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Erasmus+ continue de s’ouvrir aux apprentis

Les apprentis sont de plus en plus nombreux à tirer profit des avantages du programme européen. Pourtant, des freins à la mobilité demeurent.

Les apprentis des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration sont parmi les plus nombreux à profiter d'Erasmus+
Les apprentis des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration sont parmi les plus nombreux à profiter d’Erasmus+ - Crédits : Jose Marques / iStock

36 ans après sa création, la cote de popularité d’Erasmus ne semble pas s’essouffler. Parmi les nombreux publics qui peuvent désormais bénéficier du programme de mobilité européen, les apprentis sont de plus en plus nombreux à en profiter, qu’ils travaillent dans le bâtiment, l’hôtellerie, la restauration ou le commerce. Au-delà de l’expérience humaine, 86 % d’entre eux perçoivent une amélioration de leur employabilité au terme de leur échange.

Cette possibilité de mobilité n’est pas nouvelle pour les apprentis. En 1995, le programme Leonardo Da Vinci leur ouvre la voie à un départ à l’étranger. Mais ces expériences restent bien souvent courtes, moins de 4 semaines, quand les étudiants du supérieur restent un semestre ou une année scolaire complète hors de leurs frontières. Depuis 2014, l’initiative est englobée au sein d’Erasmus+ et les expériences évoluent.

Des bénéfices pour les apprentis et les entreprises

Les apprentis n’ont jamais été aussi nombreux à partir avec le programme européen. En 2018-2019, ils étaient 7 000 alternants (dont 4 080 dans la voie professionnelle) à en avoir profité en France. Une tendance soutenue au niveau européen comme national. Carole Grandjean, ministre de l’Enseignement et de la formation professionnelle, souhaite “que tous les jeunes puissent bénéficier d’une expérience de mobilité” et ce, dans tous les secteurs éducatifs. Il s’agit d’ ”une question d’égalité des chances”, explique-t-elle en ouverture d’une rencontre organisée par l’Agence Erasmus+ France Education Formation à Bordeaux le 13 novembre dernier. Un avis que partage pleinement l’eurodéputé Sandro Gozi (Renew) : “La prise de conscience de la citoyenneté européenne ne peut pas être réservée aux bacs +5″.

D’autant que les avantages d’une mobilité sont nombreux pour les apprentis. Les bénéficiaires acquièrent de nouvelles compétences professionnelles en se confrontant à un nouvel environnement de travail. Mais ce n’est pas tout. Ils améliorent également leurs compétences linguistiques et culturelles en s’immergeant dans le pays et développent des compétences transversales (adaptabilité, autonomie, esprit d’initiative).

C’est également un atout pour les entreprises qui voient revenir des jeunes plus murs, agiles et motivés”, ajoute Carole Grandjean. Une aubaine selon elle, particulièrement pour les plus petites entreprises. Sur les 837 000 apprentis que comptait la France en 2022, “8 sur 10 [étaient] dans des TPE/PME”, affirme la ministre.

Erasmus+ et l’apprentissage au cœur d’un rendez-vous à Bordeaux

Du 13 au 15 novembre, l’Agence Erasmus+ France / Education Formation a accueilli 140 participants (centre de formations, agences nationales, etc.) de 27 pays. Durant les trois jours, ils ont partagé les expériences et meilleures pratiques dans leurs Etats respectifs. 

Pour Nelly Fesseau, directrice de l’agence, il s’agit également d’apprendre à mieux connaitre nos différents systèmes de formation” et de “mettre en relation les participants pour monter de nouveaux projets”. A l’ordre du jour figuraient ainsi de nombreux ateliers autour de thèmes variés comme l’implication des entreprises dans les dispositifs ou la formation des référents mobilités.

La journée fait également écho à l’Année européenne des compétences, dont le but est de promouvoir l’acquisition des qualifications nécessaires à de bonnes perspectives professionnelles pour l’ensemble des citoyens de l’Union européenne.

Des freins persistants

Cette volonté de faire bénéficier les apprentis d’une mobilité ne date pas d’hier. Dès 1995, le programme Leonardo Da Vinci offre la possibilité d’effectuer des séjours à l’étranger. En 2002 est lancé le “processus de Copenhague” qui vise à renforcer la coopération entre Etats membres dans le domaine de l’enseignement et de la formation professionnelle. Parmi les priorités de ce processus figure l’accès à la mobilité.

Mais des années plus tard, le constat est le suivant : les apprentis sont peu nombreux à tenter l’aventure. Surtout, ces séjours sont quasi-exclusivement des séjours de courte durée, moins de 4 semaines. Or, pour pleinement tirer profit d’Erasmus+, “il faut des mobilités longues, une vraie immersion”, affirme Jean Arthuis. Alors député européen, il avait lancé en 2015 un projet pilote pour identifier les freins à des séjours plus longs.

Aujourd’hui président d’Euro App Mobility, une association qui veut développer la mobilité des apprentis, il estime que de nombreuses barrières demeurent. “Nous partageons l’objectif mais nous sommes prisonniers de nos législations nationales”, explique-t-il. Rémunération et maintien de la protection sociale durant le séjour sont les principaux problèmes soulevés. Auxquels peuvent s’ajouter des employeurs parfois réticents à laisser partir leurs apprentis, eux-mêmes inquiets à l’idée de se lancer. Sur place, ils peuvent également rencontrer d’autres difficultés, pour se loger notamment, ajoutent deux anciens bénéficiaires qui témoignent.

Des initiatives nationales pour y remédier

Les Etats membres mettent en œuvre des mesures pour tenter de convaincre les indécis. Au Danemark et en Allemagne, des réseaux ont été instaurés pour mettre en relation les apprentis déjà partis et ceux qui seraient tentés par l’expérience. En France, une nouvelle réglementation a mis en place en 2018 le “référent mobilité” dans les centres de formation d’apprentis (CFA). Dans chaque établissement, cette personne est chargée de développer la mobilité internationale. Selon l’Agence Erasmus+, trois-quarts des CFA se disent satisfaits du dispositif même s’ils avancent quelques pistes d’amélioration.

Pour aller plus loin, une proposition de loi déposée par le député Sylvain Maillard (Renaissance) est actuellement examinée par le Sénat après avoir reçu le feu vert de l’Assemblée nationale en mai dernier. Celle-ci “vise à faciliter la mobilité internationale des alternants, notamment en adaptant le contrat de l’apprenti pour assurer un maintien de son salaire pendant sa mobilité, ou encore en prévoyant des financements pour que le formateur ou le maître d’apprentissage accompagne le jeune”. Une nécessité pour construire un “espace européen de l’apprentissage”, souligne Carole Grandjean.

Dans l’esprit du gouvernement, la mobilité internationale doit contribuer à changer le regard sur l’apprentissage. Une étape nécessaire pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé : avoir un million d’apprentis en 2027.

De gauche à droite : Gérard Bobier, président de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat d'Indre et Loire, Jean Arthuis, président d'Euro App Mobility, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Sandro Gozi député européen et Nelly Fesseau, directrice de l'Agence Erasmus+ France Education Formation
De gauche à droite : Gérard Bobier, président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Indre et Loire, Jean Arthuis, président d’Euro App Mobility, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Sandro Gozi député européen et Nelly Fesseau, directrice de l’Agence Erasmus+ France Education Formation - Crédits : Sophie Pawlak / Agence Erasmus+ France

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