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Pétrole, charbon, nucléaire : quel est le mix énergétique des pays de l’UE ?

Parfois appelé “bouquet énergétique”, ce mix désigne la répartition des différentes sources d’énergie utilisées dans un pays. Au sein de l’Union européenne, il est encore dominé par les énergies fossiles comme le pétrole ou le gaz. Avec d’importantes disparités entre les Etats membres.

Barils de petrole
Dans l’Union européenne, le pétrole et les produits pétroliers demeurent la source d’énergie disponible majoritaire - Crédits : VFKA / iStock

Si le terme de “mix énergétique” se réfère parfois à la production énergétique d’un pays, la consommation d’énergie peut aussi être utilisée comme indicateur. Cet article fait donc état de la répartition des différentes sources d’énergie utilisées par un pays pour ses besoins, à savoir ceux de ses habitants, des entreprises et de l’ensemble des acteurs situés sur son territoire.

L’élément de comparaison est ici l’énergie brute disponible, c’est-à-dire à la fois l’énergie générée dans le pays lui-même, mais aussi ses importations, produites à l’étranger. On y soustrait en revanche les exportations vers d’autres Etats, qui ne sont donc pas consommées dans le pays. Enfin, l’énergie brute inclut les carburants utilisés par le transport maritime et aérien.

Dans l’Union européenne, plus de 70 % de l’énergie disponible est d’origine fossile. Le pétrole (36 %), le gaz (22 %) et le charbon (11 %) sont en effet dominants. La part d’énergie fossile dans l’énergie disponible en Europe a cependant diminué de 11 points depuis 1990, en raison notamment de l’augmentation des sources renouvelables, comme l’éolien ou le solaire.

Ces énergies renouvelables représentent quant à elles plus de 15 % du mix énergétique européen en 2019. Une part qui a largement augmenté, puisqu’elle était de moins de 5 % en 1990. C’est la source d’énergie qui a le plus progressé en Europe en moins de 30 ans, essentiellement pour la production d’électricité. Les combustibles fossiles solides, incluant différents types de charbons, ont à l’inverse baissé sur la même période, passant de plus de 25 % du mix énergétique européen à environ 11 %.

Une dépendance au pétrole

La composition du mix énergétique européen soulève des questions d’indépendance énergétique pour l’UE. L’essentiel du gaz et du pétrole est en effet importé de pays tiers. L’Union européenne a par exemple besoin de plus de 545 mégatonnes équivalent pétrole (Mtoe) de pétrole pour satisfaire sa consommation annuelle. Représentant plus de 36 % de son mix énergétique, ces hydrocarbures proviennent surtout de pays extra-européens, comme la Russie (27 % des importations de pétrole brut), l’Irak (9 %), le Nigéria (8 %) et l’Arabie saoudite (8 %).

Quant au nucléaire, sa part dans le mix énergétique de l’UE est restée plutôt stable entre les années 1990 et 2019 (autour des 13 %). Plus de 26 % de l’électricité européenne est ainsi produite à partir de l’atome.

L’énergie disponible dans chaque Etat membre

Ces chiffres sont toutefois très différents selon les Etats européens. Premières économies du continent, l’Allemagne et la France sont de loin les deux pays les plus gourmands en énergie. La première atteint presque les 310 Mtoe contre environ 253 Mtoe pour la France. L’Italie arrive en troisième position avec plus de 158 Mtoe d’énergie brute disponible. A titre de comparaison, un pays comme la Lituanie a besoin de moins de 8 Mtoe afin de couvrir ses besoins en énergie. Ce “classement” s’explique surtout par le nombre d’habitants d’un pays donné, qui sont autant de consommateurs d’énergie.

Le pétrole et ses dérivés représentent plus de la moitié de l’énergie disponible dans 5 pays : en Irlande (50,1 %), en Grèce (55 %), au Luxembourg (64,9 %), à Malte (87 %) et à Chypre (89,9 %). Utilisés pour les voitures, les tracteurs, les avions et les bateaux, ces carburants contribuent à hauteur de plus de 20 % du mix dans chaque pays européen, à l’exception de l’Estonie, où ils représentent moins de 5 % de l’énergie disponible. Ce pays balte a un bouquet énergétique original, qui repose sur les schistes bitumineux. Leur exploitation permet notamment la production d’électricité, tandis qu’un pétrole non conventionnel est obtenu à partir de leur raffinage.

Les énergies renouvelables (hydraulique, éoliennes ou encore solaire) et les biocarburants sont particulièrement utilisés dans des pays comme la Suède (39,6 %), la Lettonie (36,8 %) ou encore la Finlande (35,4 %). A l’inverse, 5 Etats membres ne dépassent pas les 10 % d’énergies renouvelables et de biocarburants dans l’ensemble de leur énergie disponible : Malte (1,5 %), les Pays-Bas (6,3 %), la Belgique (6,8 %), le Luxembourg (7,1 %) et Chypre (8,5 %). Leur part est aussi relativement faible en Pologne (11,9 %).

