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Industrie : Joe Biden promet des ajustements de l’Inflation Reduction Act, sujet de tension pour les Européens

Le président des Etats-Unis s’est déclaré prêt à corriger d’éventuels “ratés” de son paquet de mesures de plus de 400 milliards de dollars, destiné à soutenir la transition écologique. En visite à Washington depuis mercredi 30 novembre, Emmanuel Macron avait fait part des critiques européennes vis-à-vis du plan américain.

Emmanuel Macron (ici à Rome avec Joe Biden en 2021) comptait aussi porter la voix de ses partenaires européens à Washington
Emmanuel Macron (ici à Rome avec Joe Biden en 2021) comptait aussi porter la voix de ses partenaires européens à Washington - Crédits : Maison Blanche

L’heure est à l’apaisement entre Joe Biden et Emmanuel Macron”, constate Le Point. Alors que le président français est en visite à Washington depuis mercredi, son homologue américain a déclaré hier que son vaste plan d’aides aux entreprises comporterait nécessairement “des ratés et que [nous devons] opérer des ajustements” [Politico].

Les tensions s’étaient accentuées entre l’Union européenne et les Etats-Unis après le vote à l’été par le Congrès américain [de ce paquet] qui prévoit 420 milliards de dollars d’investissements, dont une part importante sous forme de subventions et de réductions d’impôts, en particulier pour les véhicules électriques, les batteries et les projets d’énergies renouvelables”, rappelle Le Point.

Baptisé “IRA” pour “Inflation Reduction Act”, le texte était vivement critiqué sur le Vieux Continent depuis plusieurs semaines. “Le principal reproche de l’UE […] est que de vastes pans de l’IRA sont réservés aux entreprises fabriquant des produits en Amérique (ou dans ses voisins immédiats, le Canada et le Mexique)”, explique The Economist. En conséquence, les Européens craignent “des délocalisations massives d’entreprises européennes ou américaines ayant investi en Europe et qui préféreront fabriquer sur le sol américain pour pouvoir bénéficier de ces aides” [Les Echos].

De l’eau dans le vin américain ?

Or le président des Etats-Unis “a profité de la visite d’Etat du président français […] pour apaiser la colère des Européens”, selon Der Tagesspiegel. “Nous pouvons apporter des modifications qui permettront aux pays européens d’y participer plus facilement”, a déclaré le locataire de la Maison-Blanche à propos de sa législation [Süddeutsche Zeitung].

Reste à voir ce que [Joe] Biden propose exactement, si tant est qu’il propose quelque chose”, tempère Politico. “Les Européens font pression pour obtenir des dérogations à l’IRA qui permettraient aux constructeurs automobiles de l’UE de bénéficier d’avantages fiscaux américains même si les véhicules sont fabriqués en dehors des Etats-Unis”, rapporte le média.

Il y a peu de chance de voir les Etats-Unis toucher à un texte très populaire dans certains Etats”, fait toutefois savoir la RTS. La radio-télévision suisse relève qu’une modification de la loi, désormais adoptée, serait “hasardeuse” : les Républicains, qui “ont dénoncé le coût du plan et rejettent les objectifs climatiques qui y sont associés”, auront la majorité à la Chambre des représentants dès janvier.

Un “test” pour la “souveraineté européenne

Ce n’est pas la première fois que l’Union européenne se retrouve dans une position délicate à cause des décisions unilatérales de son allié transatlantique”, rappelle de son côté Le Temps. Le quotidien suisse énumère plusieurs dossiers commerciaux ou diplomatiques ayant “empoisonné les relations bilatérales”, comme l’ancienne “taxe punitive” sur l’acier et l’aluminium européens finalement “levée l’an dernier par Joe Biden”. Dans le contexte de la guerre en Ukraine et des rivalités avec la Chine, “le président français n’a pas tort lorsqu’il affirme qu’il existe un risque quela France et l’Europe deviennent une variable d’ajustement’ ”, estime Le Monde.

Ainsi, le voyage du président français avait-il surtout valeur de “test” pour la “souveraineté européenne” [Le Monde]. Depuis Washington, Emmanuel Macron “[s’adressait] plus aux Européens qu’à un Joe Biden désolé d’embarrasser ses alliés, mais pas au point de changer sa politique”, abonde Pierre Haski [France inter]. Les concessions affichées par Joe Biden pourraient même “paradoxalement saper la campagne de Macron pour que l’UE mette en place sa propre réponse protectionniste à l’IRA” [Politico].

Les Etats-Unis ne semblent d’ailleurs pas opposés au projet de “Buy European Act”, cette “loi pour acheter européen” soutenue par la France [France inter]. La représentante américaine au Commerce Katerine Tai avait ainsi suggéré que l’Europe réponde à l’IRA par un programme équivalent, relève The Economist. Celui-ci pourrait toutefois s’avérer risqué et creuser encore le “fossé entre les grands pays de l’UE, dotés de gouvernements aux poches profondes et de grandes entreprises mondiales, et les petits pays qui n’ont ni l’un ni l’autre”, met en garde l’hebdomadaire britannique.

Une chose est sûre, le temps presse : dès le 1er janvier 2023, les voitures électriques assemblées aux Etats-Unis, au Canada ou au Mexique bénéficieront d’un premier crédit d’impôt de 3 750 dollars” [La Tribune]. “Afin d’éviter l’hémorragie économique, Bruxelles a donc dans le viseur la date du 5 décembre pour obtenir des avancées, jour où se réunit le Conseil commerce et technologie (CCT) UE-Etats-Unis, une instance censée coordonner les politiques commerciales et industrielles des deux espaces économiques”, conclut le journal.

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