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Carte de la Hongrie
Drapeau Hongrie

Hongrie

Drapeau Hongrie Dernière mise à jour le 15.03.2024

Hongrie

Adhésion en 2004 Dernière mise à jour le 15.03.2024

Géographie et démographie

Budapest

Villes principales

Budapest, Debrecen, Miskolc, Szeged, Pécs

Découpage administratif

7 régions, 19 comitats (départements), 3168 communes

9,60 millions (2023)

Eurostat

91 248 km² (2023)

Eurostat

Indice de développement humain

0,846 (2021)

ONU

Environnement

6,61 tonnes/hab (2021)

AEE

Politique

République parlementaire monocamérale

Tamás Sulyok

2026

Législatives

2029

Présidentielle

Économie

PIB

168,9 milliards d'euros (2022)

Eurostat

5,5 % (décembre 2023)

Eurostat

0,9 % (troisième trimestre 2023)

Eurostat

4,2 % (décembre 2023)

Eurostat

75 % du PIB (troisième trimestre 2023)

Eurostat

Déficit de 6,1 % du PIB (second trimestre de 2023)

Eurostat

Politique

La Hongrie (Magyarorszag) est une république parlementaire au Parlement monocaméral.

Le régime parlementaire hongrois a évolué depuis une décennie vers un système marqué par la prépondérance du Premier ministre. Le Parlement, pour le renverser, doit désigner simultanément son successeur. Le Président joue avant tout un rôle d’arbitre et le Parlement monocaméral doit partager certaines prérogatives (comme l’initiative des lois) avec l’exécutif.

Gouvernement

Le 29 mai 2010, Viktor Orbán, président du Fidesz (conservateur), est redevenu Premier ministre de la Hongrie après un premier passage à cette fonction de 1998 à 2002. Après une victoire écrasante de la coalition Fidesz - KDNP (démocrates chrétiens), il a ainsi succédé au Premier ministre indépendant Gordon Bajnai, élu un an plus tôt pour mettre en place un programme d’austérité visant à sortir le pays de la profonde crise économique qu’il traversait. Auparavant, Ferenc Gyurcsány (MSzP, parti socialiste) dirigeait le pays depuis 2004.

Décidée par le Premier ministre, la nouvelle Constitution hongroise, adoptée par le Parlement le 18 avril 2011, est entrée en vigueur le 1er janvier 2012. A travers une série de lois nationalistes concernant à la fois les domaines politiques, religieux, ou encore l’économie et les finances, le texte a fait l’objet de nombreuses critiques, tant du côté de l’opposition et de la communauté internationale que du peuple hongrois. La nomination des proches de M. Orbàn à la tête des principaux contre-pouvoirs (Cour constitutionnelle, Autorité des médias…), tout comme une politique économique étatiste (qui a pourtant montré un certain succès), a également suscité des critiques en Europe.

Viktor Orbán a été réélu une troisième fois le 6 avril 2014, avec 44,5 % des suffrages. Puis une quatrième fois le 8 avril 2018, avec 48,5 % des voix et une participation record de 69,4 %. Quant au parti d’extrême-droite Jobbik, il s’est placé en tête de l’opposition.

Le dirigeant nationaliste M. Orbán est ensuite reconduit pour un quatrième mandat consécutif suite aux résultats des élections législatives hongroises du 3 avril 2022. Son parti termine largement en tête avec 53,1 % des voix, loin devant la coalition des six partis d’opposition qui n’a récolté que 35 % des suffrages.

Chef d’Etat

Succédant à János Áder (Fidesz), président de la République de 2012 à 2022, Katalin Novák devient la première femme présidente de Hongrie le 10 mars 2022. Cette proche de Viktor Orbán est entrée en fonction le 10 mai 2022, mais a démissionné en février 2024, épinglée par un scandale suscitant l’indignation de la population hongroise. Katalin Novák a en effet accordé une grâce présidentielle en avril 2023 à un ancien responsable de foyer pour enfants, condamné pour avoir couvert les agissements pédophiles de son supérieur. Une affaire révélée au début du mois de février 2024 qui a ainsi entraîné la chute de la présidente hongroise.

Lundi 26 février 2024, le Parlement élit Tamás Sulyok à la présidence de la République. Ce juriste de 67 ans sans affiliation politique, qui dirigeait la Cour constitutionnelle depuis 2016, est officiellement devenu le chef de l’Etat hongrois le 5 mars. 

