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Discours sur l’état de l’Union 2021 : numérique, défense, relance économique… Ursula von der Leyen précise les chantiers européens à venir

A l’occasion de la session plénière de rentrée du Parlement européen, Ursula von der Leyen a prononcé mercredi 15 septembre le traditionnel discours sur l’état de l’Union. S’adressant aux eurodéputés réunis cette fois pour la plupart en présentiel, la présidente de la Commission européenne a dressé un bilan de l’année passée et présenté ses priorités à venir. Ce discours attendu a fait l’objet par la suite d’un débat au sein de l’hémicycle. Décryptage des principales annonces.

Ursula von der Leyen
Ursula von der Leyen a prononcé son deuxième discours sur l’état de l’Union, le 15 septembre 2021, devant le Parlement européen - Crédits : Frederic Marvaux / Commission européenne

L’Europe a besoin d’une âme, d’un idéal et de la volonté politique de servir cette âme”. C’est en citant Robert Schuman, l’un des pères fondateurs de l’Europe, que la présidente a débuté son discours en donnant le ton. “L’ère du corona n’est pas encore révolue. […] L’année à venir sera encore un test. C’est dans ces moments d’épreuves que l’âme se révèle.

Europe de la santé : des avancées et de nouvelles priorités

Dans la plus grande crise sanitaire que le monde ait connue depuis un siècle, nous avons choisi de faire face ensemble, de sorte que chaque partie de l’Europe bénéficie du même accès à un vaccin salvateur”. Ursula von der Leyen a d’abord livré un bilan de l’année écoulée, notamment marquée par la nouvelle stratégie vaccinale mise en place par l’Union européenne en décembre dernier.

Plus de 70 % des adultes sont entièrement vaccinés dans l’Union européenne. Nous avons été les seuls à partager la moitié de notre production de vaccins avec le reste du monde. Nous avons livré plus de 700 millions de doses dans l’Union européenne, et nous avons aussi livré plus de 700 millions de doses au reste du monde, dans plus de 130 pays”, a souligné la cheffe de l’exécutif européen. A travers le mécanisme Covax, 200 millions de doses supplémentaires de vaccins contre le Covid-19 seront notamment distribuées aux pays les plus démunis d’ici à la mi-2022, s’ajoutant aux 250 millions de doses déjà promises. “C’est un investissement solidaire et c’est aussi un investissement dans la santé mondiale”, a résumé l’ancienne ministre allemande.

Sur la stratégie vaccinale, deux autres priorités doivent également être portées. D’abord, poursuivre la vaccination au sein des Etats membres et ensuite mieux se préparer en cas de nouvelle pandémie. Ce sera le rôle de l’Autorité européenne de préparation et d’intervention en cas d’urgence sanitaire (Hera), qui devrait être opérationnelle en février 2022 et bénéficiera d’un investissement à hauteur de 50 milliards d’euros d’ici à 2027. 

70% de la population est vaccinée, la liberté de circulation est à nouveau une réalité”, a reconnu Iratxe García Pérez, présidente du groupe socialiste (S&D), qui a évalué de façon positive la lutte de l’Union européenne contre la pandémie et ses conséquences.

Certains ont toutefois regretté que la levée des brevets n’ait pas été été mentionnée. Martin Schirdewan, co-président du groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen (GUE/NGL), a demandé que la protection des brevets pour les vaccins soit supprimée.

Le numérique, enjeu décisif pour l’économie européenne

Désormais sur de bons rails, la mise en place du plan de relance européen “Next generation EU” a été saluée par Ursula von der Leyen. En juin dernier, la Commission européenne a démarré le processus historique d’émission de dette commune pour financer ce dispositif. Si certains plans nationaux doivent encore obtenir l’aval de la Commission, la France a quant à elle reçu un premier versement en août dernier.

Nous allons nous attaquer aux problèmes structurels de notre économie, qu’il s’agisse de réformer le marché du travail en Espagne, le système de retraite en Slovénie ou la fiscalité en Autriche”, a expliqué concrètement la présidente de la Commission européenne. En termes de PIB, “nous prévoyons que 19 pays reviendront au niveau d’avant la pandémie cette année encore, bientôt suivis par les autres”, a-t-elle ajouté.

