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Retraites : quels systèmes chez nos voisins européens ?

Le calcul des droits à la retraite est différent d’un pays de l’Union européenne à l’autre. Alors que la France a réformé ses retraites en avril dernier, Toute l’Europe fait le point sur les modèles en vigueur.

La retraite de base des salariés est déterminée selon 3 principaux modes de calcul : les annuités, les points ou les comptes notionnels
Dans l’Union européenne, la retraite de base des salariés est déterminée selon 3 principaux modes de calcul : les annuités, les points ou les comptes notionnels - Crédits : macgyverhh / iStock 

Modes de calcul, âge de départ, procédures administratives, régimes spéciaux… La retraite est, pour beaucoup d’Européens, un véritable casse-tête. Et dans l’UE, on trouve aujourd’hui à peu près autant de régimes que d’Etats.

Comment les retraites sont-elles financées ?

Au départ, on distingue deux grands types d’organisation des retraites : le modèle dit “bismarckien” et le modèle “beveridgien” .

Le premier, né en Allemagne, est basé sur le principe de “contributivité : chaque ancien travailleur touche une retraite en fonction de ce qu’il a cotisé au cours de sa carrière. Les pensions sont généralement gérées par les partenaires sociaux (syndicats de salariés et organisations patronales).

Le second modèle, né en Angleterre, s’appuie sur les principes de solidarité et de “redistributivité : il repose sur une couverture universelle organisée par l’Etat et financée par les impôts.

Aujourd’hui, tous les pays européens ont adopté des systèmes mixtes, même si ces derniers peuvent encore pencher davantage d’un côté que de l’autre : les retraites sont à la fois financées par les revenus des travailleurs et par l’Etat, qui garantit un revenu minimum aux plus démunis (c’est le cas en France depuis 1956).

S’agissant des contributions des travailleurs pour financer les retraites, elles sont principalement organisées de deux manières :

  • La retraite par répartition s’articule autour de l’idée de “pacte générationnel” : ce sont les cotisations des actifs qui financent les pensions des retraités.
  • Au contraire, dans un système par capitalisation, chaque employé met de l’argent de côté pour sa propre retraite.

Tous les Etats de l’UE ont adopté un système par répartition, complété de manière obligatoire ou facultative par une retraite par capitalisation.

En France, comme dans beaucoup d’autres Etats européens, la retraite s’appuie donc sur plusieurs régimes à la fois, qui forment trois piliers :

  • Le régime de base, financé par répartition et obligatoire ;
  • le régime complémentaire obligatoire, financé par répartition ;
  • et les régimes supplémentaires facultatifs (obligatoires pour certaines professions libérales et dans certaines entreprises).

Comment les pensions sont-elles calculées ?

Il existe trois manières principales de calculer le montant des pensions de base touchées par les retraités européens : le régime en annuités, les retraites à points et les “comptes notionnels” .

La formule mathématique varie selon l’option retenue, mais de façon générale, “l’effort contributif” (la durée du travail et les revenus) et l’âge de départ à la retraite (ou âge de liquidation) de l’ancien travailleur sont pris en compte pour calculer ses droits à la retraite.

  • Le régime en annuités est utilisé, en ce qui concerne uniquement le régime de base, par quinze Etats membres de l’Union européenne dont la France. Le calcul dont il résulte dépend de trois facteurs : le salaire de référence, la durée de cotisation (nombre d’années ou de trimestres travaillés) et le taux d’annuité (ou taux de liquidation, maximal lorsque le retraité remplit une double condition d’âge et de durée totale validée).
  • Le système de retraite à points s’appuie sur les cotisations versées au fil de la carrière, converties en points. Ainsi, le montant de la retraite dépend du nombre de points accumulés, du “prix” attribué à chaque point (déterminé chaque année par les partenaires sociaux en France) et de l’âge de départ. On retrouve ce système dans cinq Etats membres de l’UE dont l’Allemagne (régime de base), mais aussi en France pour les retraites complémentaires.
  • Les comptes notionnels sont quant à eux présents dans cinq Etats membres, dont l’Italie et la Suède. Les actifs accumulent un capital “virtuel” qui correspond à la somme des cotisations versées. Lors du départ à la retraite, ce capital leur est reversé suivant un coefficient de conversion qui prend en compte leur espérance de vie au moment de leur départ et le taux de revalorisation.

