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Conférence sur l’avenir de l’Europe : les citoyens attendent désormais des actes de la part des institutions 

A l’occasion de la journée de l’Europe, les dirigeants des institutions européennes ont reçu à Strasbourg les conclusions des discussions citoyennes menées pendant un an dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. A l’image d’Emmanuel Macron, présent au Parlement européen, au titre de la présidence du Conseil de l’UE, ils ont affiché la volonté d’y donner suite.

Devant les leaders européens réunis à Strasbourg, des citoyens comme Laura sont venus décliner certaines des priorités du rapport final de la Conférence
Devant les leaders européens réunis à Strasbourg, Ursula von der Layen, Roberta Metsola et Emmanuel Macron (de gauche à droite), des citoyens comme Laura, à la tribune, sont venus décliner certaines des priorités du rapport final de la Conférence - Crédits : Philippe Stirnweiss / Parlement européen

Lundi 9 mai, dans les couloirs du Parlement européen, on pouvait croiser des visages connus, ceux d’eurodéputés familiers des dédales du bâtiment strasbourgeois. D’autres un peu moins, comme ceux de parlementaires nationaux, de représentants de la société civile et surtout de citoyens des Vingt-Sept. Tous étaient présents pour la cérémonie de clôture de la Conférence sur l’avenir de l’Europe.

Ce sont d’ailleurs ces derniers qui sont à l’honneur en cette Journée de l’Europe dans l’hémicycle. “Chacun d’entre eux a sacrifié du temps libre, des week-ends, pour s’engager”, souligne par exemple l’eurodéputé belge Guy Verhofstadt (Renew) à la tribune. Depuis des mois, ils participent à cet exercice inédit de démocratie participative. Un an jour pour jour après le début du processus, les citoyens sélectionnés ont pu remettre leur rapport composé de 49 propositions et de 325 mesures.

Rencontrée au hasard des allées du bâtiment, Gisèle est l’une de ces “ambassadrices”, pour employer le terme officiel. Cette Belge francophone se dit émue par la cérémonie de clôture. Elle s’est pleinement investie durant tout le processus. “Dès la première réunion, j’ai tout de suite eu le sentiment d’appartenir à l’Europe”, glisse-t-elle. Mansef, jeune francilien également présent à Strasbourg, partage ce sentiment. Il décrit ce 9 mai comme un “moment fort” et se félicite de la dimension “médiatique de l’événement, ce qui n’était pas forcément le cas depuis le début”.

Ecologie, défense et démocratie

Parmi toutes les mesures, quelle est  la plus importante ? Pour Gisèle,  : “Toutes sont importantes. […] C’est le résultat d’un travail de cohésion”. Certains de ses homologues italiens, suédois, danois ou grecs ont pris quelques heures avant de prendre la parole dans l’hémicycle pour présenter quelques-unes des mesures phares.

Pour eux, l’Union doit notamment “faire preuve d’audace pour être un leader sur l’environnement”. Le rapport invite ainsi à prendre des mesures en faveur d’une agriculture biologique et durable, d’une production énergétique plus durable ou encore de transports verts pour proposer des alternatives à l’avion ou à la voiture. Autre sujet majeur ces deux dernières années, la santé. Les citoyens interrogés en font une priorité et souhaitent qu’elle puisse devenir une compétence partagée entre l’UE et ses Etats membres.

A la tribune, d’autres évoquent également le souhait d’une Europe plus forte dans le monde. Mansef est de cet avis et reprend notamment le terme d“ ‘autonomie stratégique”, un concept initialement associé à la défense mais recouvrant désormais de nombreux domaines comme l’économie et les nouvelles technologies.

Les ambassadeurs plaident aussi pour davantage de participation citoyenne et invitent l’Union européenne à revoir certaines de ses règles. Ils souhaitent notamment élargir les pouvoirs du Parlement européen eu lui conférant un droit d’initiative, autrement dit, la possibilité de proposer des règlements et directives. 

