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Qui est Donald Tusk, Premier ministre polonais et ancien président du Conseil européen ?

Récent vainqueur des élections législatives polonaises à la tête d’une coalition centriste, Donald Tusk est redevenu Premier ministre le 13 décembre 2023. Successivement syndicaliste, entrepreneur, député et sénateur, l’ancien président du Conseil européen fait un retour de premier plan sur la scène nationale après un passage remarqué à Bruxelles.

Une semaine après la victoire aux législatives, Donald Tusk a rendu visite à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen
Le 25 octobre dernier, quelques jours après son succès électoral, Donald Tusk était à Bruxelles pour rencontrer la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen - Crédits : Dati Bendo / Commission européenne

Comme un symbole. Le 25 octobre dernier, une semaine après le succès de la coalition centriste lors des élections législatives polonaises qu’il menait, Donald Tusk était de retour à Bruxelles. En marge d’un sommet du Parti populaire européen (PPE), l’ancien président du Conseil européen a rencontré la présidente de la Commission Ursula von der Leyen avec un objectif en tête : remettre la Pologne “au centre de la scène européenne”, explique-t-il alors. 

Neuf ans après avoir quitté le poste, le natif de Gdańsk est officiellement redevenu Premier ministre le 13 décembre 2023 après avoir prêté serment devant le président Andrzej Duda et présenté son gouvernement au Parlement polonais. Durant son absence, son pays s’est éloigné de Bruxelles avec la prise de pouvoir du parti conservateur Droit et justice (PiS), pendant que lui occupait des fonctions au niveau européen. De retour au pouvoir, Donald Tusk souhaite désormais y remédier. 

Du syndicalisme à la politique

Après une scolarité classique dans sa ville natale, Donald Tusk s’oriente vers des études d’histoire durant lesquelles il prend des positions hostiles au régime communiste en place. Il se rapproche notamment du syndicat Solidarność, créé après un mouvement de grévistes sur les chantiers navals de Gdańsk en 1980. L’Association indépendante des étudiants (NZS), fondée la même année par le jeune Donald Tusk, rejoint d’ailleurs le syndicat dirigé par Lech Wałęsa.

Mais rapidement, la situation en Pologne se détériore et l’imposition de la loi martiale par le général Jaruzelski en décembre 1981 le pousse à entrer dans la clandestinité. Durant ces années, il travaille comme vendeur de pain ou encore comme ouvrier spécialisé. Mais c’est également pendant cette période qu’il se forge ses opinions politiques. Dans le mensuel “Revue politique” qu’il lance en 1983, il prône le libéralisme économique et la démocratie libérale. 

Après la chute du communisme, ces réflexions vont se concrétiser sur la scène politique. Dès 1990, Donald Tusk participe à la fondation du parti du Congrès libéral-démocrate. Une initiative qui le fait entrer une première fois (1991-1993) à la Diète, la chambre basse du Parlement polonais, l’année suivante. Puis c’est au Sénat qu’il pénètre en 1997. 

En 2001, des tensions éclatent dans son parti de l’époque. Il fonde alors la Plateforme civique (PO), dont il assure de nouveau la présidence aujourd’hui. Un nouveau mouvement avec lequel Donald Tusk se présente à l’élection présidentielle en mai 2005 face au parti Droit et justice (PiS) des frères Kaczynski. Arrivé en tête au premier tour avec 36 % des voix, il s’incline finalement lors du second. 

C’est à la tête gouvernement qu’on le retrouve deux ans plus tard. Après les élections anticipées d’octobre 2007, Donald Tusk devient Premier ministre et y reste jusqu’en 2014. La crise économique de 2008 est notamment l’occasion pour le nouveau chef de l’exécutif de faire ses preuves en évitant la récession à son pays.

Une carrière européenne

Depuis son entrée en politique, Donald Tusk a toujours soutenu l’intégration politique et économique de son pays au sein de l’Union européenne. Une position qui tranche avec celle du PiS eurosceptique, au pouvoir depuis 2015. 

Cette aspiration le conduit au poste de président du Conseil européen, où il succède à Herman Van Rompuy, premier titulaire du poste. Sa nomination en août 2014 est accueillie comme un symbole, 10 ans après l’entrée de la Pologne dans l’Union européenne. Avant lui, Jerzy Buzek - également membre de la plateforme civique - était le seul Polonais à avoir présidé une institution européenne, le Parlement européen de 2009 à 2012. Mais à l’époque, rares sont encore les représentants des pays d’Europe centrale et orientale aux postes clés de l’Union européenne. En 2017, Donald Tusk est même réélu pour un second mandat de deux ans et demi, avant de laisser sa place au Belge Charles Michel. 

Mais le Polonais ne quitte pas Bruxelles pour autant et prend ses quartiers quelques rues plus loin. Le 20 novembre 2019, il est élu président du Parti populaire européen (PPE), première force politique du Parlement européen dont est également issue la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. 

Le retour au pouvoir 

Donald Tusk ne résiste alors pas longtemps aux sirènes nationales. En 2021, il reprend la tête de la Plateforme civique, sept ans après l’avoir quittée. L’année suivante, il abandonne également ses fonctions à la tête du PPE pour rentrer en Pologne. Avec une échéance dans le viseur : les élections législatives d’octobre 2023.

Après huit années au pouvoir, le PiS a distendu les liens de la Pologne avec l’Union européenne, s’opposant frontalement avec Bruxelles sur de nombreux sujets : l’indépendance de la justice, la primauté du droit européen ou encore les droits des LGBT. Un conflit qui a notamment valu à Varsovie le gel de fonds issus du plan de relance européen.

Mené par le Premier ministre sortant Mateusz Morawiecki, le parti ultraconservateur arrive en tête des élections du 15 octobre 2023 avec 36,6 % des suffrages, contre 31 % pour la Plateforme civique de Donald Tusk. Mais les bons scores de Troisième voie (13,5 %) et de la Gauche (8,6 %) placent l’opposition polonaise en bonne posture pour former une nouvelle coalition gouvernementale.

Après avoir logiquement échoué à obtenir la confiance de la Diète, Mateusz Morawiecki a donc laissé sa place à Donald Tusk. Le 11 décembre, c’est bien lui qui est parvenu à réunir une majorité de députés derrière lui (248 pour, 201 contre). Deux jours plus tard, il prête serment pour redevenir officiellement Premier ministre.

Les ambitions de son gouvernement sont élevées. Il entend par exemple rétablir le droit à l’avortement, remis en cause pendant la mandature du PiS. Mais aussi renouer les liens avec l’Union européenne. 

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