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Pourquoi 2023 a-t-elle été instituée Année européenne des compétences ?

Après la jeunesse en 2022, ce sont les compétences qui sont mises à l’honneur au niveau européen cette année. Le but est notamment de promouvoir l’acquisition des compétences nécessaires à de bonnes perspectives professionnelles pour l’ensemble des citoyens de l’Union européenne.

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Les Vingt-Sept ont, entre autres, fixé l’objectif de 60 % d’adultes formés annuellement d’ici à 2030 - Crédits : Toute l’Europe

Les tensions sur le marché du travail, et en particulier les pénuries de main-d’œuvre, constituent aujourd’hui un défi important dans les Etats membres de l’Union européenne. “Plus de 7 employeurs sur 10 reconnaissent des difficultés à trouver des travailleurs possédant les compétences dont ils ont besoin dans leur entreprise”, affirme Nicolas Schmit, commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux. Et les transitions numérique et écologique, en créant de nouveaux besoins, pourraient renforcer le phénomène…

Afin de préserver sa compétitivité et surtout “donner de bonnes perspectives professionnelles à tous les Européens”, comme l’énonce M. Schmit, l’UE doit donc investir dans les compétences. Faisant suite à une proposition d’Ursula von der Leyen lors de son discours sur l’état de l’Union en septembre 2022, les Vingt-Sept et les eurodéputés les ont ainsi placées au sommet de l’agenda en 2023. Une année qui met “l’accent sur le développement des compétences liées au marché de l’emploi et sur le soutien aux travailleurs et aux entreprises, y compris les PME”, explique le commissaire luxembourgeois.

Dans ce cadre, l’UE met en œuvre de nouvelles actions pour permettre aux citoyens et aux entreprises de se doter des compétences dont ils ont besoin, en s’appuyant sur les objectifs européens déjà définis en la matière. Les programmes existants, à l’instar d’Erasmus+, sont aussi mobilisés. L’Année européenne des compétences a officiellement été lancée le 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe et prendra fin le 8 mai 2024. Un site web lui est consacré.

Quels sont les objectifs de l’UE en matière de compétences ?

En mai 2021, lors d’un sommet à Porto au Portugal, les Etats membres, partenaires sociaux et institutions européennes ont fixé trois grands objectifs pour l’Europe sociale à l’horizon 2030. L’un d’entre eux concerne la formation et prévoit que 60 % des adultes puissent en bénéficier chaque année.

Etant donné l’impact très conséquent de la révolution numérique, l’UE s’est aussi dotée d’objectifs spécifiques pour 2030. Parmi eux, la cible de 80 % des habitants de l’UE en possession des capacités numériques de base ou encore la formation de 20 millions de spécialistes des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Présentée en 2020, la stratégie européenne en matière de compétences a, entre autres, établi des objectifs intermédiaires à atteindre d’ici à 2025 : 50 % d’adultes entre 25 et 64 ans bénéficiant de formation chaque année (contre 38 % en 2016, dernières données disponibles, les chiffres pour l’année 2022 sont à venir prochainement), 30 % parmi les moins qualifiés (18 % en 2016) et 20 % chez les chômeurs (11 % en 2019), ainsi que 70 % d’adultes de 16 à 74 ans dotés des compétences numériques de base (56 % en 2019).

Quelles sont les principales actions européennes en faveur des compétences prévues en 2023 ?

L’une des priorités pour 2023 est de rapidement concrétiser la stratégie européenne en matière de compétences. Plusieurs points figurant dans cette feuille de route doivent en effet concourir à développer le recours aux formations parmi les travailleurs.

La stratégie a notamment pour but de mettre en place une approche européenne du compte professionnel de formation (CPF), qui permet aux salariés et demandeurs d’emploi de financer leurs besoins de formation sur fonds publics. Ou encore en termes de microcertification, qui offre une reconnaissance des compétences acquise après une courte période d’apprentissage. 

Le Pacte sur les compétences est aussi mis en avant. Celui-ci a vocation à rapprocher organisations publiques et privées et à les encourager à s’engager concrètement en faveur de la formation continue, que ce soit dans une logique de perfectionnement ou de reconversion.