Le pays et l’Union européenne

Comme tous les pays d’Europe centrale et orientale, la Hongrie a envisagé son ancrage à l’Ouest à travers le double prisme de l’OTAN et de l’Union européenne. Elle a débuté les négociations d’adhésion à l’UE le 31 mars 1998 et rejoint l’Alliance atlantique le 12 mars 1999.

La Hongrie a conclu avec succès les négociations de son adhésion à l’Union européenne lors du Conseil européen de Copenhague les 12 et 13 décembre 2002. Le référendum d’adhésion s’est tenu le 12 avril 2003 : 83,9% des suffrages ont exprimé un “oui” et confirmé le relatif soutien de la population hongroise (l’abstention a dépassé les 50%). La Hongrie a officiellement rejoint l’Union le 1er mai 2004, puis l’Espace Schengen le 21 décembre 2007.

Avec la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, la Hongrie appartient au groupe de Visegrad, un groupement chargé notamment de défendre les intérêts de ses membres dans l’UE. Elle soutient l’élargissement aux pays balkaniques, avec lesquels elle compte jouer un rôle de pivot du fait de sa position géographique.

Le pays se trouve cependant depuis fin 2011 sous le feu des critiques de l’UE : les réformes institutionnelles imposées par le gouvernement Orbàn ont suscité l’inquiétude des institutions européennes et des Etats membres, concernant notamment le fonctionnement de la justice, de la Banque centrale hongroise, ainsi que la loi sur les médias, les églises et l’autorité de protection des données. Viktor Orbàn a du intervenir à plusieurs reprises devant la Commission européenne et le Parlement européen pour justifier les mesures adoptées. Plusieurs dispositions ont également fait l’objet de procédures devant la Cour de Justice de l’Union européenne.

L’attitude du Premier ministre face à la politique migratoire de l’Union européenne est également sujette à de nombreuses controverses. Celui-ci a reproché à l’Union une politique trop “libérale” , et a souhaité mettre fin à l’immigration “à tout prix” . Un mur de 175 km de barbelés entre la Hongrie et la Serbie voisine a été érigé et, le 28 mars 2017, une loi de placement en détention systématique des demandeurs d’asile est entrée en vigueur. Cette disposition a été considérée non-conforme au droit international et a placé l’UE dans l’embarras.

Le 12 septembre 2018, le Parlement européen a finalement voté l’ouverture d’une procédure à l’encontre la Hongrie, visant à sanctionner les Etats membres qui ne respectent pas l’Etat de droit. La Pologne, sous le coup de la même procédure depuis décembre 2017, fait bloc avec la Hongrie pour éviter les sanctions, qui doivent être votées à l’unanimité des autres Etats pour être appliquées.

Le 20 mars 2019, le parti majoritaire de Viktor Orbàn, le Fidesz, a été suspendu du Parti populaire européen (PPE) en raison de positions devenues trop eurosceptiques et d’attaques contre le président de la Commission européenne de l’époque, Jean-Claude Juncker, pourtant issu du PPE. En mars 2021, les eurodéputés hongrois quittent finalement les rangs de groupe conservateur au Parlement européen. Le Premier ministre Orbàn a toutefois exclu de rejoindre le groupe d’extrême-droite Identité et démocratie (dont est membre le Rassemblement national français).

Le 16 février 2022, la Cour de justice de l’Union européenne rejette le recours de la Hongrie et de la Pologne qui avait pour but de s’opposer au mécanisme de conditionnalité du budget européen. C’est une décision qui autorise de facto la Commission européenne à suspendre le versement de fonds européens à destination des Etats qui portent atteinte à l’état de droit ou plus généralement aux valeurs fondamentales de l’Union, comme la Hongrie.

La Hongrie compte 21 députés au Parlement européen, dont 13 du Fidesz depuis 2019. Elle a assuré la présidence du Conseil de l’Union européenne de janvier à juin 2011 pour la première fois. Elle l’assurera pour la deuxième fois de juillet à décembre 2024.

Le Hongrois Olivér Várhelyi est commissaire à la Politique de voisinage et à l’Elargissement. Le premier candidat László Trócsányi, juriste et député européen, avait été rejeté fin 2019 par le Parlement pour conflits d’intérêts.

