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Embargo sur les céréales : l’Ukraine porte plainte à l’OMC contre trois Etats de l’Union européenne

Malgré la levée des restrictions sur l’importation de céréales ukrainiennes, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie ont unilatéralement maintenu leur embargo. La presse européenne revient sur les origines de cette querelle, qui a conduit Kiev à déposer plainte devant l’Organisation mondiale du commerce lundi 18 septembre.

Signe de l'importance de la production céréalière dans le pays, la partie jaune du drapeau ukrainien symbolise les champs de blé
Signe de l’importance de la production céréalière dans le pays, la partie jaune du drapeau ukrainien symbolise les champs de blé - Crédits : Aneduard / iStock

La tension s’exacerbe autour des céréales ukrainiennes”, constatent Les Echos. Le conflit a franchi une nouvelle étape lundi 18 septembre. En fin de journée, “l’Ukraine a déposé des plaintes auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie” [Reuters].

Les trois pays d’Europe centrale, membres de l’Union européenne, “se sont rebellés contre la décision de la Commission européenne de mettre fin aux restrictions temporaires à l’importation” des céréales ukrainiennes, rapporte Politico. “C’est pour nous crucial d’établir que des Etats membres ne peuvent pas interdire à titre individuel l’importation de biens ukrainiens. C’est pour cela que nous portons plainte contre eux”, a indiqué la ministre de l’Economie Ioulia Svyrydenko pour justifier la décision de son pays [L’Obs].

Un trop plein de céréales ukrainiennes

Surnommée “le grenier de l’Europe”, l’Ukraine est l’un des principaux producteurs mondiaux de céréales. Or depuis le début de l’invasion russe en février 2022, “Kiev dépend de ses voisins européens pour exporter son maïs, son blé ou encore son tournesol vers le reste du monde”, note RFI. Trois mois après le début du conflit, l’Union européenne avait ainsi levé les droits de douane pour lui permettre d’écouler ses stocks.

Cette politique européenne de soutien, qui limitait aussi la hausse des prix alimentaires en Europe, n’est pourtant pas sans problème pour les pays membres voisins de Kiev”, note L’Echo. “La Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie ont vu leurs silos saturés, provoquant des problèmes logistiques et surtout l’effondrement des prix locaux de blé, de maïs, de colza et de tournesol”, détaille le quotidien belge.

En avril dernier, la Commission européenne avait autorisé les cinq Etats à “bloquer sur leur sol la commercialisation [des céréales ukrainiennes] afin de protéger leurs agriculteurs”, retrace L’Obs. Jusqu’à vendredi dernier, date à laquelle “la Commission européenne a décidé de ne pas étendre [l’]interdiction” [Reuters]. Mais “trois pays [sur les cinq] ne l’ont pas entendu de cette oreille” en décidant unilatéralement de maintenir leurs embargos, note L’Echo. Si la Roumanie “temporise”, la Bulgarie, elle, a accepté cette décision “au nom de ‘la solidarité avec l’Ukraine’ et de ‘la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale’ “.

Pas de signes d’apaisement

Pour Politico, cette “querelle […] a divisé l’UE et pourrait nuire aux perspectives d’adhésion de Kiev à l’Union”. “L’esprit ne semble […] pas à la concorde”, confirme RFI. L’Ukraine envisage des mesures de rétorsion si les restrictions ne sont pas levées d’ici vendredi prochain. “Kiev pourrait ainsi mettre un embargo sur les pommes et les oignons polonais” [L’Echo].

De son côté, Varsovie a fait savoir qu’elle ne renonçait pas à son embargo malgré la saisine de l’OMC. “Nous maintenons notre position, nous pensons qu’elle est juste, elle est aussi le résultat d’une analyse économique et des pouvoirs qui découlent du droit communautaire et international”, a expliqué le porte-parole du gouvernement polonais lundi soir sur la chaine Polsat news.

“Soigner ses agriculteurs”

Pour la presse européenne, cette attitude est aussi le résultat de considérations politiques. “Des élections sont prévues en Slovaquie et en Pologne, où le vote des agriculteurs devrait jouer un rôle”, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En effet, “le gouvernement de droite polonais soigne ses agriculteurs, dont le poids électoral sera déterminant lors des législatives du 15 octobre prochain” [Les Echos]. 

A Bratislava, la question ukrainienne est l’un des principaux thèmes de la campagne des législatives prévues fin septembre. “Le parti SMER de l’ancien Premier ministre Robert Fico, en tête dans les sondages, s’est engagé à suspendre l’aide militaire à l’Ukraine et a critiqué les sanctions contre la Russie”, soulignent Les Echos. Quant à la Hongrie, elle “est pour sa part en conflit ouvert avec Bruxelles depuis des mois, qui bloque plusieurs milliards de subventions destinées à Budapest en raison d’atteintes à l’état de droit”, complète le quotidien économique.

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