Donner les moyens aux pays du Sud de faire face au changement climatique, tel était l’enjeu du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Une réunion informelle à l’initiative d’Emmanuel Macron, qui a rassemblé les 22 et 23 juin derniers une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, des dirigeants d’organisations internationales, de nombreuses ONG ou encore des experts des sujets climatiques et financiers à Paris.
“Les défis mondiaux accentuent la pression sur les pays les plus vulnérables, qui sont aussi ceux qui souffrent le plus des effets du changement climatique”, souligne Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), présent lors du sommet. Si l’événement n’a pas permis d’aboutir à toutes les promesses de financements espérées par les pays du Sud, l’Union européenne y a néanmoins pris plusieurs engagements afin de faciliter la transition écologique dans les Etats plus vulnérables. Des initiatives en particulier portées par la BEI, bras financier de l’UE.
Suspension de la dette en cas de catastrophe naturelle
L’une des annonces les plus médiatisées de la rencontre de Paris a été formulée par la Banque mondiale : celle-ci prévoit d’intégrer des clauses de suspension de la dette dans ses futurs accords avec les pays vulnérables en cas de catastrophe naturelle. Un engagement également pris par la BEI.
Dans les contrats de financements avec les pays les moins avancés (PMA), principalement situés en Afrique, et les petits Etats insulaires en développement (PEID), qui se trouvent essentiellement dans les Caraïbes et le Pacifique, des clauses permettront de reporter le paiement de la dette en cas de situations extrêmes liées au changement climatique. Tempêtes tropicales, sécheresses ou encore inondations pourront, par exemple, constituer un motif de suspension des créances des pays concernés.
Cette nouvelle approche de la Banque mondiale et de la BEI émane de “l’initiative de Bridgetown”. Celle-ci a été lancée par la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, co-organisatrice du sommet de Paris, lors de la COP27 en novembre dernier. Elle appelle à une refonte de l’architecture financière mondiale, qui doit mieux prendre en compte les besoins des pays du Sud, fortement affectés par le changement climatique.
La BEI a également indiqué qu’elle mettrait en œuvre de nouveaux prêts pouvant s’étaler sur 30 ans dans les pays les plus durement touchés. Une manière pour l’institution financière européenne de renforcer la capacité des pays du Sud à financer la transition écologique. Ces contrats pourraient par ailleurs être dotés de périodes de grâce, pendant lesquelles le remboursement est différé, allant jusqu’à 10 ans.
Financement des énergies vertes au Sénégal
Le sommet pour un nouveau pacte financier mondial a aussi été l’occasion de lancer des initiatives multilatérales destinées à certains Etats. Le Sénégal a ainsi noué un partenariat avec l’UE, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada pour atteindre l’objectif de 40 % d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici à 2030.
Un soutien qui prendra d’abord la forme d’un nouveau financement de 2 milliards d’euros sur trois à cinq ans, pris en charge par des banques multilatérales de développement, dont la BEI. La participation de cette dernière s’inscrit dans le plan d’investissement de 300 milliards d’euros lancé fin 2021 par la Commission européenne, Global Gateway. C’est également dans ce cadre qu’un plan de 300 millions d’euros pour le Rwanda a été enclenché lors du sommet de Paris.
La BEI revendique par ailleurs un rôle de “banque européenne du climat”. Une orientation qui se manifeste dans le choix des financements de l’institution financière, dont 54 % étaient consacrés à des projets de lutte contre le changement climatique ou d’atténuation de ses effets en 2022.