Des annonces attendues … d’autres moins

Autre proposition qui va dans ce sens, la fin de l’unanimité au Conseil de l’Union européenne pour empêcher un Etat membre de bloquer à lui seul une décision. Mais pour y parvenir, il faut revoir les règles du jeu, et donc les traités européens. Quelques jours plus tôt, le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’un tel changement, en appelant à la mise en place d’une Convention de révision des traités.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron étaient donc attendus au tournant sur cette question sur laquelle les Etats membres sont en désaccord. La première s’est dit prête à réformer l’Union européenne, y compris “en changeant les traités si nécessaire”. Quelques minutes plus tard, le chef de l’Etat français s’est s’exprimé sur le sujet : “Il faudra réformer aussi nos textes, c’est évident. Et aussi, je veux dire clairement aujourd’hui que l’une des voies de cette réforme est la convocation d’une convention de révision des traités”. Pour autant, la tâche ne s’annonce pas si simple. “On sait que treize Etats membres sont contre [cette proposition]”, explique Mansef qui salue la position du président de la République sur cette question.

D’autres déclarations étaient moins attendues, comme celle concernant “une Europe à plusieurs vitesses”. Sans donner beaucoup plus de détails, mais en évoquant “ce qui existe déjà, de l’euro à Schengen”, Emmanuel Macron veut “permettre à ceux et celles qui veulent avancer un peu plus loin d’entraîner les autres et de rendre l’ambition désirable”.

L’Ukraine et son intégration en toile de fonds

Pendant deux heures, la crise ukrainienne est également dans la bouche de tous les intervenants, politiques comme citoyens. Quelques drapeaux jaune et bleu sont d’ailleurs accrochés par endroits dans l’hémicycle. Il faut dire que la date du 9 mai est symbolique à différents égards.

A Moscou, [on assiste à] une parade militaire avec toutes sortes d’armes et de tanks. Et ici à Strasbourg un festival de citoyens, qui avec leurs leaders européens, réaffirment leur croyance en un projet commun de paix”, résume Guy Verhofstadt.

Il est d’ailleurs question de la participation de l’Ukraine à ce projet commun. Dans son intervention, Ursula von der Leyen évoque son entretien avec le président Volodymyr Zelensky. Plus tôt dans la matinée, elle a annoncé que la Commission donnerait un avis en juin sur la possibilité d’ouvrir le processus de négociations à l’adhésion.

Un peu plus tard, c’est Emmanuel Macron qui revient sur ce sujet avec une annonce inattendue. “Même si nous lui accordions demain le statut de candidat […] le processus permettant l’adhésion, prendrait plusieurs années, en vérité, sans doute plusieurs décennies”, explique-t-il. Pour y remédier, il propose la mise en place d’une “Communauté politique européenne”. Ce projet destiné “à créer un nouvel espace de coopération” s’adresse “aux nations démocratiques, qui s’inscrivent dans l’espace géographique européen et qui partagent notre socle de valeurs”, a détaillé le président de la République.

Des questions qui ne peuvent plus attendre

Désormais, l’attente des citoyens est forte. “On ne peut pas ne pas tenir compte de notre travail”, affirme Gisèle. Pour elle, les doutes sont mêmes dissipés. Après avoir entendu les discours des dirigeants européens plus tôt dans la journée, elle se dit désormais “convaincue” que les mesures seront suivies d’effets.

Reste désormais à savoir quand. Pour la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, “il y a des questions qui ne peuvent plus attendre”, comme la défense, l’énergie ou les migrations. Son homologue à la tête de la Commission européenne apporte quelques minutes plus tard des éléments de réponse. “Nous ferons le point le mois prochain sur ce qui est nécessaire pour mettre en œuvre vos propositions”, explique Ursula von der Leyen. “J’annoncerai des premières mesures […] à l’occasion de mon discours sur l’état de l’Union en septembre”.

De leur côté, les ambassadeurs comptent faire le point ensemble le mois suivant. “Entre nous, on est en train de créer une sorte de comité de suivi” pour garder un œil sur la mise en œuvre, ajoute Mansef. Pour ce dernier, ainsi que pour Gisèle et tous les autres, la Conférence sur l’avenir de l’Europe n’est donc pas tout à fait terminée. 

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