Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Actualité

Promouvoir le bien-être à l’école : un nouveau défi pour Erasmus+

Anxiété, stress ou harcèlement scolaire… les situations de mal-être à l’école peuvent être nombreuses pour les élèves. Le sujet est d’ailleurs pris très au sérieux au niveau européen, notamment par Erasmus+ qui veut apporter sa contribution pour endiguer le phénomène.

La pandémie de Covid-19 aurait notamment aggravé le sentiment d'isolement des élèves
La pandémie de Covid-19 aurait notamment aggravé le sentiment d’isolement des élèves - Crédits : cglade / iStock

Depuis le début de l’année, le sujet est brutalement apparu dans l’actualité à plusieurs reprises. Victimes de harcèlement dans leurs établissements scolaires, deux collégiens âgés de 13 ans Lindsay et Lucas se sont donné la mort en mai et janvier derniers.

Deux drames qui alertent sur les conséquences d’un mal-être à l’école, exacerbé par le Covid-19 et les épisodes de confinement. En septembre 2021, une étude d’OpinionWay pour les Apprentis d’Auteuil révélait que 87 % des jeunes de 16 à 25 ans étaient convaincus que la pandémie avait pesé de façon “importante” sur leur sentiment d’isolement et sur leur confiance en l’avenir.

Des inquiétudes en Europe

Le phénomène est loin d’être circonscrit à l’Hexagone. A tel point que la Commission européenne s’est récemment emparée du problème. Dans sa communication “Passeport pour la réussite scolaire” publiée en 2022, l’institution explique vouloir “promouvoir de meilleurs résultats éducatifs pour tous les apprenants et le bien-être des apprenants et des enseignants à l’école”. Parmi les pistes évoquées pour y parvenir, la Commission cite notamment l’utilisation des fonds européens, au premier rang desquels le programme de mobilité Erasmus+. L’exécutif européen a également mis sur place un groupe d’experts sur le sujet. Composé de 18 personnes, ce dernier a débuté ses travaux en mars 2023 et devrait rendre ses conclusions d’ici l’année prochaine.

Une action européenne pour la santé mentale

Le 7 juin, la Commission européenne a présenté sa stratégie en matière de santé mentale. Elle se base sur 20 initiatives phares et des moyens financiers atteignant 1,23 milliards d’euros. Parmi les objectifs affichés, “protéger les enfants et les jeunes pendant leurs années les plus vulnérables et les plus formatrices, dans un contexte de pressions et de défis croissants”. Un réseau de santé mentale, une boîte à outils de prévention ainsi qu’une meilleure protection en ligne font ainsi partie des mesures annoncées.

L’inquiétude semble donc partagée : des principaux dirigeants européens jusqu’aux premiers concernés, les enseignants et leurs élèves aux quatre coins du continent. Partant de ce constat, l’agence Erasmus+ France / Education Formation a rassemblé du 13 au 16 juin dernier 50 professionnels de l’éducation issus de 18 pays européens. Réunis dans les locaux de l’Institut des Hautes Etudes de l’Education et de la Formation (IH2EF) à deux pas du Futuroscope (Poitiers), les enseignants, chefs d’établissements ou encore inspecteurs ont ainsi pu échanger autour des enjeux du bien-être à l’école et leurs approches respectives. 

L’Institut des Hautes Etudes de l’Education et de la Formation (IH2EF) forme les cadres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Principalement des chefs d’établissement et des inspecteurs, mais également des médecins scolaires ou des cadres administratifs. Basé à Poitiers (Vienne), l’IH2EF intègre depuis peu des mobilités internationales dans ces cursus et participe de fait activement au programme Erasmus+.

L’institut traite par ailleurs de nombreux sujets transversaux à travers ses enseignements, parmi lesquels la question du bien-être à l’école. Selon Dominique Quéré, responsable des relations internationales, la salle de classe est assez révélatrice des maux de la société. “Les enseignants font face à l’ensemble des problèmes auxquels notre société est confrontée”, prévient-il.

