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Environnement : la Commission européenne confirme le label “vert” pour le nucléaire et le gaz

L’exécutif européen a précisé, mercredi 2 février, les conditions qui permettront à ces énergies d’être incluses dans sa “taxonomie verte”. Le projet vise à orienter les investissements vers les activités participant à la lutte contre le changement climatique. 

La commissaire aux Services financiers, Mairead McGuinness, le 2 février 2022 à Bruxelles lors d'une conférence de presse après l'approbation de la mesure sur le label "vert" accordé au nucléaire et au gaz - Crédits : Lukasz Kobus / Commission européenne
La commissaire aux Services financiers, Mairead McGuinness, le 2 février 2022 à Bruxelles lors d’une conférence de presse après l’approbation de la mesure sur le label “vert” accordé au nucléaire et au gaz - Crédits : Lukasz Kobus / Commission européenne 

“Feu vert européen au nucléaire et au gaz”, titre Le Soir, mercredi 2 février, après le nouveau vote de la Commission européenne sur le projet de taxonomie verte. “ ‘L’acte délégué’ adopté après un vote - procédure inhabituelle - inclut le gaz naturel fossile et le nucléaire dans les énergies ‘de transition’, que l’on pourra utiliser pour arriver à la neutralité carbone en 2050”, précise le journal belge.

“La taxonomie est l’instrument choisi par la Commission pour indiquer aux investisseurs les activités qui peuvent être qualifiées de durables”, explique El País. Un nouveau label “vert” “susceptible d’attirer des investissements de plusieurs milliards d’euros”, ajoute Courrier international. Car la Commission évalue les besoins financiers de la “transition écologique à 520 milliards d’euros d’ici 2050, dont la majorité issue de capitaux privés”, rappelle Politico.

Or, selon le média en ligne, la version du texte adoptée hier “est encore plus laxiste sur les énergies controversées” que le premier projet présenté en décembre. Ce dernier aurait notamment “exigé des usines la preuve qu’elles passaient par étapes à du gaz plus propre - une part de 30 % d’ici à 2026 et de 55 % d’ici 2030 - mais des pays politiquement puissants comme l’Allemagne se sont plaints de ces exigences trop onéreuses” [Politico].

Avec cette révision, les nouvelles centrales nucléaires devront justifier d’un permis de construire antérieur à 2045 pour obtenir ce label “vert”. Pour “les centrales à gaz, c’est un seuil de 270 grammes de CO2 par kilowattheure qui a été retenu - pour celles qui obtiennent leur permis de construire avant fin 2030. Puis le plafond tombera à 100 grammes”, poursuit La Croix.

Divisions

Mais cette décision “imparfaite”, selon les mots de la commissaire européenne chargée du projet elle-même, Mairead McGuinness, suscite des oppositions [Politico]. Rien qu’au sein de l’exécutif européen, le texte n’a pas fait l’unanimité. “Le commissaire européen au budget Johannes Hahn, la commissaire à la cohésion et aux réformes Elisa Ferreira et le commissaire à l’action extérieure Josep Borrell ont voté contre” [Politico]. C’est cette division durable sur le sujet qui a forcé le collège de commissaires à “procéder à un vote avant de faire cette annonce”, souligne la Deutsche Welle.

Au niveau des Etats membres, un groupe de pays parmi lesquels l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, a bataillé pour “exclure l’atome”, relate Le Monde. Tandis que l’Autriche, “le Danemark, les Pays-Bas et la Suède ont contesté le label ‘vert’ pour le gaz dans une lettre commune”.

Si le Luxembourg y réfléchit encore, l’Autriche a été la première à afficher son “intention d’engager une action en justice” contre la décision de la Commission, annonce Ouest-France. “Nous allons préparer le terrain juridiquement dans les prochaines semaines et si cette taxonomie prend effet, alors nous lancerons une procédure devant la Cour de justice de l’UE”, a annoncé hier sa ministre de l’Environnement, Leonore Gewessler, citée par le quotidien. Le pays a la particularité “d’avoir interdit en 1978 l’exploitation de l’énergie nucléaire, une mesure élevée au rang de principe constitutionnel en 1999”, note Le Parisien.

Colère des écologistes

Les associations et ONG écologistes sont également très critiques du texte. “On a in fine une proposition qui n’est pas alignée avec la science, qui fait pire que le marché actuel et qui est à la traîne derrière plusieurs autres taxonomies développées dans d’autres régions”, déplore ainsi Sébastien Godinot, membre de WWF [Europe 1].

L’ONG Greenpeace dénonce quant à elle “ ‘le plus grand exercice de greenwashing de tous les temps’ et ‘une tentative de hold-up’. ‘On essaie de détourner des milliards d’euros qui étaient destinés aux renouvelables’, a affirmé Ariadna Rodrigo pour l’ONG” [Ouest-France].

L’Express rappelle également que le comité d’experts qui conseille la Commission sur la finance verte (plateforme pour la finance durable) s’était “fendu”, le 21 janvier, “d’une analyse sévère de la proposition bruxelloise, jugeant que les deux énergies ne pouvaient décemment pas ‘être considérées comme durables au sens du règlement de la taxonomie’ “. L’hebdomadaire français poursuit en expliquant que ni les recommandations de la plateforme, ni les voix du Parlement européen n’ont été entendues dans la conception de cet acte délégué.

La députée européenne allemande Anna Deparnay-Grunenberg (Les Verts) a d’ailleurs qualifié ce texte, sur France info, d’assez “déplorable”,  jugeant qu’il s’agissait d’une “perte de temps énorme et une défaite de l’Europe.”

Le Conseil de l’UE comme le Parlement européen peuvent “bloquer le texte dans les six prochains mois”, rappelle La Croix. Mais pour Politico, il y a “peu de chance pour que la proposition de la Commission soit annulée”. Seule une majorité qualifiée d’au moins 20 pays représentant 65 % de la population” peut le faire au Conseil. Tandis qu’au Parlement, un rejet du texte nécessite une “majorité absolue de 353 voix”.

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