Géographie

Située au centre de l’Europe dans le bassin des Carpates, la Hongrie est délimitée au nord par la Slovaquie, à l’est par l’Ukraine et la Roumanie, au sud par la Croatie et la Slovénie, à l’ouest par l’Autriche. C’est un pays de plaines : les 2/3 du pays sont composés de plaines et de régions vallonnées. 7,6% de la superficie nationale sont protégés.

Les principaux fleuves sont le Danube et la Tisza. La Hongrie compte quelques 1200 lacs naturels et artificiels dont le lac Balaton, qui est le plus grand lac d’Europe (595 km²). On l’appelle “la mer intérieure hongroise” .

La Hongrie est par ailleurs un pays très riche en eaux thermales. Ces eaux naturelles et médicinales contiennent, en raison des activités volcaniques passées, de très nombreuses substances minérales. Le climat est tempéré, le pays se situe au carrefour de trois zones climatiques : méditerranéenne, continentale et atlantique.

Economie

Economiquement, la Hongrie a souvent été considérée comme un “bon élève” de l’Union européenne. Elle a eu l’occasion de s’ouvrir à l’économie de marché dès 1968, lorsqu’elle a obtenu de l’Union soviétique de rompre partiellement avec l’économie dirigée.

Avant la crise économique, la Hongrie était la troisième puissance économique d’Europe centrale après la Pologne et la République tchèque. Elle y était aussi l’économie la plus ouverte, avec un nombre important de secteurs liés à l’Europe de l’ouest par le commerce et l’investissement.

Au cours des années 1990, le pays a mené une politique active de privatisation. Les investissements directs étrangers (IDE), qui représentaient un tiers du PIB en 2002, ont joué un rôle important dans la croissance économique du pays. En 2007, les entrées nettes d’IDE représentaient effectivement 50,7 % du PIB (pour une moyenne européenne de 9,5 %), mais elles ont considérablement ralenti après la crise.

En léger déclin après la chute du communisme, l’industrie hongroise s’est redressée par la suite, lorsque le pays est devenu un maillon essentiel dans la chaîne de production européenne grâce au faible coût de sa main d’œuvre. Celui-ci a ensuite été particulièrement touché par la crise économique et financière, alors qu’il était déjà confronté à une hausse de ses déficits publics retardant son entrée dans la zone euro, initialement prévue pour 2010. En 2008, le pays a bénéficié d’un plan d’aide de 20 milliards d’euros du Fonds monétaire international (FMI), de l’Union européenne et de la Banque mondiale. Suite à un contentieux avec l’UE sur l’indépendance de la banque centrale hongroise, Viktor Orbàn a ensuite pris la décision de se passer de l’UE et du FMI pour se financer sur les marchés.

Le gouvernement a adopté une série de mesures afin de réduire le déficit et la dette publics, ce qui a permis de mettre fin à la procédure pour déficit excessif en juin 2013. En 2012, le déficit public est effectivement repassé sous les 3%. La dette publique a en revanche atteint environ 70 % du PIB en 2019. Le taux de chômage (au sens de l’OIT) a été en baisse de 2012 à 2019, où il a atteint 3,4%. Mais la situation de la population s’est détériorée avec la crise : les dépenses sociales publiques ont diminué de 3 points de PIB depuis 2009 et la part de la population en dessous du seuil de pauvreté national est passée à 14,9 % en 2014, soit une augmentation de 2,5 points depuis 2009.

La crise pandémique liée au Covid-19 a eu pour conséquence une baisse de 5 % du PIB en 2020. L’économie hongroise garde plusieurs faiblesses et vulnérabilités : l’insuffisance des investissements privés nationaux et étrangers, la spécialisation industrielle peu diversifiée, la forte dépendance aux fonds européens (environ 4 % du PIB sur la période 2014-2020) et un manque de main-d’œuvre lié à une démographie en baisse.

Pour sortir de la crise, le gouvernement a augmenté ses dépenses et la banque centrale a baissé ses taux d’intérêts. Si la croissance et le chômage ont retrouvé des niveaux d’avant-crise, cette politique, parmi les plus expansionniste d’Europe, a fortement favorisé l’inflation. En vue des élections législatives de 2022, le gouvernement a encore davantage augmenté les dépenses publiques, renforçant la tendance.