Toutefois, même lorsqu’ils appliquent le même mode de calcul de base, le montant final des pensions touchées par les retraités peut être très différent d’un pays à l’autre de l’UE. Par exemple, l’Etat peut choisir de majorer le montant des pensions en fonction du nombre d’enfants, ou bien de l’indexer sur l’augmentation des salaires ou des prix.

De même, les âges légaux de départ à la retraite diffèrent dans plusieurs Etats et peuvent être assortis d’un système de bonus/malus (surcote/décote) encourageant les individus à travailler plus longtemps.

En outre, certains pays cumulent plusieurs régimes de retraites différents selon les corps de métiers (régime général pour les salariés du privé, régimes spéciaux pour les fonctionnaires, commerçants, exploitant agricoles, par exemple…). En France, la réforme des retraites entrée en vigueur le 1er septembre, qui reporte progressivement l’âge de départ de 62 à 64 ans, est aussi venue supprimer la plupart de la quarantaine des régimes spéciaux existant auparavant. 

Enfin, les Etats membres peuvent aussi avoir recours à des régimes complémentaires. En France, si le régime de base repose sur un système par annuités, les retraites complémentaires des salariés du privé se calculent par points.

Quelles différences entre systèmes ?

Ces trois systèmes présentent une différence majeure : le système par annuités est un mode de calcul auquel on se réfère souvent comme étant à “prestations définies”. C’est-à-dire qu’un salarié, en entamant sa carrière, sait combien de trimestres lui seront nécessaires, peut anticiper le montant de son salaire et connaît le taux de liquidation, qui est garanti. Il peut donc globalement savoir quelle pension lui sera versée à son départ à la retraite, s’il ne change pas de régime.

Au contraire, les systèmes en points et en comptes notionnels font partie des régimes dits à “cotisations définies” : le salarié connaît le montant de ses cotisations annuelles, mais ne peut véritablement prévoir le montant de sa retraite, puisque la valeur du point ou du coefficient de conversion n’est pas garantie. La valeur du point dépend de nombreuses variables démographiques et économiques nationales (population en vie, espérance de vie, situation économique…). Il est donc plus complexe d’anticiper sa pension. 

PaysSystème de retraite
AllemagnePoints
AutricheAnnuités
BelgiqueAnnuités
BulgarieAnnuités
ChyprePoints
CroatiePoints
Danemark Comptes notionnels
EspagneAnnuités
EstoniePoints
FinlandeAnnuités
FranceAnnuités
GrèceAnnuités
HongrieAnnuités
IrlandeMixte (voir carte)
ItalieComptes notionnels
LettonieComptes notionnels
LituanieAnnuités
LuxembourgAnnuités
MalteAnnuités
Pays-BasAnnuités
PologneComptes notionnels
PortugalAnnuités
République tchèqueAnnuités
RoumaniePoints
SlovaquiePoints
SlovénieAnnuités
SuèdeComptes notionnels
Sources : Commission européenne, Missoc

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4 commentaires

  • Avatar privé
    G. Raccaro

    Aucun système actuel ne répond à l’équité en matière de retraites. En effet, un retraité est un non-productif, quelque ait pu être son passé professionnel. Ceci signifie que tout retraité doit toucher le même montant, modulé par les années de service. Si les gros salaires se sentent lésés, ils ont la possibilité de conclure des contrats d’assurance vieillesse durant les années d’activité.

    • Avatar privé
      mibaz

      Affirmer que le retraité est un non-productif me semble erroné si on considère la contribution des retraités au fonctionnement des associations et à l’assistance familiale.

  • Avatar privé
    ouchet

    Bonjour,
    Je veux connaître le temp d année cotisee dans chaque pays européen.

  • Avatar privé
    HEULIN

    Bonjour,
    La construction du contrat social français n’est pas identique à d’autres pays de l’UE, cela ne peu se régler que sur un diagnostic exhaustif et surtout des transitions progressives adatptées (vers un régime unique, moins d’inégalité, situations des femmes des années 60 qui on fait bouger bcp de choses, taxes sur les plues vallues des grandes fortunes, taxes sur les retraites aisées..) Il existe des leviers. Véronique