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L’Ukraine et ses alliés condamnent le déploiement d’armes nucléaires russes en Biélorussie

Vladimir Poutine a annoncé samedi 25 mars le transfert d’armes nucléaires tactiques sur le territoire biélorusse. Une décision aussitôt dénoncée par Kiev et ses partenaires, tandis que l’Union européenne se prépare à de nouvelles sanctions.

Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait déjà doté 10 avions biélorusses de la capacité de transporter des armes nucléaires tactiques - Crédits : ewg3D / iStock

Le déploiement par la Russie d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie est une violation directe de la constitution”, a déclaré l’opposante politique biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa en réaction à l’annonce de Vladimir Poutine samedi dernier [The Guardian]. Moscou a officialisé le transfert d’un arsenal nucléaire sur le territoire de son allié Alexandre Loukachenko, “un pays situé aux portes de l’Union européenne” et frontalier de l’Ukraine, rappelle Libération. “C’est la première fois depuis les années 90 que la Russie va entreposer des armes nucléaires hors de ses frontières”, constate Courrier international.

Ce déplacement est rendu possible par un “pseudo-référendum constitutionnel du 27 février 2022” en Biélorussie, dont l’un des amendements prévoyait “la possibilité de transférer les armes nucléaires de son allié [russe] sur son territoire”, poursuit l’hebdomadaire, citant El País. “De quoi susciter l’inquiétude des Ukrainiens et de leurs alliés” [Courrier international]. Ces derniers ont rapidement condamné ce que le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov qualifie de “prise d’otage” de la Biélorussie, rapporte Le Figaro.

Les armes “tactiques” dont parle Moscou sont en théorie utilisées uniquement sur les champs de bataille. Elles possèdent donc une puissance “réduite”, “par exemple pour cibler des unités de l’armée adverse”, explique France info.

Condamnations unanimes

Au lendemain du discours du président russe, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré dans un tweet que “l’accueil par la Biélorussie d’armes nucléaires russes constituerait une escalade irresponsable et une menace pour la sécurité européenne”. Il a averti que l’Union européenne se tenait “prête” à adopter de nouvelles sanctions contre la Biélorussie, abonde Euractiv.

Berlin a également dénoncé “une nouvelle tentative d’intimidation nucléaire” de la Russie, tandis que la France regrette “un élément supplémentaire d’érosion de l’architecture internationale de la maîtrise des armements et de la stabilité stratégique en Europe” [Libération]. “L’Otan est vigilante et nous suivons de près la situation”, a quant à elle déclaré la porte-parole de l’Alliance, Oana Lungescu [Le Figaro]. Cette “escalade nucléaire” a aussi pour conséquence d’exacerber les tensions entre la Biélorussie et la Pologne, qui est “championne de l’aide militaire à l’Ukraine”, analyse El País.

L’UE n’a pas encore précisé la nature des mesures qui pourraient être prises à l’encontre de la Biélorussie. Depuis 2020, le régime de Loukachenko fait déjà l’objet de sanctions économiques ciblées et de restrictions dans de nombreux domaines, allant de l’énergie aux biens à double usage, détaille Euractiv. Des dispositions prises en raison de la forte répression de l’opposition, et prolongées suite au soutien de Minsk à la guerre menée par la Russie en Ukraine, poursuit le média.

De son côté, Kiev a appelé à organiser une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. “L’Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France”, indique le communiqué du ministère ukrainien des Affaires étrangères [Le Figaro].

Représailles

Vladimir Poutine justifie quant à lui sa décision par la promesse britannique d’envoyer des “munitions à l’uranium appauvri” [El País], “réputées comme particulièrement efficaces contre les véhicules blindés” [France info]. Il avait pourtant promis “une réponse proportionnée” lors d’une conférence avec son homologue chinois Xi Jinping la semaine dernière, durant laquelle les deux dirigeants avaient signé “une déclaration appelant à éviter une course aux armes de destruction massive”, poursuit le quotidien espagnol. La Russie joue sur les deux tableaux, puisque la décision de samedi “semble avoir été déjà préparée il y a près de neuf mois”, remarque France info. Moscou avait annoncé “le transfert des systèmes de missile tactique Iskander-M” à l’issue d’une rencontre avec Loukachenko en juin 2022, fait savoir la radio publique.

Il n’y a rien d’inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies”, a avancé samedi le président russe, cité par Le Figaro. Des armes nucléaires tactiques américaines seraient toujours stockées aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie et en Allemagne, ainsi que dans la partie asiatique de la Turquie, détaille Die Zeit. “Ils ont placé leurs armes […] dans six pays alliés de l’Otan en Europe. Nous avons accepté de faire la même chose, sans, je le souligne, violer nos obligations internationales en matière de non-prolifération”, a ajouté le chef du Kremlin [Le Figaro].

Traités internationaux

Or la déclaration de samedi s’inscrit dans un contexte de remise en question permanente par la Russie des traités internationaux de non-prolifération nucléaire. Le pays a suspendu le mois dernier sa participation au traité de désarmement “New Start”, signé avec les Etats-Unis en 2010. Or il avait “promis de respecter la limitation de son arsenal nucléaire jusqu’à la fin effective de cet accord le 5 février 2026″, explique Libération.

Pour l’heure, les Etats-Unis ont “minimisé les inquiétudes suscitées par l’annonce de Poutine” et la possibilité que Moscou utilise des armes nucléaires, constate The Guardian. “Nous n’avons vu aucune raison d’ajuster notre propre position nucléaire stratégique ni aucune indication que la Russie se prépare à utiliser une arme nucléaire”, a ainsi déclaré un haut fonctionnaire de l’administration américaine, cité par le quotidien britannique.

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