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Les priorités de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE)

Souveraineté, croissance, transition écologique, numérique, état de droit… Le 9 décembre, Emmanuel Macron a présenté à l’Élysée les chantiers prioritaires de la France lors de la présidence du Conseil de l’Union européenne. Une fonction qu’elle exerce du 1er janvier au 30 juin 2022.

Pendant la PFUE, la France souhaite promouvoir une Europe souveraine, reposant sur un nouveau modèle de croissance et à taille humaine - Crédits : compte Twitter @CBeaune
Pendant la PFUE, la France souhaite promouvoir une Europe souveraine, reposant sur un nouveau modèle de croissance et à taille humaine - Crédits : compte Twitter @CBeaune

Au cours d’une conférence de presse à l’Elysée jeudi 9 décembre, Emmanuel Macron a dévoilé les priorités françaises pour ce grand exercice de gouvernance européenne, dont la devise est “Relance, puissance, appartenance”.

Le logo de la PFUE et une nouvelle pièce de deux euros présentés

La conférence de presse du président a été l’occasion pour le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune de présenter le logo de la PFUE ainsi qu’une pièce de deux euros marquant le passage de la France à la présidence du Conseil de l’UE. 

L’emblème choisi par la France pour six mois “représente les initiales de l’Union européenne, habillées des couleurs de la France et des étoiles européennes” avec une flèche porteuse d’un “message d’ambition”, qui consiste notamment “à aller de l’avant face aux tentations du repli ou parfois du renoncement”, a décrit le ministre.

La nouvelle pièce de deux euros se veut à la fois dans la “continuité” et la “modernisation”, a expliqué M. Beaune, avec “la devise de la République qui se retrouve, le chêne et l’olivier, la force et la sagesse, les racines qui montent au ciel”. Cette pièce, mise en circulation le 1er janvier, est par ailleurs une manière de commémorer les 20 ans de la monnaie unique. 

1. Une Europe souveraine

Le premier axe de la PFUE vise à construire une “Europe pleinement souveraine”. “S’il fallait résumer en une phrase cette présidence : nous devons passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin”, a affirmé Emmanuel Macron.

Cette pleine souveraineté européenne doit notamment se matérialiser par un meilleur contrôle des frontières internes et externes de l’UE. En particulier via une réforme de l’espace Schengen. La refonte du fonctionnement de l’espace verrait la mise en place d’un “pilotage politique”, avec des réunions fréquentes des ministres compétents. La création d’un “mécanisme de soutien d’urgence aux frontières en cas de crise” est aussi portée par la France. Celle-ci a pour priorité de faire “avancer” le pacte migratoire européen, qui ambitionne de réformer la politique de l’Union dans ce domaine.

L’approfondissement de l’Europe de la défense, appelée à entrer “dans une phase plus opérationnelle”, constitue une autre manière d’atteindre la souveraineté européenne. Saluant les récentes avancées en la matière, comme la création du Fonds européen de défense, Emmanuel Macron a indiqué que le moment était venu de définir une “souveraineté stratégique européenne”.

La “boussole stratégique”, livre blanc qui renouvellera les orientations des Européens en matière de défense et de sécurité pour les prochaines années, doit contribuer à cet effort de définition. L’adoption de ce document par le Conseil européen est prévue en mars.

Troisième dimension de l’Europe souveraine : “la stabilité et la sécurité de notre voisinage”, a mis en en avant le chef de l’Etat. De ce point de vue, Emmanuel Macron a évoqué une relation “structurante” entre l’Europe et l’Afrique, conduite à être revitalisée par un “New Deal” entre les deux continents. La nouvelle coopération souhaitée par la France sera discutée lors d’un sommet entre l’UE et l’Union africaine à Bruxelles les 17 et 18 février.

En juin se tiendra aussi une conférence sur les Balkans occidentaux, en proie à une lutte entre influences étrangères (russes, turques et chinoises notamment), afin d’aboutir à un “réengagement” de l’Union dans la région. “On ne pourra pas bâtir l’Europe de paix des 50 prochaines années si nous laissons les Balkans occidentaux dans la situation où ils sont aujourd’hui”, a déclaré le président.

