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Quand les musées européens se mettent au vert 

Recyclage des expositions, réduction des voyages professionnels, baisse du chauffage en hiver… Face à l’urgence environnementale, les centres et musées de science du réseau européen Ecsite rivalisent d’ingéniosité pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.

Au printemps 2023, la toile du Radôme de Pleumeur-Bodou (Côtes d'Armor) a été entièrement nettoyée avant d'être repeinte. Pour limiter l'impact de ce chantier sur l'environnement, la Cité des Télécoms a employé des produits non nocifs et retraité les eaux utilisées - Crédits : Cité des Télécoms de Pleumeur-Bodou
Au printemps 2023, la toile du Radôme de Pleumeur-Bodou (Côtes d’Armor) a été entièrement nettoyée avant d’être repeinte. Pour limiter l’impact de ce chantier sur l’environnement, la Cité des Télécoms a employé des produits non nocifs et retraité les eaux utilisées - Crédits : Cité des Télécoms de Pleumeur-Bodou

Créé en 1989 à Paris, le réseau Ecsite s’est donné pour mission de faciliter la coopération des centres et musées de science européens. Regroupant aujourd’hui plus de 300 membres sous l’égide du président français d’Universcience Bruno Maquart, il s’efforce de diffuser la culture scientifique auprès des citoyens. 

Mobilisés dans la lutte contre le changement climatique depuis plusieurs années, les membres du réseau Ecsite ont franchi un pas supplémentaire en novembre dernier avec leur “Engagement en matière d’urgence environnementale”. Lancée à Amsterdam, cette charte invite les musées et centres de sciences à limiter leurs émissions en ciblant non seulement leurs infrastructures, mais aussi les membres du personnel, le public, les partenariats ainsi que les expositions. Elle compte actuellement plus de quarante signataires. 

Du bilan aux actions

Plusieurs établissements ont commencé par réaliser un bilan carbone de leurs activités. Universcience, qui regroupe le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, a ainsi réalisé que 90 % de ses émissions de CO2 provenaient de son public. La Cité des sciences a alors choisi de mettre en place un tarif réduit “mobilité durable” pour les visiteurs ayant fait leur trajet en vélo.

Depuis le mois d’avril, elle propose par ailleurs une nouvelle exposition permanente intitulée “Urgence climatique”. Celle-ci nous invite à anticiper les avenirs possibles de notre planète et à nous mobiliser pour atteindre un monde décarboné. Les événements liés à l’environnement foisonnent ailleurs : ainsi le Muséum de Toulouse ouvrira-t-il en novembre l’exposition “Sex appeal”, consacrée à la biodiversité et la reproduction animale.

Autre tendance : celle des “sciences participatives”, qui visent à inclure le public dans les actions de recherche et la diffusion de la culture scientifique. Depuis plus de dix ans, le Muséum national d’Histoire naturelle propose par exemple aux citoyens volontaires de recenser les espèces d’oiseaux présentes dans leur jardin. Une observation collective qui, à travers l’analyse des données récoltées, permet d’avoir un état précis et actualisé de l’avifaune.

Le recyclage des expositions fait lui aussi partie des initiatives encouragées par la charte. La Cité des Télécoms de Pleumeur-Bodou, dans les Côtes d’Armor, a ainsi inauguré un nouvel espace de 185 mètres carrés destiné aux enfants, entièrement conçu à partir de modules d’anciennes expositions, recyclés et reconfigurés. Même démarche à Toulouse, où l’exposition itinérante IMPACT exploite une ancienne exposition du British Museum de Londres, elle-même réalisée avec du bois qui avait servi à la Marine britannique. 

L'exposition IMPACT, au Muséum de Toulouse - Crédits : Muséum de Toulouse
L’exposition IMPACT, au Muséum de Toulouse - Crédits : Muséum de Toulouse

Personnel et prestataires 

Le personnel des établissements est lui aussi mis à contribution. A Universcience par exemple, plus aucun voyage professionnel entre deux destinations françaises n’est effectué en avion. Une règle qui s’applique également aux trajets internationaux si la destination peut être rejointe en moins de six heures par un autre moyen de transport. 

“Prendre le train plutôt que l’avion est parfois plus long et plus compliqué, mais c’est une action extrêmement concrète pour limiter notre impact individuel et collectif sur le changement climatique”, constate Francis Duranthon, directeur du Muséum de Toulouse qui a instauré une démarche similaire. 

La réduction de certaines activités et prestations peut quant à elle procurer des gains énergétiques et financiers. A la Cité des Télécoms, la pelouse du parc de 25 hectares n’est plus tondue que 7 fois par an, au lieu de 10 auparavant. “Cela représente 30 % de gasoil en moins chaque année et engendre une baisse des coûts appréciable en contexte d’inflation”, s’enthousiasme Aude Bosquet Barth, directrice de l’établissement depuis décembre 2021. 

Celle-ci entend d’ailleurs s’attaquer à d’autres sujets, comme la révision des normes de conservation du Radôme, ce ballon géant de 64 mètres de diamètre abritant une ancienne antenne de télécommunication satellitaire entre les Etats-Unis et l’Europe, unique au monde. 

Enfin, à l’approche des élections européennes de 2024, le réseau Ecsite compte poursuivre son plaidoyer en faveur de la culture scientifique et du développement de l’esprit critique. La lutte contre la désinformation, inévitable en période électorale, devrait notamment être au cœur de ses actions.

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