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Plateformes numériques : quel est le profil de leurs travailleurs en Europe ?

Dans quelles conditions les travailleurs des plateformes numériques telles que Deliveroo ou Uber effectuent-ils leurs missions ? Alors qu’une législation européenne pour mieux encadrer leur statut est en discussion, une étude d’Eurostat parue fin juin permet de mieux cerner leur profil.

Environ 20 % des travailleurs des plateformes ne peuvent pas s'opposer aux tâches qui leur sont attribuées, sous peines de conséquences préjudiciables, telles que l'exclusion de l'application avec laquelle ils effectuent leurs missions - Crédits : waddle / iStock
Environ 20 % des travailleurs des plateformes ne peuvent pas s’opposer aux tâches qui leur sont attribuées, sous peines de conséquences préjudiciables, telles que l’exclusion de l’application avec laquelle ils effectuent leurs missions - Crédits : waddle / iStock

Utiliser une application pour commander une pizza, se faire livrer ses courses ou encore conduire chez soi. Un geste devenu banal pour de nombreux Européens… et qui implique des millions d’individus appelés travailleurs des plateformes. En Europe, les entreprises de l’économie numérique en compte 28 millions, d’après la Commission européenne. Mais leur statut pose question.

Alors que 90 % des quelque 500 plateformes numériques implantées sur le Vieux Continent les considèrent comme travailleurs indépendants, la réalité pourrait bien souvent s’apparenter à une forme de salariat déguisé. Car ces personnes sont-elles aussi libres dans leur travail que leur statut le laisse entendre ? Pour la Commission européenne, 5,5 millions de travailleurs des plateformes sont qualifiés à tort de non-salariés.

L’office européen de statistiques Eurostat s’est emparé du sujet, en publiant fin juin une étude sur leurs revenus et conditions de travail, conduite auprès d’eux en 2022 dans 16 pays de l’Union européenne dont la France, ainsi qu’en Norvège. L’enquête arrive à un moment crucial, alors qu’un projet de directive européenne en discussion prévoit justement d’empêcher que ces travailleurs ne soient considérés à tort comme des indépendants et privés des avantages du salariat (salaire minimum, limitation du temps de travail hebdomadaire, congés payés, chômage…).

Souvent un complément de revenu

L’un des traits caractéristiques du travail pour les plateformes numériques selon l’étude d’Eurostat est qu’il ne constitue pas l’activité principale dans une majorité des cas. Seuls 22,7 % des répondants ont déclaré y avoir consacré plus de 30 heures au cours du mois passé.

Ces données se reflètent dans la part des revenus tirés de ces activités en lien avec les plateformes. Pour seulement 23,4 % des personnes concernées, plus des trois quarts de leurs revenus sont assurés par leur travail pour ces entreprises du numérique. A l’inverse, 52,2 % d’entre eux en reçoivent moins d’un quart.

Mauvaise couverture sociale

Autre élément distinctif des travailleurs des plateformes : l’absence de couverture sociale. En moyenne dans les 17 pays de l’étude, 62,4 % d’entre eux ne bénéficient pas du chômage, 56,3 % ne sont pas couverts en cas de maladie et 54,2 % en cas d’accident du travail. Lorsqu’ils disposent d’une couverture sociale, c’est le plus souvent grâce à un autre emploi non lié aux plateformes numériques (environ un quart des sondés).

Des liens de subordination fréquents

Les auteurs de l’enquête d’Eurostat ont aussi demandé aux travailleurs des plateformes s’ils étaient en mesure de refuser des missions ou non, sans que cela leur soit préjudiciable. C’est l’enjeu principal de la directive européenne en discussion, sur laquelle les Etats membres de l’UE et les eurodéputés doivent s’entendre : s’ils ne peuvent pas s’opposer à une nouvelle tâche, peut-on réellement parler de travailleurs indépendants ?

Les répondants indiquent à 79,9 % qu’ils peuvent ne pas accepter des prestations sans conséquences (blocage et exclusion de l’application ou encore baisse du nombre de missions intéressantes proposées et de la notation du travailleur, d’après les critères retenus par Eurostat). Ce qui laisse un cinquième d’entre eux exposés à des répercussions dommageables.

Eurostat s’est aussi penché sur les choix des horaires de travail. Si 75,3 % des travailleurs des plateformes les choisissent uniquement eux-mêmes, 12,8 % ne peuvent que choisir parmi différents créneaux ou se les font complètement imposer.

Concernant les prix des prestations, 61,4 des travailleurs les déterminent eux-mêmes. A l’inverse, pour 21,4 % des personnes interrogées, les tarifs sont définis par leur plateforme, application ou encore leurs clients.

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