A cela se sont ajoutés une sécheresse difficile pour les exportateurs agricoles, une crise de l’énergie alors que le pays dépend fortement de la Russie et une dérégulation des prix de l’énergie jusque-là limités. De plus, les tensions avec l’UE ont nui à l’image de la monnaie nationale, le forint, qui a perdu de sa valeur et donc renchéri les importations. Résultat : l’inflation a explosé, atteignant 14,6 % en 2022, puis 17,2 % en 2023.

Source : Direction générale du Trésor , Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et FMI

Histoire

La naissance de la Hongrie

  • 35 av. J.C. - 9 après J.C. : les Romains conquièrent la Hongrie et fondent la province de Pannonie. Les magyars n’arrivent dans la plaine du Danube qu’en 896 sous la direction de leur prince Arpad.
  • 1000 : le prince magyar Etienne est couronné roi chrétien de Hongrie. C’est la naissance officielle de la nation hongroise.
  • 1458-1490 : le règne de Mathias Corvin, qui conquiert la Moravie et la Silésie, marque une période brillante du Royaume de Hongrie.

Le temps des divisions

  • 1541 : après la prise de Budapest par les Ottomans, la Hongrie est divisée en trois : la partie occidentale revient aux Habsbourg, le centre et la partie orientale tombent sous la coupe des Turcs.
  • 1703-1711 : Ferenc Rakoczi prend la tête d’une insurrection hongroise contre les Habsbourg et la paix de Szatmar reconnaît une large autonomie au royaume de Hongrie au sein de la monarchie danubienne.
  • 1848-1849 : les nationalistes hongrois se soulèvent contre Vienne, une insurrection rapidement écrasée par les autorités impériales avec l’appui de l’armée russe. En 1867, la Hongrie recouvre une certaine forme de souveraineté, lorsque l’Empire unitaire et centralisé se transforme en double monarchie austro-hongroise.
  • 4 juin 1920 : par le Traité de Trianon, la Hongrie perd les deux tiers de son territoire. Cinq millions de Hongrois se retrouvent en dehors du territoire national (ce qui, aujourd’hui encore, constitue une source de tension avec les pays voisins).
  • 1920-1944 : l’amiral Horthy, ultraconservateur, dirige le pays après la répression sanglante de la république communiste de Bela Kun. Il fait le choix de l’alliance avec l’Allemagne nazie favorable à la révision des traités de paix.

La période soviétique

  • 1945 : la Hongrie est occupée par l’Armée rouge et bascule sous tutelle soviétique. En 1956, le soulèvement démocratique de Budapest est brutalement écrasé par les troupes soviétiques.
  • 1989 : la Hongrie proclame la IIIème République le 23 octobre. C’est la fin de l’ère soviétique. Quelques mois auparavant, la décision d’ouvrir les frontières hongroises aux milliers d’Allemands de l’Est fut à l’origine de l’effondrement du rideau de fer et du mur de Berlin.
  • 2004 : la Hongrie adhère à l’Union européenne

Drapeau et hymne

Composé de trois bandes horizontales rouge-blanc-vert, le drapeau hongrois apparaît pour la première fois en 1848, lorsque la vague des “Printemps des peuples” déferle sur l’Europe. Cette disposition est inspirée des drapeaux tricolores, très populaires par leur évocation de la Révolution française. Le rouge rappelle les bannières des tribus du roi Arpad, qui a installé les Magyars au cœur de la plaine de Pannonie ; le blanc est la couleur du roi Étienne, qui assure l’indépendance du royaume, et sera canonisé en 1083 ; le vert appartient aux armoiries royales, en particulier depuis Mathias Corvin au XVe siècle.

L’Hymne (Hymnusz) est issu d’un poème écrit par Ferenc Kölcsey qui rappelle l’histoire du peuple. Il fait référence à Arpad, chef au IXe siècle des tribus magyares originaires de l’Oural, au roi et héros national Mathias Corvin ou encore aux envahisseurs turcs et mongols. Mis en musique par la figure du romantisme Ferenc Erkel en 1823, il exprime le besoin de calme et de sérénité après un passé de tempêtes et de dominations successives.

Voir l’étude de Notre Europe - Institut Jacques Delors

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