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Qui sont les pays dits frugaux ?

Le groupe des “frugaux” (parfois appelés “les quatre austères” ou “radins”) désigne un ensemble de pays d’Europe centrale et du Nord, hostiles à un budget européen trop important et attachés à l’orthodoxie budgétaire. Il regroupe les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et l’Autriche.

Les dirigeants des quatre pays frugaux et la Première ministre finlandaise lors du Conseil européen de juillet 2020. De gauche à droite : Mark Rutte (Pays-Bas), Sebastian Kurz (Autriche), Sanna Marin (Finlande), Stefan Löfven (Suède) et Mette Frederiksen (Danemark)
Les dirigeants des quatre pays frugaux et la Première ministre finlandaise lors du Conseil européen de juillet 2020. De gauche à droite : Mark Rutte (Pays-Bas), Sebastian Kurz (Autriche), Sanna Marin (Finlande), Stefan Löfven (Suède) et Mette Frederiksen (Danemark) - Crédits : Conseil de l’UE

Qui sont les pays frugaux ?

Cette alliance informelle est l’un des camps idéologiques constitués au cours des négociations sur le budget européen, dès le mois de février 2020. Aujourd’hui composée des Pays-Bas, du Danemark, de la Suède et de l’Autriche. Leurs gouvernements sont aussi bien composés de sociaux-démocrates (Suède, Danemark), que de libéraux et conservateurs (Pays-Bas) ou de conservateurs et d’écologistes (Autriche). Ils ont pour point commun une tradition de rigueur budgétaire, sont contributeurs nets au budget européen, et sont en faveur d’une Europe plus libérale sur le plan économique, et moins politique. La Finlande, bien que ne faisant pas partie officiellement du groupe, partage avec les frugaux un certain nombre de revendications, et de fait y est de plus en plus souvent associée.

A l’inverse, l’Allemagne, souvent considérée comme proche du groupe, s’en est éloignée. La chancelière Angela Merkel a changé de discours face à la crise du Covid-19 en proposant avec le président français une initiative de relance au niveau européen, qui reposerait en partie sur un remboursement commun (mutualisation) des dettes futures.

Pourquoi entendons-nous aujourd’hui parler des pays frugaux ?

Le terme, employé au cours du Conseil européen du mois de février, est rentré dans le langage commun depuis la crise du Covid-19. Au début de celle-ci, l’Union européenne et ses Etats membres ont temporairement suspendu l’application des règles budgétaires, pour que les pays puissent venir en aide à leurs économies nationales, mises à mal par les mesures de confinement adoptées pour endiguer la pandémie. Celle-ci a particulièrement frappé les pays d’Europe du Sud - Italie et Espagne en tête - dont les économies dépendent fortement du tourisme.

Alors que les premières discussions autour d’un plan de sauvetage de l’économie européenne émergeaient au sein du Conseil ECOFIN, les pays frugaux se sont opposés une première fois à toute idée d’endettement commun au sein de l’UE en rejetant l’idée d’émettre des obligations de dette “corona” (ou corona bonds). Face à ce refus, les ministres des Finances se sont ainsi accordés en avril sur un plan de soutien de 540 milliards d’euros composé principalement de prêts, repoussant la question d’un endettement commun via des corona bonds, aux chefs d’Etats et de gouvernement.

Souhaitant briser ce tabou, la Commission européenne a publié le 27 mai 2020 une proposition de plan de relance, financé par un emprunt européen commun d’un montant total de 750 milliards d’euros. Si la proposition prévoit une part de prêts accordés aux Etats, qui devront les rembourser et ainsi supporter individuellement le poids de leur endettement, elle avançait également la redistribution de 500 milliards d’euros aux Etats sous forme de de subventions, qui seraient alors remboursés par l’ensemble des Etats membres à travers le budget pluriannuel.

Soutenue par une majorité d’Etats, la proposition est en revanche vivement critiquée par les pays frugaux qui sont très hostiles à l’idée d’accorder des subventions. Relativement moins touchés que les pays du Sud, les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche et la Suède refusent de supporter l’endettement de ces Etats, qu’ils jugent trop dépensiers. Ils exigent notamment de ces derniers qu’ils mettent en place des réformes dans un certain nombre de domaines de leurs économies (retraite, marché du travail…).

Quelles sont leurs autres revendications ?

En plus de leur opposition au plan de relance européen, les pays frugaux réclament également le maintien de la réduction de leur participation au budget européen : l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède avaient obtenu, lorsque le Royaume-Uni avait réclamé un rabais sur sa contribution au budget européen en 1984, de ne pas avoir à compenser totalement ce manque à gagner. Avec le retrait du Royaume-Uni de l’UE, la France et l’Allemagne avaient à cœur de supprimer ces rabais pour la prochaine programmation budgétaire (2021-2027). Une réforme à laquelle se refusent les frugaux, qui sont des contributeurs nets au budget européen, et verraient leur contribution augmenter si ces rabais étaient supprimés.

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