Si la consommation des produits issus de l’agriculture biologique est victime de l’inflation actuelle, ceux-ci s’étaient peu à peu imposé dans les habitudes des Européens. En un peu plus de 10 ans, la valeur de leur vente avait progressé de 128 % sur le Vieux Continent, passant de 18 milliards d’euros en 2009 à 44,8 milliards d’euros en 2020. Cette année-là, les consommateurs ont en moyenne dépensé 102 euros par personne pour des produits bio. Mais de manière très inégale : les Danois y ont consacré 384 euros en moyenne, contre seulement 2 euros pour les Roumains ou les Portugais.
Cet article est réalisé en partenariat avec Le Drenche. Chaque mois, le journal propose l’actualité sous forme de débats pour vous aider à vous faire votre propre opinion. Consultez le débat du mois qui accompagne ce décryptage dans le cadre du dossier “Comprendre l’Europe”.
Un label commun
Pour répondre à cette demande et s’y retrouver plus facilement, les Européens disposent depuis 2010 d’un label européen : l’Eurofeuille. Il certifie que les produits sont conformes à la réglementation européenne en matière d’agriculture bio, qu’ils soient produits ou non sur le continent. Il garantit ainsi que certaines exigences strictes en matière de production, de traitement, de transport et de stockage sont respectées.
En plus du logo (ci-dessus) doivent figurer également un code correspondant à l’organisme certificateur ainsi que le lieu de production (UE / non UE).
Pour recevoir le label, un produit doit être 100 % bio. Si ce dernier est transformé, il doit alors contenir au moins 95 % d’ingrédients bio, les 5 % restants devant eux aussi respecter certaines conditions. Aussi, l’agriculture bio n’utilise pas d’organismes génétiquement modifiés (OGM) et limite les engrais artificiels ainsi que les pesticides chimiques.
Depuis son lancement en 2010, ce label s’est peu à peu fait connaître auprès des consommateurs. Selon les résultats d’un Eurobaromètre (sondage à l’échelle de l’UE) publié en 2022, 61 % d’entre eux affirment connaître le logo européen, contre 27 % en 2017.
Des exigences revues à la hausse
Entrée en vigueur au 1er janvier 2022, une révision de la législation est venue revoir le cahier des charges à la hausse. Au-delà d’un durcissement des contrôles sur les importations, de nouvelles mesures visent à éviter la contamination des cultures bio par des pesticides chimiques ou des engrais synthétiques.
Le texte allonge par ailleurs la liste des produits couverts par le règlement européen : s’y ajoutent les lapins, les cervidés, les huiles essentielles ou encore le sel.
Eurofeuille / AB : quelles différences ?
Sur certains produits, il n’est pas rare de voir deux logos différents : l’Eurofeuille européen et le label AB (pour agriculture biologique). Pour autant, il n’existe plus aucune différence entre les deux depuis 2009.
Le second a été mis en place par le ministère de l’Agriculture dès 1985. A l’image des autres labels nationaux, il est depuis 2009 aligné sur le cahier des charges européen. Il n’est donc plus obligatoire sur les emballages mais continue parfois d’y figurer, compte tenu de sa forte notoriété.
Surfaces agricoles bio : de 9 à 25 % d’ici 2030 ?
A côté de la consommation, le bio occupe de plus en plus de terres cultivées : un peu plus de 9 % des surfaces agricoles y étaient consacrés en 2020, contre 5,1 % en 2010. Là encore, les Etats membres affichent d’importantes différences. Si l’Autriche frôle les 26 % de terres agricoles bio, Malte dépasse péniblement les 0,6 %. Avec 8,7 %, la France se situe très légèrement en dessous de la moyenne européenne.
Pour tous ces pays, la tendance à la hausse devrait toutefois se poursuivre. Dans le cadre de sa stratégie “de la ferme à la table” présentée en mai 2020, la Commission européenne entend promouvoir “un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement”. Parmi les objectifs affichés, qui doivent encore être déclinés à travers différents textes législatifs, l’exécutif européen souhaite que 25 % des terres agricoles soient consacrées au bio d’ici 2030. Pour l’heure, seule l’Autriche dépasse donc ce seuil.
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