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Soutien à l’investissement : le programme européen InvestEU lancé en France

Mobiliser plus de 370 milliards d’euros d’investissements dans l’Union européenne d’ici à 2027. Tel est l’objectif du programme InvestEU, dont la déclinaison française a été présentée le 27 janvier, lors d’un événement de lancement au ministère de l’Economie.

InvestEU doit jouer un rôle de premier plan en matière de "stratégie industrielle européenne" et de "Pacte vert pour l'Europe", a affirmé vendredi 27 janvier le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni (ici à Bruxelles en novembre dernier) - Crédits : Jennifer Jacquemart / Commission européenne
InvestEU doit jouer un rôle de premier plan en matière de “stratégie industrielle européenne” et de “Pacte vert pour l’Europe”, a affirmé vendredi 27 janvier le commissaire européen à l’Economie Paolo Gentiloni (ici à Bruxelles en novembre dernier) - Crédits : Jennifer Jacquemart / Commission européenne

L’investissement est la clé de notre indépendance. Indépendance nationale, indépendance européenne”. En ouverture de l’événement à Bercy de lancement d’InvestEU en France, les mots du ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire ont donné le ton pour le reste de la journée. Car les parties prenantes du programme européen, représentées lors de la rencontre, n’ont cessé de marteler l’importance stratégique des investissements pour l’Europe. Un sujet des plus sensibles alors que l’Inflation Reduction Act (IRA) américain et ses 370 milliards de dollars de subventions suscitent des craintes quant à la compétitivité de l’Union européenne.

Successeur du plan Juncker, du nom du prédécesseur d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, le programme InvestEU a pour objectif de réitérer les succès du premier (près de 550 milliards d’euros investis entre 2015 et 2020), et d’ainsi mobiliser 372 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2027. Cette somme doit être atteinte à partir de 26,2 milliards d’euros de garantie budgétaire de l’UE, qui attireront par effet de levier des investissements publics et privés.

Avec en ligne de mire des financements qui bénéficieront à une large variété d’acteurs économiques, des bailleurs de logements sociaux aux grands équipementiers automobiles, en passant par nombre de PME et de collectivités.

Au service des priorités européennes

L’UE s’est fixée pour objectif d’être neutre en carbone à l’horizon 2050 dans le cadre de son Pacte vert pour l’Europe. Et InvestEU a été pensé pour contribuer à la réalisation de cette ambition. Au moins 30 % des financements du programme devront en effet être consacrés à la lutte contre le changement climatique ou à l’atténuation de ses effets.

L’objectif est en phase avec celui de la Banque européenne d’investissement (BEI), principal partenaire financier d’InvestEU, qui s’était donnée en 2020 pour but d’atteindre 50 % de financements dédiés au climat d’ici à 2025. Cible déjà dépassée à l’échelle de l’UE, cette part atteignant même “plus de 70 % en France”, a fait savoir le vice-président de la BEI Ambroise Fayolle, présent à Bercy.

Financer la lutte contre le changement climatique revient bien souvent à renforcer “l’indépendance et l’autonomie stratégique européenne”, pour reprendre les termes de M. Fayolle. Comme en témoignent les premiers projets français ayant déjà pu être soutenus par des prêts issus d’InvestEU. A l’instar d’un crédit de 315 millions d’euros accordé par le groupe BEI à Faurecia, septième équipementier automobile au monde.

La somme doit notamment permettre à l’entreprise de développer sa filière hydrogène, énergie appelée à jouer un rôle majeur dans la sortie de l’UE de sa dépendance aux énergies fossiles. Une situation brutalement mise en lumière par la guerre en Ukraine et ses conséquences.

Le prêt de 130 millions d’euros attribué par la BEI à Loxam, quatrième société mondiale de location de matériel et d’outillages, s’inscrit également dans cette dynamique. L’entreprise s’est engagée à réduire d’au moins 50 % d’ici à 2030 les émissions carbone directes de ses agences et véhicules et de 30 % ses émissions indirectes. Le financement obtenu via InvestEU lui permet donc d’accélérer le remplacement de sa flotte de véhicules de location consommateurs d’énergies fossiles par des équipements électriques et faiblement émetteurs de CO2.

Au plus près des territoires

La mise en œuvre d’InvestEU repose principalement sur la BEI et sa filiale le Fonds européen d’investissement (FEI), mais aussi sur d’autres partenaires financiers du programme. Des organisations qui agissent à plus ou moins grande échelle, telles que la Banque du Conseil de l’Europe (CEB), mais aussi la Caisse des dépôts (CDC), dont l’action ne concerne que la France, et sa filiale Bpifrance dédiée aux petites et moyennes entreprises (PME et ETI).

Directeur général de la CDC, Eric Lombard explique ainsi qu’InvestEU permettra à l’institution qu’il dirige de travailler davantage “au plus près du terrain”. Car son rôle est notamment d’investir au sein des collectivités locales et territoriales dans des projets qui seraient jugés pas assez rentables par les investisseurs privés à court terme, mais considérés profitables au contribuable sur le long terme par la CDC. Bpifrance a, par exemple, obtenu 276 millions d’euros de garanties à travers InvestEU. Ces fonds seront consacrés au soutien des PME innovantes, de l’industrie et des secteurs créatifs.

Quant à la Banque du Conseil de l’Europe, institution ayant vocation à protéger “les plus vulnérables” selon sa vice-gouverneure Sandrine Gaudin, les 160 millions d’euros d’InvestEU devraient lui permettre d’assumer son mandat social. Que ce soit auprès des écoles, en matière de logement social ou encore de formation.

Si “les perspectives économiques de 2023 restent incertaines”, comme l’a affirmé le commissaire européen à l’Economie Paolo Gentiloni en clôture de l’événement, le programme a justement vocation à assurer la compétitivité de l’Europe dans les secteurs stratégiques. Afin de surmonter cette période et de se projeter sur le plus long terme. Le commissaire a lui aussi souligné le rôle du programme à jouer en termes de “stratégie industrielle européenne” et de “Pacte vert pour l’Europe”.

Mais InvestEU n’est qu’une réponse parmi d’autres aux questions de compétitivité dans l’UE. Le responsable européen a ainsi évoqué d’autres axes de l’Union pour affirmer sa souveraineté économique. Tels que le plan de sortie des énergies fossiles REPowerEU ou encore la réforme des critères de convergence présentée en novembre et actuellement en discussion. M. Gentiloni a également mis en avant l’idée d’un “fonds souverain européen”, piste avancée par Ursula von der Leyen en septembre dernier. “Une réponse commune est essentielle pour que l’UE puisse relever le défi de l’IRA américain et surtout ceux de la politique industrielle chinoise et des prix élevés de l’énergie”, a-t-il affirmé.

Les trois piliers d’InvestEU

  • Le fonds InvestEU. Garantie budgétaire de 26,2 milliards d’euros destinée à mobiliser plus de 372 milliards d’euros d’investissements publics et privés d’ici à 2027 ;
  • La plateforme de conseil InvestEU. Soutien et assistance techniques aux porteurs de projet ;
  • Le portail InvestEU. Mise en relation des investisseurs et des porteurs de projet.

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