Le mix énergétique de cette dernière repose largement sur le charbon. Deuxième utilisatrice en termes de quantités derrière l’Allemagne, la Pologne dépend à plus de 40 % des différents types de charbon (lignite, anthracite…). Elle s’en sert surtout pour produire de l’électricité.

Le nucléaire est enfin directement utilisé dans 13 pays européens en 2019. Au-delà de la France, il est fortement utilisé en Suède (30,1 %), en Slovaquie (23,8 %) et en Slovénie (19,8 %). Quant à l’Allemagne, elle a décidé de fermer progressivement ses réacteurs après la catastrophe de Fukushima, en 2011. Contrairement à une idée répandue, cette décision n’a pas conduit à une forte augmentation du recours aux centrales à charbon : la part du charbon dans le bouquet allemand est d’environ 18 % en 2019, contre plus de 35 % en 1990. La quantité de gaz naturel utilisée en Allemagne, largement importée depuis l’extérieur de l’UE, a quant à elle toutefois augmenté, passant d’environ 55 Mtoe (15 %) en 1990 à plus de 75 Mtoe (24 %) en 2019.

Quel est le mix énergétique français ?

L’énergie nucléaire est quant à elle particulièrement importante en France. Le pays compte en effet aujourd’hui 56 réacteurs nucléaires, répartis sur 18 centrales. En 2019, 70 % de la production d’électricité française provient de la fission d’atomes d’uranium. Au niveau du mix énergétique et non du seul mix électrique, c’est environ 40 % de l’énergie brute disponible qui est d’origine nucléaire.

La France est par ailleurs la deuxième plus grosse consommatrice de pétrole, derrière l’Allemagne. Le transport routier est de loin le principal utilisateur du pétrole et de ses dérivés. Les importations françaises de pétrole dépassent les 95 Mtoe en 2019 – un niveau semblable à celui du début des années 1990, même si la France fait venir moins d’hydrocarbures depuis un pic de 2005 (123 Mtoe).

La production d’électricité à partir de sources renouvelables a enfin quasiment doublé en France en trente ans. Elle est ainsi passée de 5 Mtoe en 1990 à plus de 10 Mtoe en 2019. Toutefois, les biocarburants et les énergies renouvelables restent relativement faibles par rapport à l’ensemble de l’énergie brute disponible du pays (11 %).

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3 commentaires

  • Avatar privé
    CHAIGNEAU

    Comment ce fait-il que l’on laisse la publicité pour les véhicules électriques affichés un A vert ?
    Suivant le pays où je recharge les batteries de mon véhicule, l’électricité sera en France à 25% d’énergie fossile, en Allemagne à 50%, en Pologne à 80% !
    Cette énergie fossile ne produit t’elle pas de CO2 !
    Le maintien du A vert pour les véhicules électriques et électriques rechargeables est donc un mensonge d’ETAT.

  • Avatar privé
    CHAIGNEAU

    Où trouver un tableau en % du mix énergétique électricité de chaque pays Européen ?

  • Avatar privé
    Laurent

    Pourquoi un tel forcing sur l’électrification qui en soi ne modifie pas le mix énergétique primaire : l’électricité n’est qu’un vecteur d’énergie. Il vaudrait mieux investir pour la sobriété et la réduction drastique des consommations par l’agriculture, l’industrie , le transport, le bâtiment,la tech, le tourisme. Vouloir tout électrifier sans réduire créée un formidable cannibalisme énergétique pour remplacer des infrastructures, qu’il vaudrait mieux supprimer pour réduire rapidement les émissions , pollutions et destructions irréversibles de ressources et d’espaces naturels et aussi perte de temps de vie pour ceux qui travaillent à ce projet vain. Cela permettrait de réduire la dépendance européenne aux importations fossiles et fissiles. J’ai cessé de travailler et ai milité pour l’écologie réelle (décroissance et low tech) mais quand je vois le forcing actuel pour la pseudo écologie électrique et ses complexités hightech , je préfère laisser le monde se fourvoyer comme il l’a toujours fait : rien à foutre des descendants de ce ramassis d’imbéciles shootés à la pub , au patriotisme guerrier ou industriel et au canabis. Ceux qui ont des enfants (je n’en ai pas) n’ont qu’à être moins cons par leurs choix politiques. Après moi le déluge ! J’ai arrêté de travailler , j’utilise le pétrole pour tous mes déplacements et je ne fais pas les investissements proposés dans mon logement vu que sa valeur résiduelle m’indifère : pas d’héritiers . je ne veux pas laisser d’enfants à un monde peuplé par des idiots, des menteurs et des irresponsables .