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La Cité internationale de la langue française, port d’attache d’une “langue-monde”

Au sein du château de Villers-Cotterêts (Aisne) a été inaugurée début novembre la Cité internationale de la langue française. Un projet culturel unique en son genre qui met en lumière l’évolution du français et son développement en Europe et dans le monde. Une idée de sortie originale pour les vacances de Noël.

Le ciel lexical au-dessus de la cour du Jeu de paume, au château de Villers-Cotterêts - Crédits : Benjamin Gavaudo – CMN
Le ciel lexical au-dessus de la cour du Jeu de paume, au château de Villers-Cotterêts - Crédits : Benjamin Gavaudo – CMN

Ma patrie, c’est la langue française”, écrivait Albert Camus. Désormais, cette dernière possède un lieu qui lui est exclusivement dédié : la Cité internationale de la langue française. Elle a pris ses quartiers au sein du château de Villers-Cotterêts (Aisne) où le roi François Ier signa en 1539 l’ordonnance qui imposait dans les actes officiels l’usage du français en lieu et place du latin. La Cité entend ainsi devenir le port d’attache de cette langue parlée par plus de 320 millions de personnes à travers le monde.

Après quatre années de travaux et de réhabilitation du château sous le pilotage du Centre des monuments nationaux, la Cité internationale de la langue française a officiellement ouvert ses portes le 1er novembre 2023, au lendemain de son inauguration par le président de la République, Emmanuel Macron. Dans un cadre historique, au cœur de la ville de naissance d’Alexandre Dumas, la Cité a été pensée comme un “lieu d’accueil, de vie, de formation, de recherche et de dialogue”, selon les mots du chef de l’Etat. Une idée de sortie en famille aussi originale qu’éducative pour ces vacances de Noël.

Bibliothèque magique et exercices de grammaire

Le parcours permanent, composé de quinze salles thématiques, constitue l’élément central de ce nouveau lieu. Il débute par un immense tableau d’affichage des départs, semblable à ceux que l’on retrouve dans les halls d’aéroport, invitant les visiteurs à embarquer pour un voyage dans la “langue-monde” qu’est le français. La visite se poursuit avec une majestueuse “bibliothèque magique” qui propose près de 2 000 ouvrages écrits en langue française. A l’intérieur de cette bibliothèque, une intelligence artificielle questionne le visiteur sur ses goûts avant de lui fournir une recommandation de lecture personnelle.

La bibliothèque magique et ses 2 000 ouvrages écrits en langue française - Crédits : Didier Plowy - CMN
La bibliothèque magique et ses 2 000 ouvrages écrits en langue française - Crédits : Didier Plowy - CMN

On tombe ensuite sur des vidéos de clips de la rappeuse Diam’s ou de sketchs de l’humoriste Gad Elmaleh, témoins des jeux et transformations que ces artistes entreprennent avec leur langue maternelle. Plus loin, un mur de “mots migrateurs” s’élève face au visiteur qui découvre l’origine peu connue de termes couramment employés par les francophones. Dans un coin, une bibliothèque regroupe plus de 450 traductions existantes de l’ouvrage d’Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, livre le plus traduit au monde après la Bible.

La seconde section du parcours est dédiée à l’ ”invention continue” de la langue française. Elle propose aux visiteurs d’explorer la langue dans son fonctionnement, de la constitution de son vocabulaire à l’évolution de sa prononciation, en passant par sa normalisation, mais aussi dans la variété de ses usages et sa capacité à constamment se réinventer. De nombreux dispositifs interactifs, disséminés tout au long du parcours, permettent de tester son orthographe à travers des dictées, ou encore de découvrir une multitude de termes régionaux grâce à des mots-mêlés.

