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La Suède bloquée aux portes de l’Otan par la Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a une nouvelle fois fermé la porte à une intégration prochaine de la Suède à l’Otan. Egalement candidate, la Finlande a pour la première fois émis l’hypothèse d’y adhérer seule.

Le ministre des Affaires étrangères suédois Tobias Billström (à gauche) et son homologue finlandais Pekka Haavisto (à droite), lors d'une réunion e l'Alliance transatlantique à Bucarest en novembre 2022
Le ministre des Affaires étrangères suédois Tobias Billström (à gauche) et son homologue finlandais Pekka Haavisto (à droite), lors d’une réunion de l’Alliance transatlantique à Bucarest en novembre 2022 - Crédits : Otan

L’entrée de la Suède à l’Otan n’est décidément pas sur de bons rails”, constatent Les Echos. La Turquie a mis un “coup d’arrêt” mardi 24 janvier à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’organisation transatlantique selon Le Point, “en reportant sine die une rencontre tripartite initialement prévue début février et destinée à lever les objections d’Ankara à leur candidature”.

Le président turc a déclaré lundi que la Suède ne devait pas s’attendre à ce que son pays soutienne son adhésion à l’Otan”, relate Il Sole 24 Ore. En cause notamment, une manifestation près de l’ambassade de Turquie à Stockholm le week-end dernier, pendant laquelle un exemplaire du Coran a été brûlé par un militant d’extrême droite.

Après l’invasion russe de l’Ukraine, Suède et Finlande se sont simultanément portées candidates à l’adhésion à l’Alliance atlantique en mai dernier. Si les deux pays ont depuis été invités à rejoindre l’organisation, leur intégration doit être ratifiée par l’ensemble de ses Etats membres. “Mais les protestations en Suède entravent” la finalisation du processus, soulève outre-Manche la BBC. 28 des 30 pays de l’Otan ont d’ores et déjà ratifié l’adhésion des deux pays, et le Parlement hongrois devrait donner son “feu vert courant janvier” [Ouest-France].

Gesticulation à usage interne

Côté turc, Le Figaro rapporte qu’Ankara exige depuis plusieurs mois “un durcissement de la politique de ces deux pays vis-à-vis de leur immigration kurde”. Le président Recep Tayyip Erdoğan vise notamment des exilés proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), que la Turquie considère comme des terroristes. Des exigences qui ne sont toujours pas remplies car “pour surmonter ce blocage, la Suède aurait dû céder sur sa tradition d’asile”, note Pierre Haski sur France Inter.

Une gesticulation à usage interne”, estime Ouest-France, permettant au chef d’Etat turc de “remobiliser sa base électorale à l’approche d’une présidentielle et de législatives qui s’annoncent délicates”. Une analyse partagée en Espagne par El Mundo pour qui, à quatre mois des élections, “le président turc a tout intérêt à profiter de la tension avec la Suède pour renforcer son image de père pieux de la nation qui veille aux intérêts de la nation et de l’islam, et ainsi détourner l’attention des problèmes politiques et économiques actuels de la Turquie”.

L’adhésion de la Suède pourrait ainsi être gelée jusqu’aux élections de mai. Recep Tayyip Erdoğan “joue une partie délicate, et il ne fera aucune concession d’ici là ; d’autant que le président turc tient à ses bonnes relations avec Poutine, ça tombe bien”, considère Pierre Haski [France Inter]. Il pourrait même en “surjouer”, souligne Ouest-France. Ce qui explique d’après le journal qu’il soit “hautement improbable qu’il s’assouplisse avant la fin du printemps”.

La Finlande en solo ?

La Finlande a quant à elle évoqué pour la première fois l’idée d’une adhésion à l’Otan sans la Suède. “Une option qu’il faut envisager” même si elle n’est pas le premier choix, a déclaré le ministre des Affaires étrangères finlandais Pekka Haavisto, cité par RFI. Pour El Mundo, même si la Finlande a toujours lié sa candidature à l’Otan à celle de la Suède, “la colère d’Erdoğan l’oblige désormais à envisager une adhésion seule”.

La principale option reste que les deux pays scandinaves rejoignent l’organisation en même temps, étant donné les considérations de sécurité de la Finlande et de la Suède”, a cependant nuancé M. Haavisto [Il Sole 24 Ore]. Quoi qu’il en soit, les déclarations du ministre finlandais ont fait réagir chez le voisin suédois, où “le ministre des Affaires étrangères Tobias Billström a demandé des explications à Helsinki”, fait savoir la radio internationale.

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