Des initiatives locales

Au programme de ces journées, des visites dans des établissements de la région, des ateliers, mais aussi et surtout des échanges et des témoignages. Ainsi chacun a pu faire part des initiatives menées localement pour tenter d’endiguer ou de prévenir le mal-être des élèves. Tous ont présenté leurs idées avec conviction, suscitant la curiosité et quelques interrogations de la part de leurs homologues.

Au Portugal par exemple, Rosa et ses collègues testent des activités entre eux avant de les appliquer aux élèves. Outre de classiques visites de musées, son établissement propose des déambulations dans la ville au cours desquelles les élèves réalisent des reportages photo et écrits. Une façon selon cette enseignante de motiver ses élèves. En Slovaquie, Martina promeut la même approche avec ses élèves de primaire. Régulièrement, elle fait participer ces derniers à des activités comme des cours de cuisine avec des personnes âgées.

Dans la classe de Cristina en Suède, on mise sur un temps d’échange entre élèves. Une heure par semaine, ils se réunissent pour discuter de leurs programmes, leurs problèmes et leurs craintes, sous l’œil des “mentors” qui restent volontairement en retrait. “L’enfant est au centre du processus. On lui demande comment il se sent, ce qu’il veut”, explique la professeure. 

Des boîtes à questions où l’on glisse ses émotions sur un bout de papier, des pauses déjeuner plus longues pour créer du lien ou encore des coins “cozy” dans l’école pour permettre de se détendre : les idées ne manquent pas.

En 2017, l’Académie de Poitiers a pour sa part misé sur la respiration. Ou plutôt sur la cohérence cardiaque. Cette année-là, un projet de recherche est lancé pour observer l’effet de cette pratique sur la gestion du stress et des émotions. Le principe ? Inspirer pendant cinq secondes puis expirer pendant cinq secondes pour un total de six cycles par minute. L’opération est répétée pendant trois minutes, trois fois par jour. Les résultats sont sans équivoque selon Agnès Castel, inspectrice de l’Education nationale dans la circonscription de Poitiers. “De meilleures relations interpersonnelles, plus d’attention, de confiance en soi et de meilleurs résultats, mais aussi moins de stress”, énumère-t-elle.

La contribution d’Erasmus+

Ces témoignages illustrent la richesse et la diversité des initiatives menées à l’échelle locale, amenés à être reproduits dans d’autres Etats européens. Pour l’agence Erasmus+ France, le programme de mobilité peut devenir un outil de promotion de ces bonnes pratiques.

Ainsi, il soutient déjà “les projets éducatifs autour de la santé, de la lutte contre les discriminations ou encore de la place de l’élève dans la classe”, précise l’agence. Plusieurs lycées en France, Grèce, Italie, Lituanie et Turquie ont par exemple collaboré pour mieux accueillir les migrants au sein de leurs établissements en misant notamment sur des jeux de rôles. En Guadeloupe, ce sont trois écoles maternelles qui ont échangé avec un partenaire en Roumanie autour de la cour de récréation comme lieu de souffrance psychosociale.

Qu’en est-il des autres projets financés par le programme ? Selon une note de l’Observatoire Erasmus+ parue en avril 2021, une grande partie d’entre eux contribueraient à favoriser le bien-être dans les établissements scolaires. “8 répondants sur 10 indiquent que les projets Erasmus+ à l’école améliorent la relation élève-enseignant, la collaboration et l’esprit d’équipe entre élèves, ainsi que la motivation à apprendre et l’intérêt pour les contenus éducatifs”, relève l’étude. Pour expliquer ces résultats encourageants, Christelle Coët-Amette, conseillère auprès de la direction de l’agence Erasmus+, affirme que le programme offre “un espace de liberté dans lequel vous pouvez élargir vos horizons et expérimenter des choses nouvelles”.

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Promouvoir le bien-être à l'école : un nouveau défi pour Erasmus+

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide