“44 voix pour, 44 voix contre, pas d’abstention. Mathématiquement, c’est un match nul. Politiquement, c’est un revers”, entame La Libre. Mardi 27 juin, les eurodéputés de la commission environnement ont rejeté le texte sur la restauration de la nature, “pierre angulaire de l’Europe en faveur de la biodiversité” [Mediapart].
“Proposé en juin 2022 par la Commission européenne, ce règlement vise à restaurer les écosystèmes de l’Union européenne, qui sont dans un état catastrophique”, rappelle Libération. Il mise pour cela sur “la restauration de 20 % des terres et des mers de l’UE d’ici à 2030, et de tous les écosystèmes dégradés d’ici à 2050″ [Le Monde].
Un parcours chaotique
Le 15 juin dernier, ses défenseurs avaient “sauvé la loi de justesse, en n’adoptant pas l’amendement de rejet déposé” [Libération]. Un répit de courte durée. Une dizaine de jours plus tard, “l’émotion était à son comble après que le vote […] s’est soldé par une impasse” avec 44 voix partout, relève The Guardian.
“En vertu de ce résultat, [la commission environnement] proposera au Parlement européen, réuni en plénière la semaine du 10 juillet, de rejeter la proposition législative”, souligne Contexte. Le site spécialisé précise que c’est la position qui “avait déjà été adoptée par les commissions agriculture et pêche, qui disposaient de compétences partagées sur ce dossier, en mai”.
D’une part, cette situation “fragilise l’ambitieux Pacte vert qui doit conduire à la neutralité carbone de l’UE à l’horizon 2050″, indiquent Les Echos. D’autre part, “c’est une grande victoire pour le Parti populaire européen (PPE), principal parti du Parlement européen”, indique le quotidien économique.
Le PPE pointé du doigt
“Pour les eurodéputé·es de droite, d’extrême droite et une partie des libéraux européens, lutter contre l’extinction de masse des espèces vivantes n’est même pas négociable. C’est non, tout court”, poursuit Mediapart. “Beaucoup de mensonges ont été racontés à propos de cette proposition. Des mensonges et des mythes ont été répandus”, a déclaré le rapporteur espagnol du texte César Luena (S&D) [The Guardian].
Un avis que partage le président de la commission environnement, Pascal Canfin (Renew). “Lors d’une conférence de presse tendue”, ce dernier “a accusé le PPE de ‘manipulation évidente’, affirmant qu’il avait ‘remplacé’ un tiers de ses 22 membres au sein de la commission” pour s’assurer que le texte ne passe pas [The Guardian]. Le Français “va jusqu’à accuser le groupe conservateur de faire ‘du trumpisme à l’européenne’ “, rapporte Contexte.
“Tous les yeux se tournent désormais vers la plénière de juillet du Parlement européen qui doit le voter”, annoncent Les Echos. A cette occasion, le règlement pourrait être “le premier texte du Pacte vert à ‘tomber’ sur une cinquantaine au total, dont une vingtaine déjà votés”, précise le quotidien. Les eurodéputés Pascal Canfin et César Luena se disent toutefois “optimiste[s]” sur l’issue du vote. Tout comme leur homologue Marie Toussaint (Les Verts/ALE) pour qui “le vote n’est pas perdu. Les équilibres politiques en plénière, où Manfred Weber [président du groupe PPE] perd de son influence, sont différents et peuvent donner lieu à l’adoption de ce texte crucial”, estime l’élue écologiste [Libération].
Un appel du pied à Ursula von der Leyen
De leur côté les ministres chargés de l’Environnement ont adopté leur position le 20 juin dernier “avec, ironie du sort, une majorité de gouvernement PPE votant en sa faveur” [Les Echos]. “La Suède, la Finlande, les Pays-Bas, la Pologne, l’Autriche et la Belgique ont émis des réserves”, n’empêchant pas le vote des Etats membres, précise L’Express. “Preuve de son pragmatisme, cette législation a été soutenue par une coalition de multinationales, dont des géants de l’agroalimentaire tels Unilever, Nestlé ou Coca-Cola”, enchérit Mediapart.
Les regards se tournent désormais vers Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne et membre du PPE. “Son groupe politique se retire de ce pacte [vert] et elle n’a pas encore prononcé un mot”, s’est ainsi étonné César Luena [Contexte]. Pour Politico, “l’objet de l’ire du PPE - l’élargissement du Pacte vert […] - est [pourtant] la politique même sur laquelle Ursula von der Leyen a misé sa réputation et sa réélection”.
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