Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Revue de presse

Espagne : l’opposition dans la rue contre le projet d’amnistie des indépendantistes catalans

Des dizaines de milliers d’Espagnols ont manifesté ce dimanche 12 novembre contre l’accord conclu entre le Premier ministre socialiste et les partis indépendantistes catalans. En échange du soutien de ces derniers au nouveau gouvernement, Pedro Sánchez promet une loi d’amnistie pour les séparatistes poursuivis par la justice.

Premier ministre depuis 2018, Pedro Sánchez est forcé de trouver de nouveaux soutiens au sein du Parlement pour éviter de nouvelles élections législatives en Espagne - Crédits : Conseil européen
Premier ministre depuis 2018, Pedro Sánchez est forcé de trouver des soutiens au sein du Parlement pour éviter de nouvelles élections législatives en Espagne - Crédits : Conseil européen

Si Pedro Sánchez a réussi cet été son pari risqué dans les urnes, ce dimanche 12 novembre, la droite et l’extrême droite espagnole ont réussi le leur dans la rue”, pouvait-on lire dans Libération hier soir. “A Madrid, Saragosse, Séville, Tolède, Malaga, Valence, Bilbao, Barcelone… Dans toute l’Espagne, une même foule conservatrice mue par une même colère contre le Premier ministre sortant, accusé d’avoir pactisé avec le diable catalan pour se maintenir au pouvoir, a défilé contre le ‘traître’ socialiste sous les drapeaux sang et or”, poursuit le quotidien français.

En cause, l’accord conclu la semaine dernière “par le Premier ministre Pedro Sánchez avec les partis séparatistes catalans pour rester au pouvoir”, explique Politico. Un accord qui comporte une loi d’amnistie des indépendantistes catalans. “Perçue par une partie de la société espagnole comme une atteinte à l’état de droit, cette amnistie très controversée intervient six ans après la tentative de sécession de la Catalogne (nord-est), qui a constitué en 2017 l’une des pires crises politiques de l’Espagne contemporaine”, contextualise France 24.

Sortir de l’impasse politique

Depuis les élections législatives de juillet dernier, l’Espagne se trouve dans une impasse politique. Ni le Parti populaire (PP, droite), ni le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, gauche), ne sont parvenus à obtenir une majorité au Parlement pour gouverner le pays. “Les résultats du 23 juillet, sans majorité suffisante pour aucun des deux principaux partis, ont poussé le PSOE à faire avancer cette loi [d’amnistie] réclamée par les indépendantistes, en échange de leur soutien à l’investiture de Pedro Sánchez”, décrypte La Vanguardia.

Après quatre mois de blocage, Pedro Sánchez, en poste depuis 2018, est finalement parvenu à trouver un accord la semaine dernière avec les petits partis indépendantistes catalans, minoritaires au Parlement espagnol, mais en position de faiseurs de roi pour dégager une majorité parlementaire. “Le socialiste Pedro Sánchez est désormais assuré d’être reconduit au pouvoir par le Parlement […] grâce à l’appui des députés de la formation de l’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, principale figure de la tentative de sécession de 2017, qui a fui en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires” [France 24].

En échange de son soutien, le parti de [M.] Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya), a obtenu une loi d’amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice, principalement pour les événements de 2017, ainsi que l’ouverture de négociations portant, entre autres, sur la question de la ‘reconnaissance de la Catalogne comme nation’ “, indique la chaîne d’information en continu. Dans un éditorial critique de ce compromis, El Confidencial estime que “le PSOE et son secrétaire général ont affaibli de manière inquiétante la validité des principes constitutionnels” espagnols.

Le début d’un parcours du combattant

Plus largement, l’accord avec les indépendantistes catalans a provoqué un tollé chez les oppositions de droite et d’extrême droite et divise la population espagnole. “Des centaines de milliers de personnes ont participé aux rassemblements convoqués par le Parti populaire dans les 52 capitales provinciales d’Espagne contre la mesure de grâce et les négociations du PSOE pour investir Pedro Sánchez”, rapporte El País. “Lors du plus grand événement, organisé à la Puerta de Sol de Madrid, quelque 80 000 personnes ont rempli la place et les rues environnantes, selon les données de la Délégation gouvernementale, chiffre que le PP a d’abord estimé à 500 000 et finalement même à un million”, précise le quotidien espagnol.

Malgré ces mobilisations de grande ampleur, le Premier ministre espagnol entend mener son projet à bien le plus rapidement possible. Mais La Vanguardia prévient que celui-ci “a encore de nombreux obstacles à surmonter”, parlant même de “parcours du combattant”. Avant d’être inscrite à l’ordre du jour du Congrès “aujourd’hui ou demain”, la loi d’amnistie doit d’abord être “transmise aux autres alliés parlementaires [PSOE, Sumar, ERC et Junts] afin qu’ils y adhèrent”. Le texte devra ensuite être étudié par la chambre basse puis par le Sénat où le PP, qui détient une majorité absolue, “tentera de retarder au maximum le retour du texte au Congrès pour son vote final”. La loi d’amnistie devra également “passer devant la Cour constitutionnelle avant de pouvoir être appliquée”, conclut le journal espagnol.

Sans compter que l’Union européenne pourrait également garder un œil sur la situation. “Il est possible qu’un juge ou un tribunal pose une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne [CJUE]. Le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, suit déjà le dossier et a même demandé des explications au gouvernement”, relève La Vanguardia. De son côté, le Parti populaire européen (PPE) a demandé ce lundi matin “l’inscription à l’ordre du jour de la session plénière de la semaine prochaine [au Parlement européen] d’un débat sur le risque pour l’état de droit en Espagne résultant de la loi d’amnistie convenue par le PSOE avec Junts et ERC pour assurer l’investiture du candidat socialiste au poste de Premier ministre, Pedro Sánchez”, informe ABC.

Les autres sujets du jour

Afrique

Elections européennes 2024

Environnement

Guerre en Ukraine

Guerre Israël/Hamas

Royaume-Uni

Vie politique des Etats membres

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Espagne : l'opposition dans la rue contre le projet d'amnistie des indépendantistes catalans

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide