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Espagne : le Premier ministre Pedro Sánchez menace de démissionner après l’ouverture d’une enquête pour corruption visant sa femme

Mercredi 24 avril, le chef du gouvernement espagnol a annoncé réfléchir à son éventuelle démission en raison d’une enquête préliminaire pour soupçons de corruption à l’encontre de sa femme. A la tête d’une coalition fragile, Pedro Sánchez dénonce de son côté des manœuvres de la droite et de l’extrême droite. Il devrait donner sa décision de rester ou non en poste lundi prochain.

Pedro Sánchez, actuel Premier ministre espagnol, pendant la session de contrôle de l'action du gouvernement au Congrès des députés (Chambre basse) mercredi 24 avril
Pedro Sánchez, actuel Premier ministre espagnol, pendant la session de contrôle de l’action du gouvernement au Congrès des députés (Chambre basse) mercredi 24 avril - Crédits : Eugenia Morago / Flickr PSOE CC BY-NC-ND 2.0 DEED

Que se passe-t-il si Pedro Sánchez démissionne ?”, titre le quotidien espagnol La Vanguardia. “Pedro Sánchez dans la tourmente”, commente pour sa part France info. Le dirigeant socialiste a annoncé mercredi 24 avril, dans une lettre ouverte aux citoyens publiée sur X, qu’il réfléchissait à démissionner après l’annonce de l’ouverture d’une enquête contre son épouse, Begoña Gómez, pour “trafic d’influence et corruption”, poursuit la chaîne d’information en continu.

J’ai besoin de m’arrêter et de réfléchir […] à si je dois rester à la tête du gouvernement ou renoncer à ce grand honneur”, a-t-il écrit à la surprise générale [Le Figaro]. Dénonçant le “harcèlement de la droite et de l’ultradroite”, le chef du gouvernement a déclaré qu’il “communiquera[it] sa décision” lundi 29 avril devant la presse, fait savoir Le Monde.

Soupçons de “trafic d’influence et de corruption

De fait, l’annonce de Pedro Sánchez intervient à la suite d’une “note de la justice espagnole, ce mercredi, informant de l’ouverture d’une enquête préliminaire sur des soupçons de trafic d’influence et de corruption” contre son épouse, et ce dans “dans le cadre de ses activités professionnelles”, relèvent Les Echos. Cette procédure a en effet été ouverte en raison d’une “plainte du pseudo-syndicat Manos Limpias [Mains propres, NDLR], une association d’extrême droite dont la seule activité connue se centre sur les attaques dirigées contre des responsables de gauche, et le lancement de procédures judiciaires qui ont rarement abouti”, poursuit le quotidien économique.

Reprenant des informations du site espagnol El Confidencial, Manos Limpias “accuse [Begoña] Gómez d’exploiter son mariage avec Sánchez à des fins commerciales”, indique Der Spiegel. Ainsi, il est notamment reproché à l’épouse du Premier ministre espagnol, experte en levée de fonds, d’avoir rencontré “les responsables d’un groupe industriel dont la compagnie aérienne a bénéficié d’un plan de sauvetage de plusieurs centaines de millions d’euros pendant la pandémie”, fait savoir Le Figaro. Par ailleurs, cette entreprise aurait également “sponsorisé des activités d’un groupe d’éducation privée dont Begoña Gómez dirigeait un centre spécialisé sur l’Afrique”, ajoute le quotidien.

Dès lors, cette affaire s’inscrit dans un “climat politique de plus en plus crispé et polarisé, marqué par plusieurs affaires de corruption présumée”, les deux principaux partis politiques, conservateurs et socialistes, multipliant “les attaques depuis plusieurs mois”, note Le Monde. En attendant son annonce officielle prévue lundi 29 avril, “le Premier ministre espagnol [a] suspend[u] ses apparitions publiques”, bien qu’il continuera à travailler avec ses équipes, indique El Mundo.

Accusations de victimisation

Après la publication de la lettre ouverte de Pedro Sánchez sur les réseaux sociaux, le Parti populaire (conservateurs), principal parti d’opposition, a immédiatement réagi, accusant le chef du gouvernement espagnol “de jouer le rôle de la victime”, cite Politico. Et d’ajouter que le chef du gouvernement devrait dire la vérité aux Espagnols sur “les scandales qui entourent son parti, son gouvernement et sa partenaire”, plutôt que de disparaître pendant cinq jours, rapporte le média. Pedro Sánchez pense qu’il “est toujours le bon” et que “tous les autres sont mauvais”, a ainsi asséné le vice-président du Sénat espagnol et membre du Parti populaire Javier Maroto, déclarant que le dirigeant socialiste voulait rester au pouvoir à tout prix [Der Spiegel].

De leur côté, les membres du gouvernement ont serré les rangs, prenant la défense du dirigeant socialiste sur les réseaux sociaux et lui envoyant des “forces”, relève le quotidien espagnol La Razón. Parmi eux, la vice-première ministre Yolanda Díaz, qui est à la tête du parti de coalition Sumar (gauche radicale) au gouvernement, a exprimé sa solidarité avec M. Sánchez, déclarant que les forces de droite ne pouvaient “pas gagner” et qu’il fallait “défendre” la démocratie [Politico].

Une crise politique “sans précédent

Selon La Razón, l’annonce du Premier ministre espagnol “ouvre une crise sans précédent”, laissant présager plusieurs scénarios possibles. “Sa démission ouvrirait un nouveau processus d’investiture au Parlement”, à quelques semaines des élections régionales en Catalogne le 12 mai puis du scrutin européen le 9 juin, explique Le Monde.

Par ailleurs, Pedro Sánchez “pourrait également laisser au Parlement le soin de décider s’il doit rester en fonction en convoquant un vote de confiance”, auquel cas il aurait besoin d’obtenir le soutien d’une majorité simple des 350 députés de la Chambre basse pour rester en fonction [Politico].

Autre alternative, le dirigeant socialiste pourrait aussi choisir de “convoquer des élections, bien qu’il ne puisse pas le faire immédiatement”, fait remarquer La Razón. Il devrait en effet attendre le 29 mai, soit un an après la dernière dissolution du Congrès des députés, à la suite de laquelle il était resté au pouvoir, déjouant “tous les pronostics” [Les Echos].

Un départ anticipé pourrait lui permettre de briguer un poste haut placé en Europe”, note de son côté Le Monde. Alors que Pedro Sánchez est annoncé sur la “liste restreinte pour la présidence du Conseil européen”, les chefs d’Etat et de gouvernement se réuniront après les élections européennes pour décider qui occupera le poste, rappelle Politico.

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