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Allemagne : agriculteurs et cheminots vent debout contre le gouvernement

L’Allemagne est secouée par plusieurs mouvements sociaux simultanés. Tandis que les agriculteurs manifestent et bloquent les routes depuis lundi 8 janvier, les cheminots ont décidé de se mettre en grève le lendemain.

Face à ce double mouvement de contestation, le chancelier Olaf Scholz, crédité de seulement 19 % d’opinions favorables, est à la peine - Crédits : Conseil de l’Union européenne

Une semaine de grogne sociale qui rappelle les ‘gilets jaunes’ “, titre Le Soir. Les travailleurs allemands sont nombreux à exprimer leur ras-le-bol : “les paysans dans la rue, les trains à l’arrêt, la naissance d’un nouveau parti populiste à gauche… l’Allemagne est en effervescence !”, constate le quotidien.

Depuis lundi 8 janvier, “non seulement les agriculteurs, mais aussi les conducteurs de train et les transporteurs ont annoncé des grèves et des manifestations”, certains évoquent même une “grève générale”, explique Deutschlandfunk. Ils ont d’ailleurs été rejoints dans la rue par “des bouchers, boulangers et autres artisans”, ajoute L’Express.

Face à ce mécontentement généralisé, le chancelier allemand est en difficulté. Selon Die Zeit, “seuls 19 % des électeurs sont satisfaits du travail d’Olaf Scholz”. C’est un “record historique” : “aucun chancelier fédéral n’a jamais enregistré une cote de popularité aussi faible” depuis le début des sondages sur le sujet, selon l’hebdomadaire. 

La colère des agriculteurs face à la baisse des subventions

De leur côté, les agriculteurs protestent contre “la décision du gouvernement de réduire un grand nombre de ses subventions agricoles”, indique Euractiv. Ils dénoncent une politique d’austérité qui a pour but de “combler les déficits budgétaires” du pays, poursuit le média.

Pour Jens Schreinicke, travailleur et représentant agricole interrogé par la Deutsche Welle, cette décision est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Selon lui “beaucoup de choses se sont accumulées au fil des années : nous avons déjà dû accepter des réductions des subventions agricoles récemment, avec une bureaucratie renforcée” dans un contexte de “hausse des coûts” généralisée : “personnel, machines, énergie”.

Ce lundi 8 janvier, l’Allemagne a ainsi “vu défiler sur ses routes des milliers de tracteurs” [L’Express]. Ces derniers ont bloqué “les routes principales et les autoroutes et [provoqué] d’importants embouteillages” [Euractiv]. Le mouvement, “largement” soutenu par la population, a déjà fait reculer le gouvernement, fait savoir L’Express. La suppression d’une aide à l’achat de gazole a ainsi été reportée à 2026, et “l’avantage fiscal sur les véhicules pour la sylviculture et l’agriculture” n’a finalement pas été retiré, détaille l’hebdomadaire. Mais “ces compromis ne suffisent pas” et le mouvement social est parti pour durer, constate L’Express.

Les cheminots en grève pour de meilleures conditions de travail

Les cheminots sont quant à eux mobilisés pour obtenir “des augmentations de salaires à la suite de l’inflation” et “la semaine de 35 heures sur quatre jours, sans perte de revenus”, résument Les Echos. Ils avaient déjà fait grève “en novembre et en décembre”, mais leur employeur, la Deutsche Bahn (DB), ne veut pas d’une telle réforme qui “augmenterait les frais de personnel de l’entreprise de 50 %”, rapporte le quotidien.

Le Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer (GDL), le syndicat allemand du rail, a donc “appelé à une grève de plusieurs jours dans le transport ferroviaire”, fait savoir Südwestrundfunk. Pour les transports de passagers, la grève “a débuté mercredi soir à 2 heures du matin et devrait durer jusqu’à 18 heures vendredi 12 janvier”, et pour le fret de marchandises, elle a débuté “mardi soir”, détaille la radio.

La Deutsche Bahn a “contesté la légalité des grèves” devant les tribunaux allemands, mais ceux-ci ont “validé la tenue des manifestations”, rappelle Euractiv. Fort de “40 000 membres” [Les Echos] dans toute l’Allemagne, le syndicat GDL maintient ses positions et cette semaine, “seul un train sur cinq” sera en circulation [Südwestrundfunk].

Olaf Scholz en difficulté

Alors que cheminots et agriculteurs battent le pavé, Olaf Scholz est en difficulté, lui qui est le “chancelier le plus impopulaire de l’histoire de la République fédérale”, note Le Soir. En se rendant à l’est du pays pour soutenir la population face aux inondations, il a même été hué par les habitants aux cris de “traître à la nation”, “menteur” et “rentre chez toi !”, relate le quotidien.

D’après Ursula Münch, directrice de l’Académie de science politique de Tutzing, interrogée par le journal, son gouvernement n’a pas “pris en compte l’ambiance dans les campagnes lorsqu’ils ont décidé de faire les économies budgétaires”. Elle établit d’ailleurs un parallèle avec les gilets jaunes français : “un peu comme Emmanuel Macron avec la hausse inopinée du prix des carburants en 2018″.

La situation pourrait être profitable à l’extrême droite allemande. D’après la Deutsche Welle, celle-ci espère tirer parti “de cette défiance vis-à-vis du gouvernement et c’est pourquoi [elle soutient] l’opposition”. Dans les derniers jours, l’Office fédéral de la police criminelle (BKA) a d’ailleurs constaté de nombreux “appels à une ‘grève générale’ et à des ‘émeutes subversives’ ainsi qu’à une ‘infiltration’ des manifestations” au sein des mouvements d’extrême droite, rapporte Deutschlandfunk.

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