La conférence de presse d'Emmanuel Macron à l'Elysée pour lancer la PFUE a aussi été l'occasion d'en dévoiler son logo - Crédits : Toute l'Europe
La conférence de presse d’Emmanuel Macron à l’Elysée pour lancer la PFUE a aussi été l’occasion d’en dévoiler son logo - Crédits : Toute l’Europe

2. Un nouveau modèle européen de croissance

Le deuxième grand axe de la présidence française, “qui s’est dessiné sur notre continent durant ces derniers mois consiste à bâtir un nouveau modèle européen de croissance”, a ensuite expliqué Emmanuel Macron le 9 décembre. Pour le président, “il nous faut définir ensemble ce que sera l’Europe de 2030”. L’ambition est d’asseoir l’Europe en termes d’innovation, de production, de créations d’emploi et d’affirmer sa compétitivité économique par rapport à la Chine et aux Etats-Unis. Ainsi, parmi les rencontres les plus importantes de la PFUE figure un sommet européen exceptionnel qui se tiendra à Bruxelles les 10 et 11 mars pour “définir le nouveau modèle de croissance européen”.

Pour ce faire, la France entend promouvoir une “souveraineté technologique” européenne, qui implique des règles budgétaires adaptées. Le nouveau modèle économique défendu se caractérise par une Europe championne de l’ambition climatique, cette dernière visant la neutralité climatique à l’horizon 2050 dans le cadre du Pacte vert européen. En juillet dernier, la Commission européenne a proposé 12 initiatives législatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. “Le semestre français doit faire avancer ces textes. Nous n’avons pas une minute à perdre”, a soutenu le président.

Emmanuel Macron a fait part de son intention de faire adopter au plus vite le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, une des mesures proposées par la Commission, équivalent à une taxe sur les produits importés dans l’UE qui ne respectent pas les exigences climatiques européennes. Le président veut également instaurer des “clauses miroir” dans les accords commerciaux, qui imposent une réciprocité avec les partenaires de l’Europe en termes de normes écologiques, et lutter contre la déforestation importée.

Le numérique fait aussi partie intégrante de la vision portée par la France au cours de la PFUE. Paris souhaite bâtir un réel marché unique du numérique, passant par la définition d’un agenda européen et susceptible d’attirer les talents et les financements. Pour construire cette nouvelle donne numérique, le chef de l’Etat a souligné l’importance de “deux textes pionniers” en cours de négociation au sein des institutions européennes et possiblement adoptés au premier semestre 2022 : le règlement sur les marchés numériques (DMA) et celui sur les services numériques (DSA).

Le nouveau modèle de croissance repose également sur de “bons emplois”, a mis en avant Emmanuel Macron en décembre. L’adoption de la directive sur les salaires minimums, destinée à établir un cadre garantissant des niveaux de rémunération “adéquats” selon le texte actuellement débattu, est ainsi l’un des chevaux de bataille de la France. En matière d’égalité hommes-femmes, la France a pour cible la finalisation de la directive sur la transparence salariale, dont l’objectif est de réduire les écarts de salaire entre les sexes.

3. Une Europe “à taille humaine

Je veux que nous puissions faire de cette présidence un grand moment d’humanisme européen”, a déclaré le chef de l’Etat. Ce troisième axe des ambitions françaises ayant vocation à ériger une Europe “à taille humaine” se manifestera notamment par la conclusion en mai 2022 de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, vaste exercice de démocratie participative pour penser l’Union européenne de demain. “Ce doit être le début d’un élan refondateur”, avec une possibilité de “refonte des traités” à l’issue du processus, a fait valoir Emmanuel Macron.

L’humanisme européen prôné par le président français repose en partie sur la défense de l’état de droit dans les Etats membres. Des questions qui ne “ne sont pas négociables” : “elles sont existentielles, elles sont à la base de nos traités, elles sont au cœur de ce qui est la convention même des droits de l’homme, qui a précédé à notre Union, elles sont dans les textes constitutionnels de notre Union”, a martelé Emmanuel Macron. 

Évoquant les divergences entre l’ouest de l’Europe et certaines démocraties illibérales à l’est du continent, le chef de l’Etat a appelé à ce que ces mêmes questions ne soient pas sources de division entre Européens. Celles-ci “ne confrontent pas des pays, des sociétés ou des peuples d’Europe entre eux”, mais “sont un combat politique existentiel pour nos valeurs et pour notre union”. Dans le cadre de la protection de l’état de droit, et en particulier de la liberté de la presse, le président a notamment fait part de son souhait de mettre en place un fonds européen de soutien au journalisme indépendant et d’investigation.