Le mur de mots migrateurs - Crédits : Didier Plowy - CMN
Le mur de mots migrateurs - Crédits : Didier Plowy - CMN

La Cité internationale de la langue française en chiffres

  • 211 millions d’euros de budget prévisionnel
  • 1 200 m² de parcours de visite permanent
  • 150 œuvres, objets et documents exposés
  • 62 dispositifs de médiation
  • 15 salles au sein du parcours permanent
  • 12 ateliers de résidence pour des artistes, chercheurs ou entrepreneurs
  • 1 librairie-boutique
  • 1 café-salon de thé

D’Umberto Eco à la CJUE, une langue résolument européenne

La troisième et dernière section du parcours permanent est intitulée “Le français, une affaire d’Etat”. D’un bout à l’autre, cette séquence est encadrée par la dimension européenne pour montrer l’importance de la langue française à l’international. Dans la première salle figure sur un grand miroir une célèbre citation d’Umberto Eco, “la langue de l’Europe, c’est la traduction”, entourée de la phrase “Ensemble depuis 1957”, retranscrite dans les 24 langues officielles de l’Union européenne, en référence à la date de création de la Communauté économique européenne. En face, un miroir semblable porte, lui, l’inscription, “la langue de la République est le français”, tel que le dispose l’article 2 de la Constitution française.

La citation d'Umberto Eco, inscrite sur l'un des murs de la salle dédiée aux enjeux contemporains de la langue française - Crédits : Didier Plowy - CMN
La citation d’Umberto Eco, inscrite sur l’un des murs de la salle dédiée aux enjeux contemporains de la langue française - Crédits : Didier Plowy - CMN

A l’autre bout, dans la dernière salle du parcours, est exposée la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts. Dans cette salle, tout un mur est dédié à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Celle-ci est considérée comme l’héritière contemporaine de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, puisqu’elle impose que chaque justiciable européen a le droit de comprendre un verdict dans sa propre langue. Pour chaque cas qu’elle traite, les règles sont les mêmes :

  • Le plaignant introduit le cas dans l’une des 24 langues officielles de l’UE. C’est la langue de procédure ;
  • Les juristes-linguistes de la Cour traduisent le cas en langue française. L’instruction de l’affaire peut alors commencer ;
  • Lors de l’audience, le plaignant s’exprime dans sa propre langue devant tous les juges. Sa parole est interprétée dans toutes les langues officielles de l’UE ;
  • Les juges délibèrent en français, sans interprète, devant la bibliothèque aux couleurs de l’UE. Cette dernière est le symbole du multilinguisme européen. Elle rassemble les recueils de jurisprudence du droit européen traduits dans les 24 langues officielles de l’Union. Les ouvrages y sont classés par couleur, chacune correspondant à une langue ;
  • A la suite du délibéré, le cas est jugé. L’arrêt est prononcé dans la langue du plaignant. C’est cet arrêt qui fait foi ;
  • Simultanément, cet arrêt est traduit, prononcé et publié dans chacune des langues officielles de l’UE.

Ce focus sur la Cour de justice de l’Union européenne vient clôturer le parcours au sein de la Cité internationale de la langue française. Un exemple concret qui insiste sur la non-hégémonie d’une langue parmi d’autres, alors que la place de la langue française au cœur des institutions européennes revient régulièrement dans le débat public. Entre les murs du château de Villers-Cotterêts, on a choisi de se féliciter du chemin déjà parcouru depuis des siècles par cette langue aux 320 millions de locuteurs à travers le monde.

Le mur dédié à la Cour de justice de l'Union européenne, qui vient clôturer l'exposition, fait face à la version originale de l'ordonnance de Villers-Cotterêts - Crédits : Didier Polwy - CMN
Le mur dédié à la Cour de justice de l’Union européenne, qui vient clôturer l’exposition, fait face à la version originale de l’ordonnance de Villers-Cotterêts - Crédits : Didier Polwy - CMN

Infos pratiques

La Cité internationale de la langue française, installée au sein du château de Villers-Cotterêts dans l’Aisne, est ouverte du mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures 30. Elle reste ouverte durant les périodes de vacances scolaires, sauf les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Fermeture avancée à 17h30 les 24 et 31 décembre.

Tarif individuel : 9 euros. Gratuité pour les moins de 18 ans, les 18-25 ans ressortissants de l’Union européenne ou résidents réguliers sur le territoire de l’UE, les personnes handicapées et leur accompagnateur ainsi que les demandeurs d’emploi. Accès depuis Paris en voiture via la N2 (une heure de trajet) ou en TER depuis la gare du Nord (45 minutes de trajet). 

Il est possible d’organiser des visites scolaires. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Internet de la Cité internationale de la langue française.

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