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Otan : le Parlement turc ratifie l’adhésion de la Suède, seule la Hongrie reste à convaincre

Le Parlement turc a ratifié, mardi 23 janvier, l’adhésion de la Suède dans l’Otan. Quand le président Recep Tayyip Erdoğan aura fait de même, il ne manquera plus que celle de la Hongrie pour que la Suède rejoigne l’organisation.

Forte de 24 000 hommes, l’armée suédoise pourrait bientôt rejoindre l’Alliance atlantique - Crédits : jfbenning / iStock

Aujourd’hui, nous avons fait un pas de plus vers l’adhésion à l’Otan”, s’est félicité ce mardi 23 janvier le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, rapporte The Guardian. Le jour même, le Parlement turc, où l’AKP du président Recep Tayyip Erdoğan et ses partis alliés détiennent la majorité, a ratifié l’adhésion de la Suède à l’Otan “par 287 voix contre 55″, indique Reuters.

Ce vote est un “point final à vingt mois de tractations qui ont testé la patience des alliés occidentaux d’Ankara, désireux de faire front uni face à Moscou”, souligne L’Express. La Suède demandait en effet depuis “mai 2022, dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine”, à rejoindre l’Alliance atlantique, rappelle RTL. Le pays avait candidaté “en même temps que la Finlande, devenue en avril [2023] le 31e membre de l’organisation”, poursuit la radio.

Au terme “d’un long parcours”, la Suède devrait donc bientôt rentrer dans l’Otan, “avec qui elle coopérait déjà toutefois de longue date, en dépit de sa posture de neutralité”, expliquent Les Echos. Une adhésion à venir qui constituerait “une prise importante” pour l’organisation, car la “voie du Nord” serait verrouillée pour la Russie, la mer Baltique étant ainsi entourée de pays membres de l’Otan. “Le port de la flotte baltique russe situé dans l’enclave de Kaliningrad [serait] cerné par des pays qui appartiennent tous à l’alliance”, précisent Les Echos.

De longues tractations avec la Turquie

Le vote était sans surprise, depuis qu’en juillet dernier lors du sommet de l’Otan à Vilnius [Lituanie], le président Erdoğan avait promis à ses pairs de ne pas bloquer l’adhésion de la Suède à l’alliance militaire” [Les Echos]. Mais depuis lors, la Turquie s’est montrée dure en affaires. Son soutien est pourtant crucial car “tous les membres de l’Otan doivent approuver les candidatures des pays souhaitant rejoindre l’alliance”, note Reuters.

Par exemple, Recep Tayyip Erdoğan avait demandé “début décembre comme condition à une ratification l’approbation ‘simultanée’ par le Congrès américain de la vente d’avions de chasse F-16 à la Turquie” [L’Express]. Précédemment, la Turquie avait été exclue “du programme aéronautique militaire américain des avions de chasse F-35″ car elle avait acheté “à la Russie son système de défense aérienne S-400″, rappellent Les Echos. De son côté, le Congrès américain, inquiet “des postures du président turc, notamment contre Israël”, avait demandé comme préalable “le feu vert à la Suède” dans l’Otan, avant de fournir ces avions, rapporte le quotidien.

De même, Ankara avait également exigé des concessions de la part de la Suède, “accusant le pays nordique de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol”, que la Turquie considère pour certains comme des terroristes, relate L’Express. L’hebdomadaire explique que la Suède est alors allée “jusqu’à réformer sa Constitution et adopter une nouvelle loi antiterroriste”. Cette nouvelle a fait grand bruit chez les Kurdes de Suède selon Paul Levin, directeur de l’Institut universitaire d’études turques de Stockholm, interrogé par The Guardian. D’après lui, nombreux sont les Kurdes qui craignent que la Suède “ne soit plus le champion de leur cause et qu’elle réponde aux exigences d’Erdoğan concernant l’extradition d’un grand nombre de Kurdes”.

C’est dans ce contexte que le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billström s’est montré prudent à l’annonce du vote turc, remarque The Guardian. Bien qu’il ait déclaré que le vote est “bien sûr bon”, il attend désormais que le président turc signe la ratification et l’envoie à l’Otan : “nous n’aurons pas terminé le processus tant que cela n’aura pas eu lieu, du côté turc”.

La Hongrie à convaincre

Alors que la Turquie s’apprête à signer la ratification d’adhésion, “le dernier acte avant une entrée de la Suède dans l’Otan se jouera désormais en Hongrie”, écrit L’Express. La Hongrie a “certes donné son soutien de principe” à la Suède, mais “elle traîne des pieds depuis des mois” [RTL]. En 2022, le gouvernement hongrois avait soumis la ratification d’adhésion de la Suède au Parlement, “mais le vote final a été retardé à plusieurs reprises”, indique The Guardian. Certains experts y ont vu “une stratégie de chantage [du Premier ministre] Viktor Orbán pour obtenir des concessions de l’UE, d’autres le signe de sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine et le chef d’Etat turc” [RTL]. De plus, “Budapest a mal accueilli les critiques de Stockholm concernant son recul par rapport aux principes démocratiques de l’UE”, remarque Politico.

Mardi 23 janvier, Viktor Orbán a “invité son homologue suédois” à lui rendre visite “et à négocier l’adhésion de son pays au bloc”, fait savoir Reuters. Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó, cette rencontre permettrait “d’instaurer la confiance” car “la coopération politique et sécuritaire nécessite une confiance inconditionnelle”, cite Reuters. Une invitation accueillie avec froideur par le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billström, dont les propos sont rapportés par Euractiv : “Je ne vois aucune raison de négocier à ce stade”, a-t-il déclaré, ne confirmant pas l’éventuel déplacement d’Ulf Kristersson en Hongrie.

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