Lors de la séance de questions-réponses avec les journalistes après son intervention, interrogé sur la possibilité de travailler avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, Emmanuel Macron a estimé que l’ensemble des dirigeants des Vingt-Sept étaient capables de construire des compromis à l’échelle européenne. Les problématiques de souveraineté et de modèle de croissance constitueraient, par exemple, des terrains d’entente possibles avec le dirigeant hongrois. Mais sans faire de concessions sur les valeurs de l’Union. A ce titre, le chef de l’Etat a insisté sur l’importance du nouveau mécanisme de conditionnalité de versement des fonds européens au respect de l’état de droit.

Face aux pays qui adoptent des positions révisionnistes, le président veut aussi que la PFUE serve de moment de réflexion sur la manière d’écrire l’histoire de l’Europe : “l’histoire européenne n’est pas seulement l’addition de 27 histoires nationales”. Il désire ainsi lancer un grand travail sur l’histoire européenne avec des experts indépendants.

En ce qui concerne la jeunesse et l’éducation, Emmanuel Macron a indiqué qu’une grande réunion des universités d’Europe aurait lieu en juin. Notant que 2022 sera l’Année européenne de la jeunesse et des 35 ans du programme Erasmus+, il a avancé l’idée d’un service civique européen “de six mois ouvert à tous les jeunes de moins de 25 ans pour un échange universitaire ou d’apprentissage, un stage ou une action associative”.

Le programme du trio

La France ouvre un trio de présidences du Conseil de l’UE. En amont, elle a travaillé aux côtés de la République tchèque (juillet-décembre 2022) et de la Suède (janvier-juin 2023) afin de définir un programme de travail conjoint.

Le trio a fixé quatre priorités : protéger les citoyens et les libertés, développer un modèle de croissance européen, construire une Europe neutre pour le climat, écologique, équitable et sociale, et promouvoir les intérêts et les valeurs de l’Europe dans le monde.

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    Piard

    Mes suggestions :
    1/ Plan securisation strategiques : applicable pour
    Les ressources strategiques
    A haute vunerabilite de dependance unique et critique pour UE, comme des minerais (ex Uranium, ), Technologie IT, Brevets UE a preserver, etc…

    2/ AUDIT PROGRES : Plus de contrôle, par des experts, des effets escomptés selon les fonds de UE mis en oeuvre avec transparence des bilans.
    3 / Commission de veille Projets asso multi impact socioéconomique :
    Mise en.place d’un comité de pilotage pour assurer validation et le suivi des demandes de projets issus des associations sans étiquette mais à HAUTE IMPACT SOCIO ECONOMIQUE. ( hors partie politique ). Un constat reel et dramatique que nous subissons en charente martime, notre asso creee depuis 2 ans avec un manque d’ecoute, d’aide, de soutien,.…, des rdv avec que des blabla aupres de maires, la cda de charentes martitimes,.… . Neanmoins, un entrepreneur nous a prete gracieusement des locaux pour nous permette pour demarrer nos activites , mais depuis a vendu, nous sommes a la rue , a l’heure actuelle contraint de suspendre nos ateliers et décevoir les enfants et parents . Quel DOMMAGE .
    Les parents comme les benevoles nous sommes desesperes de ce manque d’ecoute de toutes ces institutions qui sont seulement admiratifs de cette initiative.
    ex : ca fait 2 ans que nous recherchons un.espace 200 m² faire vivre nos ateliers, pour notre asso Les Outils En Main du Pays Rochelais.
    Nous sommes tous Bénévoles ( 30 Adultes).auprès des jeunes 9 ans a 14ans ( 20 jeunes ) , que nous escadrons a l’ initiation aux métiers manuels les mercredis apres midi hors conges.( mécanique, électricité, menuiserie, couture, jardinage, impression 3D,.etc..).
    Nous avons un .site qui relate nos retours d’expériences passionnantes pour tous
    Nous attendons beaucoup de ‘UE sur des actions concrètes pour.ce genre d’initiative.
    A votre disposition pour plus d’information.
    Il.y a urgence pour ces besoins concrets,.…
    Merci pour votre retour
    Gilles Piard
    0580137009.