le Pen : quelles sont leurs propositions pour l’avenir de l’Union européenne ?

Présidentielle 2022. L’Europe constitue sans doute la principale ligne de fracture entre les programmes du président sortant et de la candidate du Rassemblement national. Comment envisagent-ils l’avenir du projet européen ?

"Alliance européenne des nations" contre "souveraineté européenne", c'est ainsi que l'on pourrait résumer le match entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron au sujet de l'UE - Crédits : Evgeniia Ozerkina / iStock
“Alliance européenne des nations” contre “souveraineté européenne”, c’est ainsi que l’on pourrait résumer le match entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, dans cette campagne présidentielle, au sujet de l’UE - Crédits : Evgeniia Ozerkina / iStock

Si pour Emmanuel Macron la France est plus puissante avec l’appui de l’Union européenne, Marine Le Pen affiche des positions très eurosceptiques. Son programme prône d’ailleurs que l’UE soit à moyen terme remplacée par une “Alliance européenne des nations”.

Souveraineté européenne…

Le président candidat milite pour une Union toujours plus approfondie, dans la continuité de ce qu’il a défendu tout au long de son mandat, et notamment pendant la présidence française du Conseil de l’UE (PFUE) qui se tient depuis le 1er janvier jusqu’au 30 juin. L’Europe était déjà un axe de campagne très important pour sa première élection, au scrutin présidentiel de 2017. Dans son discours de la Sorbonne, prononcé quelques mois après sa prise de fonction, il appelle à mettre en œuvre une réelle “souveraineté européenne”, qu’il estime être une “nécessité”.

Prônant donc une intégration européenne plus poussée et une plus grande influence de la France sur les instances internationales, il souhaite notamment la construction d’une véritable Europe de la défense, qui a déjà connu des avancées sous sa présidence. Telles que la mise en place d’un Fonds européen de défense, permettant aux industriels européens du secteur de travailler sur des projets communs, ou encore l’adoption en mars de la boussole stratégique, nouvelle doctrine militaire de l’UE.

Dans un autre domaine, Emmanuel Macron voudrait voir naître un “pilotage politique” de l’espace Schengen, sur le modèle des réunions des ministres des Finances de la zone euro, pour que les Européens s’accordent mieux face aux défis migratoires et soient plus à mêmes d’y répondre. Toujours avec cette idée que l’Europe est le cadre de la puissance française, son programme fait de l’autonomie énergétique au niveau du continent une priorité.

Pour faire progresser la démocratie européenne, le président sortant a régulièrement argumenté en faveur de l’instauration de listes transnationales aux élections européennes. En décembre, il s’est aussi prononcé pour qu’un droit d’initiative législative, dont la Commission européenne détient actuellement le monopole, soit attribué aux eurodéputés. Enfin, Emmanuel Macron attend en mai les conclusions de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, vaste exercice de démocratie participative pour penser l’UE de demain, qui pourrait demander aux décideurs européens des réformes institutionnelles inédites.

… contre Alliance européenne des nations

Marine Le Pen soutient de son côté des orientations diamétralement opposées à son adversaire politique. Si elle ne veut officiellement plus sortir de l’Europe et de la zone euro, elle appellerait les Français, en cas d’élection, à se prononcer par un référendum sur une révision constitutionnelle qui affirmerait la supériorité du droit français sur le droit européen. Cette disposition serait alors incompatible avec les engagements de la France vis-à-vis de l’UE. Comme tous les Etats membres, le pays est tenu de se conformer au droit européen, qu’elle détermine par ailleurs elle-même avec les autres Etats de l’UE et les eurodéputés. Renoncer unilatéralement à appliquer la législation européenne reviendrait alors à se mettre dans une situation d’infraction. Ce qui ferait prendre le risque à la France d’être frappée par de lourdes amendes – une situation déjà expérimentée par la Pologne – et d’être particulièrement isolée au niveau européen.

Pour mettre en œuvre son programme, en grande partie incompatible avec les traités européens, Marine Le Pen souhaite aussi engager leur renégociation. Plusieurs de ses mesures phares posent en effet problème au regard du droit de l’UE, à commencer par la “priorité nationale”, qui accorderait prioritairement les prestations sociales aux seuls ressortissants français. Ceci contreviendrait à la liberté de circulation des citoyens européens, au fondement même de la construction européenne, prévoyant qu’ils aient accès à la même protection que les personnes issues de leur pays d’installation, selon le principe de non-discrimination. En attendant qu’une éventuelle renégociation des traités aboutisse, ce qui paraît très incertain étant donné l’opposition qu’afficheraient de nombreux Etats membres, la candidate du Rassemblement national pourrait donc appliquer son programme même s’il enfreint le droit de l’Union.

Marine Le Pen indique aussi qu’elle ne suivrait pas non plus les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, bras judiciaire du Conseil de l’Europe, institution indépendante de l’UE défendant les droits fondamentaux dans 46 pays européens, qui seraient contraires à sa politique. Elle n’appliquerait pas également les articles de la Convention européenne des droits de l’homme, texte que la Cour fait appliquer, contraires à son programme, en matière d’immigration en particulier. Là encore, la candidate entrerait en conflit avec les institutions européennes, l’adhésion à cette Convention, dont le contenu est par ailleurs repris dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE, étant obligatoire pour les Etats membres.

En dépit de son renoncement à quitter l’UE, ses positions pourraient donc de fait aboutir à ce même résultat. En d’autres termes à un Frexit. Marine Le Pen espère de toute manière le remplacement de l’Union européenne par une “Alliance européenne des nations”, qui serait “celle des coopérations”.

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2 commentaires

  • Avatar privé
    Eliopatchikov

    La “France” ne s’est pas construite en un jour. La construction de l’Europe est peut être chaotique mais reste en cours. NOUS y participons…

  • Avatar privé
    tom

    J ai toujours été un européen convaincu mais la position attentiste de l Europe sur la guerre en Ukraine et la lourdeur administrative des institutions en générale ont largement dégradé mon opinion. Terrible déception de cette Europe la.