Autre priorité au cours de l’Année européenne des compétences, promouvoir les mobilités, en particulier celles des apprentis et du personnel de la formation professionnelle. A terme, l’objectif est de bâtir un “véritable espace européen de l’éducation”, selon Nicolas Schmit.

Aujourd’hui, la mobilité des apprentis est déjà possible grâce à Erasmus+, mais ces derniers ne représentent que 15 % des bénéficiaires du programme, selon l’Agence Erasmus+ France. Pour le commissaire à l’Emploi et aux Droits sociaux, l’apprentissage à l’étranger devrait être une “norme plutôt qu’une exception”. La Commission européenne présentera ainsi une proposition de recommandation du Conseil relative à un nouveau cadre de mobilité à des fins d’apprentissage, prévue pour septembre 2023.

Ce texte vise à supprimer les obstacles à la mobilité des apprentis, tout en renforçant son inclusivité sociale et sa durabilité environnementale. L’apprentissage numérique sera par ailleurs encouragé par la recommandation.

La Commission a aussi pris la décision de réviser le cadre européen de qualité pour les stages, mis en place en 2014. Une modification destinée à mieux garantir des conditions de travail adéquates aux stagiaires, de même qu’une rémunération juste et l’accès à la protection sociale.

Quels financements européens peuvent être mobilisés pour les compétences ?

Les actions en matière de compétences peuvent s’appuyer sur une multitude de fonds et programmes européens.

Une importante source de financement mobilisable est le Fonds social européen plus (FSE+), d’un budget supérieur à 99 milliards d’euros entre 2021 et 2027, pouvant notamment être utilisés en faveur des ressources humaines. Des projets ciblant les compétences entrent aussi dans le champ d’action du plan de relance européen. Mis en place lors de pandémie de Covid-19, celui-ci prévoit 750 milliards d’euros de subventions et de prêts pour les Vingt-Sept.

Erasmus+, avec un budget de 26,2 milliards d’euros pour la période 2021-2027, finance des mobilités européennes pour des publics variés. Si le programme pour les étudiants est le plus connu, les élèves du système scolaire peuvent aussi en bénéficier, tous comme les enseignants et apprenants, les travailleurs au sens large ou encore les demandeurs d’emploi.

Pour des publics plus spécifiques figure notamment le programme pour une Europe numérique. Les 580 millions d’euros dont il est doté visent à développer des compétences numériques de haut niveau et à soutenir la mise en place d’un réservoir d’experts dans ce domaine. Horizon Europe s’adresse quant à lui en premier lieu aux chercheurs et encourage la recherche et l’innovation sur le Vieux Continent.

Parmi d’autres programmes européens dont les fonds peuvent financer des actions bénéficiant à l’acquisition des compétences se trouve par exemple InvestEU, qui doit permettre de lever 372 milliards d’euros d’investissements dans l’UE d’ici à 2027. Ou encore le Fonds pour une transition juste (FTJ, budget de 17,5 milliards d’euros entre 2021 et 2027), prévu pour aider les régions les plus dépendantes des énergies fossiles dans la transition écologique. En France, six régions sont concernées (Auvergne Rhône-Alpes, Grand Est, Hauts-de-France, Normandie, Pays de la Loire et SUD-Paca).

Quels événements sont au programme de l’Année européenne des compétences ? 

Jusqu’à mai 2024, plusieurs manifestations auront lieu dans toute l’Union pour promouvoir ses objectifs liés aux compétences. A l’instar de la conférence “Making Skills Count” (“Faire valoir les compétences”) les 8 et 9 juin, la Semaine de l’enseignement et de la formation professionnels du 23 au 27 octobre ou encore un Forum sur l’emploi et les droits sociaux du 11 au 16 novembre.

Au cœur de l’Année européenne des compétences se trouvera le championnat de jeunes professionnels EuroSkills, organisé à Gdańsk en Pologne du 5 au 9 septembre. Cette compétition se tenant tous les deux ans rassemble 600 participants issus de 32 pays d’Europe. Ceux-ci s’affrontent lors d’épreuves techniques où ils sont à la fois jugés sur leur rapidité mais aussi leur précision et leur efficacité.

Une carte interactive recensant les événements liés à l’Année européenne des compétences est disponible en ligne.

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