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Peter Schmidt (CESE) : à la COP28, “les gouvernements ont la possibilité et la responsabilité de redéfinir l’ambition mondiale” pour le climat

Peter Schmidt est membre de la délégation du Comité économique et social européen (CESE) à la COP28, à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre. L’organe consultatif appelle l’UE et les Vingt-Sept à relever leurs ambitions climatiques.

Peter Schmidt est président de la section Agriculture, développement rural et environnement au Comité économique et social européen (CESE) - Crédits : CESE
Peter Schmidt est président de la section Agriculture, développement rural et environnement au Comité économique et social européen (CESE) - Crédits : CESE

Alors que notre planète est confrontée à la menace de plus en plus urgente du changement climatique, on n’insistera jamais assez sur l’importance que revêt la conférence des Nations unies sur ledit changement (COP). Lors de la COP28, qui se tient du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, le Comité économique et social européen (CESE) participe activement aux négociations annuelles, comme il l’a fait pour les éditions précédentes.

Au cours de 2023, qui est selon les scientifiques l’année la plus chaude jamais enregistrée dans l’histoire humaine, aucune partie du monde n’a échappé aux conséquences de la hausse des températures. Pourtant, malgré ces preuves irréfutables qu’il y a urgence, il existe un écart considérable entre les politiques mises en place et les mesures qu’il s’imposerait de prendre.

Lors de la COP28 sont examinés les résultats du premier bilan mondial de la mise en œuvre de l’accord de Paris. Pour répondre à ce bilan, les gouvernements ont la possibilité et la responsabilité de redéfinir l’ambition mondiale.

Plus d’ambition pour le climat

Toutefois, nous observons avec inquiétude que certains acteurs luttent contre les objectifs de l’accord de Paris en recherchant des possibilités d’étendre les exportations de pétrole et de gaz et d’enfermer les pays dans une dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Dans sa résolution intitulée “Ensemble pour affronter une menace existentielle : les partenaires sociaux et la société civile défendent la mise en œuvre d’une action ambitieuse dans le domaine du climat”, laquelle a été adoptée en 2022, le Comité a souligné que les décisions prises dans le cadre des politiques menées devaient correspondre aux données de la science et aux informations scientifiques ; il a réclamé l’arrêt immédiat des subventions aux combustibles fossiles et a demandé à la Commission et aux Etats membres de l’Union d’assumer un rôle moteur et d’actualiser les contributions déterminées au niveau national (CDN). Ces messages restent valables et les actions préconisées ont, de fait, gagné en urgence.

La délégation du CESE à la COP28 participe à plusieurs conversations, réunions bilatérales et manifestations parallèles constructives, où elle appelle les institutions et les gouvernements de l’UE à revoir leurs ambitions climatiques à la hausse, à l’aune des données de la science et des informations scientifiques, et met l’accent sur le rôle de la société civile organisée dans l’accélération des actions pour le climat. Cette année, le CESE concentre ses efforts sur deux axes de négociations, à savoir l’adoption d’une contribution à la mise en œuvre de l’action pour le climat dans les domaines de l’alimentation et de l’agriculture et d’une autre sur le programme de travail pour une transition juste.

Trois principes clés

En ce qui concerne l’agriculture et la sécurité alimentaire, le CESE plaide en faveur de la mise en œuvre de trois principes clés. Premièrement, nous avons besoin d’une approche politique globale qui intègre les considérations climatiques dans les politiques agricoles et alimentaires. Deuxièmement, nous soulignons l’importance de démocratiser les systèmes agroalimentaires et d’adopter une approche de la gouvernance qui soit fondée sur les droits. Enfin, nous soulignons la nécessité de garantir qu’une partie du financement de la lutte contre le changement climatique soit allouée, de manière équitable et efficace, à l’agriculture, en soutenant les initiatives qui favorisent la résilience, la durabilité et la justice sociale au sein du secteur. Ces recommandations s’inscrivent dans l’objectif plus large de créer un système alimentaire mondial résilient, inclusif et durable sur le plan environnemental.

Il est important de garantir une transition juste pour tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement. Elle est également essentielle pour tous les secteurs économiques, et pas uniquement pour celui de l’approvisionnement en énergie, en zone urbaine comme en zone rurale. S’il est facile d’être d’accord avec ce principe, le mettre en œuvre est beaucoup plus difficile. En ce qui concerne le programme de travail pour une transition juste, le CESE demande que le processus présente une valeur ajoutée manifeste, sur la base d’une approche fondée sur les droits et garantissant le dialogue social et la participation active des collectivités concernées.

Mener un combat inclusif

À la lumière des discussions en cours sur le climat, il est essentiel de tenir compte du dernier rapport d’Oxfam, qui révèle des inégalités alarmantes en matière d’incidence sur le climat. Selon le rapport, les 1 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de plus d’émissions polluantes à effet de réchauffement que l’ensemble des 50 % les plus pauvres. Ce contraste flagrant met en évidence la nécessité urgente d’une action climatique équitable et souligne l’importance de remédier aux disparités socio-économiques dans la perspective d’un avenir durable.

Au-delà des négociations intergouvernementales, j’ai la conviction que la COP28 devrait servir de catalyseur pour permettre à un large éventail de parties prenantes, dont les entreprises, la société civile et la communauté scientifique, de s’engager dans une action ambitieuse en faveur du climat. Cette dimension d’inclusivité est cruciale, car la lutte contre le changement climatique nécessite une approche multiforme, qui tire parti de l’expertise, de l’engagement clair et des ressources de différents secteurs.

Les résultats de cette conférence auront des répercussions considérables sur l’avenir de notre population et de notre planète. La communauté internationale doit saisir cette occasion pour renforcer les engagements, accélérer l’action pour le climat et veiller à ce que les promesses formulées dans l’accord de Paris se traduisent par des résultats tangibles et durables. J’espère que la COP28 manifestera un engagement commun à préserver l’avenir de notre planète.

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