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Les routiers polonais continuent de bloquer la frontière avec l’Ukraine

Depuis près d’un mois, les transporteurs routiers polonais filtrent les passages aux principaux postes-frontières avec l’Ukraine. Ils dénoncent une concurrence déloyale et demandent que le permis d’accès au marché européen soit de nouveau imposé à leurs homologues ukrainiens.

Les files de camions ne cessent de s'allonger aux postes-frontières polonais (comme ici à Medyka)
Les files de camions ne cessent de s’allonger aux postes-frontières polonais (comme ici à Medyka) - Crédits : Daniel Sztork / iStock

Sur une route enneigée à proximité de la Pologne, le chauffeur de camion ukrainien Vitaliy Zemyenko réfléchit au long voyage qui l’attend. Il lui faudra neuf heures pour franchir le poste-frontière de Medyka. De l’autre côté, il doit déposer une cargaison de vodka. Le problème, c’est le retour”, décrit The Guardian.

Lundi 4 décembre au matin, “environ 2 500 camions faisaient la queue pour entrer en Ukraine à la frontière ukraino-polonaise”, selon les garde-frontières ukrainiens cités par l’agence Interfax. “Les médias locaux parlent de files d’attente qui s’étendent sur plus de 30 kilomètres en territoire polonais”, poursuit Euronews.

Depuis le 6 novembre dernier, “des chauffeurs routiers polonais bloquent les principaux points de passages vers l’Ukraine”, indique Arte. Ils dénoncent “une concurrence déloyale de la part de leurs voisins ukrainiens”, complète La Croix. Le 1er décembre, “les routiers slovaques se sont joints à la contestation, transformant le conflit en une véritable crise européenne” [Euronews].

Rétablir les restrictions

Aux différents postes-frontières, les camionneurs “exigent le rétablissement d’un système qui impose aux entreprises ukrainiennes un permis pour opérer dans l’Union européenne”, note la télévision publique polonaise TVP. Suspendu dans les mois suivant le début de l’invasion russe en Ukraine, celui-ci limitait jusque-là “le nombre de chauffeurs ukrainiens autorisés à travailler en Pologne à 200 000 entrées par an” [The Guardian]. Or les routiers polonais estiment que cette décision européenne “a eu un impact sur leurs revenus”, poursuit le journal britannique.

Selon eux, leurs homologues ukrainiens “offrent des services à des prix inférieurs et transportent des marchandises au sein de l’UE, et pas seulement entre l’Union et l’Ukraine”, souligne TVP. “Ces camions abusent de notre hospitalité. […] Ils ne circulent pas uniquement en Pologne mais aussi dans d’autres pays européens”, dénonce Stanislaw Lecyk, propriétaire d’une entreprise de transport qui bloque l’un des postes-frontières, gilet jaune sur les épaules [Arte].

Nouveau coup de froid

Si la revendication des transporteurs polonais apparaît “difficile à satisfaire, compte tenu du soutien résolu de l’UE à l’Ukraine en guerre” [La Croix], elle est néanmoins partagée par la classe politique nationale. Après avoir “évité d’affronter les chauffeurs routiers […] qui constituent une part importante de l’économie polonaise, […] le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, a déclaré lundi qu’il exigerait ‘très fermement et sans équivoque le rétablissement des permis de transport’ pour les conducteurs ukrainiens”, relève The Guardian.

Et “il n’est pas certain que Donald Tusk, qui sera probablement le prochain Premier ministre polonais, […] adopte une approche différente”, complète le quotidien britannique. Pour Varsovie et Kiev, il s’agit donc d’un “nouveau coup de froid dans leurs relations après l’épisode du blé ukrainien”, estime Arte.

Dimanche 3 décembre, “les routiers polonais ont obtenu une première victoire”, relate tout de même La Croix. En réponse aux blocages, les autorités ukrainiennes ont “ouvert un nouveau petit point de passage à Uhryniv-Dolhobychuv pour permettre aux camions vides de partir plus rapidement” vers l’Ukraine [TVP]. Il s’agissait d’ ”une des autres conditions posées par les routiers polonais”, précise Le Monde.

De son côté, la Commission européenne déclarait la semaine dernière que les “mesures techniques” qu’elle avait suggérées pour “apaiser les tensions” devaient “être acceptées par la partie polonaise” [Euronews]. L’exécutif européen précise toutefois que “la suppression des permis de transport, qui est devenue la principale source de malaise, ne serait pas concernée car elle découle d’un accord international signé avec l’Ukraine et entériné par les Etats membres” [Euronews].

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