“Une poussée droitière au Parlement européen” pour La Libre, “un glissement du côté de la droite radicale” pour RFI ou un “virage à droite serré” selon Sud Ouest. Les termes employés par la presse française et européenne varient, mais l’idée reste la même : “2024 sera l’année de l’extrême droite” en Europe [Le Soir]. “Dans une vaste étude de projection publiée ce mercredi 24 janvier, le groupe de réflexion European Council on Foreign Relations (ECFR) prévoit une percée spectaculaire des partis de droite nationaliste des différents Etats membres de l’Union européenne”, indique Le Figaro.
Fondé en 2007, l’ECFR se veut le premier centre de recherche et d’influence pan-européen. D’après l’analyse du think tank, “9 Etats membres sur 27 pourraient voir la droite radicale ou l’extrême droite l’emporter aux prochaines européennes : Belgique, France, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Autriche, Pays-Bas, Italie, Hongrie” [RTBF]. “Ils devraient également arriver en deuxième ou troisième position dans neuf autres pays”, ajoute Euronews.
“Ces résultats interviennent alors que les forces d’extrême droite tentent de capitaliser sur le mécontentement des agriculteurs et des pêcheurs, frustrés par le poids des politiques vertes, qui sont récemment descendus dans la rue pour protester en Allemagne, en France et en Roumanie”, poursuit la chaîne de télévision.
PPE et socialistes en perte de vitesse
“L’époque où les conservateurs du Parti populaire européen et le groupe des socialistes rassemblaient la majorité simple (et bien plus encore) du Parlement européen est révolue”, écrit La Libre. “En 2019, déjà, il avait fallu que les deux grands groupes parlementaires reçoivent l’appui du groupe libéral-centriste Renew pour former la majorité”. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait été adoubée, “de justesse, par les députés européens, après avoir été désignée par les chefs d’Etat et de gouvernement”, rappelle le quotidien belge.
A l’issue du scrutin qui se déroulera du 6 au 9 juin dans l’Union, la donne est amenée à changer. “Les auteurs de l’étude […] ont recueilli les sondages d’opinion les plus récents dans chaque Etat membre de l’UE”, indique Le Soir. “Leurs projections sont sans appel : les deux principaux groupes politiques du Parlement européen – le PPE (droite) et S&D (socialistes) – continueront à perdre des sièges, comme lors des deux dernières élections” de 2014 et 2019.
D’après les projections de l’ECFR, à l’issue du scrutin de juin, le Parti populaire européen passerait de 179 à 173 députés (6 sièges en moins), tandis que les sociaux-démocrates en auraient 10 de moins qu’actuellement (131 contre 141 aujourd’hui).
“Rien de réjouissant pour le parti centriste Renew […] ou pour le groupe des Verts/ALE qui perdront également des plumes”, poursuit le journal belge. Les premiers passeraient de 100 à 86 sièges (14 députés en moins), tandis que les seconds obtiendraient 61 sièges, contre 71 aujourd’hui (-10). Le groupe La Gauche (GUE/NGL) passerait lui de 38 à 44 sièges (+6), tandis que les députés non-inscrits seraient en baisse, passant de 50 à 42 (-8).
Une majorité orientée à droite ?
“Les pertes des uns seront les gains des autres”, écrit La Libre. Selon les projections du think tank européen, les deux groupes eurosceptiques et nationalistes qui siègent au Parlement européen devraient sortir renforcés de cette élection. “Le groupe de droite radicale Identité et Démocratie (ID), dont fait partie le Rassemblement national, pourrait ainsi passer de 58 à 98 sièges, et s’imposer comme la troisième force du Parlement”, au détriment de Renew Europe, explique Le Figaro. “Les Conservateurs et réformistes européens (ECR) qui abritent entre autres le PiS polonais, les Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, les néo-franquistes de Vox et la N-VA, obtiendraient pour leur part 85 sièges contre 67 aujourd’hui”, ajoute La Libre.
Une tendance qui ne paraît pas si étonnante pour La Libre, puisque “ces dernières années, des partis d’extrême droite et/ou eurosceptiques se sont frayé un chemin vers les exécutifs – en Italie, peut-être aux Pays-Bas demain, en Hongrie de longue date, en Slovaquie plus récemment, tandis que d’autres enregistraient des poussées électorales, comme en France en 2022, en Finlande, ou en Allemagne”. Ce qui fait dire aux auteurs de l’étude que “la tendance observée dans divers Etats membres devrait se traduire au Parlement européen”.
“Cette poussée de l’extrême droite pourrait permettre à une coalition composée de démocrates-chrétiens, de conservateurs et de l’extrême droite radicale de réunir une majorité et de diriger la politique de l’UE pour la première fois”, fait observer Euronews. La nouvelle coalition, qui remplacerait la grande coalition actuelle des groupes centristes, est “susceptible de s’opposer à une action ambitieuse de l’UE pour lutter contre le changement climatique” et de freiner la transition verte de l’Union, prévient le rapport.
“Les résultats de notre analyse devraient sonner l’alarme auprès des responsables politiques de l’UE quant aux enjeux des élections du Parlement européen de 2024. Les implications de ce vote sont considérables en ce qui concerne l’orientation géopolitique du Conseil européen et de la Commission européenne à partir de 2024″, indiquent en conclusion les auteurs de l’étude [Euractiv].
Les autres sujets du jour
Agriculture
- Colère des agriculteurs : Ursula von der Leyen veut “surmonter la polarisation” par “le dialogue” [BFM TV]
- De 9,5 milliards à 35 millions d’euros : combien touchent les pays de l’Union européenne dans le cadre de la PAC ? [Midi Libre]
- Jachères agricoles : pourquoi l’Europe les impose [France info]
- Agriculteurs, la faute à l’Europe ? Le vrai du faux sur la PAC [L’Express]
Climat
- L’Europe évalue le coût de la neutralité carbone en 2050 à 1 500 milliards d’euros par an [Courrier international]
- La sécheresse des sols atteint son plus bas niveau en Europe depuis 2018 [France info]
Commerce
- Après l’annonce de nouvelles mesures de protection européennes, la Chine augmente la pression sur l’UE [La Tribune]
Elections européennes
- François-Xavier Bellamy lance sa campagne des européennes en affichant son soutien aux agriculteurs [Le Monde]
L’UE dans le monde
- Adhésion de la Suède à l’Otan : comment la Hongrie de Viktor Orban “marchande” sa voix en Europe [Le Parisien]
Parlement européen
- Après le “Qatargate”, l’UE peine toujours à se protéger contre les ingérences et la corruption [Le Monde]
- Valérie Hayer succède à Stéphane Séjourné à la tête du groupe Renew au Parlement européen [Les Echos]