Les dépenses au titre de Next Generation EU en faveur du numérique “dépasseront (…) l’objectif de 20 %” du plan de relance fixé par l’UE, s’est félicitée Ursula von der Leyen. “Nous allons investir comme jamais auparavant dans la 5G et dans la fibre. Mais l’investissement dans les compétences numériques est tout aussi important. (…) Toutes les mesures que nous prenons montrent clairement la voie à suivre aux marchés comme aux investisseurs”, a annoncé la présidente. “Le numérique est l’enjeu décisif. Et les États membres partagent ce point de vue”, a-t-elle résumé en annonçant à titre d’exemple une nouvelle loi européenne sur les semi-conducteurs.

5G, intelligence artificielle, protection des données, régulation des Gafa… Sous la direction des commissaires européens Margrethe Vestager (Concurrence et Europe numérique) et Thierry Breton (Marché intérieur), les nombreux chantiers sur la table, dont le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA), devraient connaître d’importants développements dans les semaines à venir. 

Défense européenne : un sommet sous présidence française

Avec la prise de Kaboul par les talibans le 15 août, l’Europe est particulièrement mobilisée sur plusieurs fronts : l’aide humanitaire, la gestion des réfugiés et les relations entre le continent et l’Afghanistan. Attendue sur la réponse européenne à cette crise, Ursula von der Leyen a annoncé l’octroi de 100 millions d’euros d’aide humanitaire supplémentaire aux Afghans.

Alors que la question de l’autonomie stratégique de l’UE est relancée, un sommet de la défense européenne aura lieu en mars prochain à Toulouse, sous présidence française du Conseil. “Nous travaillons avec le secrétaire général, Jens Stoltenberg, à une nouvelle déclaration conjointe de l’UE et de l’OTAN que nous présenterons avant la fin de l’année”, a-t-elle également précisé.

Présentée en début de mandat, la Commission géopolitique doit prendre corps”, a commenté, peu après le discours, le président du groupe Renew Europe Dacian Cioloș. Pour l’heure, le projet de création d’une force européenne de réaction rapide de 5 000 militaires est loin de faire l’unanimité. Un rapport annuel sur la politique européenne de la défense devrait par ailleurs être adopté d’ici la fin de l’année. Pour conclure, l’ancien Premier ministre roumain a regretté que le principal souci des États membres concernant l’Afghanistan était d’éviter que le moindre Afghan ne pose le pied sur le territoire européen.

Biodiversité

Le rapport du Giec ne laisse place à aucun doute. Le changement climatique est d’origine humaine. Nous pouvons y remédier”, a souligné Ursula von der Leyen. Après le plan “Fit for 55″, présenté en juillet en vue d’atteindre une réduction des émissions de CO2 de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, “la Cop 26 à Glasgow sera l’heure de vérité pour la communauté mondiale”, a-elle ajouté. Au sujet de la biodiversité, la présidente a annoncé que l’Union allait doubler son financement extérieur, en particulier pour les pays les plus vulnérables.

Le co-président du groupe des Verts/ALE, Philippe Lamberts, a insisté sur l’urgence des décisions à prendre : “Nous ne pouvons plus nous défausser sur les générations futures : accélérer la mise en œuvre, relever le niveau d’ambition, mettre en cohérence les objectifs et les moyens qui les servent. Plus vite, plus haut, plus fort. Il est temps d’appliquer la devise olympique à nos efforts pour sauver le climat. […] La PAC [politique agricole commune, ndlr] est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire”.

La jeunesse européenne avant tout

Le discours d’Ursula von der Leyen s’est en partie adressé aux jeunes : “nous sommes en présence d’une jeune génération, hautement éduquée, extrêmement talentueuse et fortement motivée. D’une génération qui a tellement sacrifié pour préserver la sécurité des autres”. En réaction, la présidente a annoncé la création d’un nouveau programme européen baptisé ALMA pour soutenir “ceux qui tombent entre les mailles du filet. Ceux qui n’ont pas d’emploi. Ceux qui ne suivent ni enseignement ni formation”​. Ce programme européen doit offrir “à ces jeunes la possibilité d’une expérience professionnelle temporaire dans un autre État membre”​. Cette jeunesse, la Commission souhaite d’ailleurs en faire l’une de ses priorités : “C’est pourquoi nous proposerons de faire de 2022 l’année de la jeunesse européenne”.

Insistant ensuite sur la réalisation du socle européen des droits sociaux, Ursula von der Leyen a par ailleurs annoncé d’ici la fin de l’année une loi de lutte contre les violences faites aux femmes. “Il s’agit de poursuites pénales efficaces, de mesures de prévention et de protection”, a-t-elle précisé.

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