Il aura fallu “deux semaines d’intenses négociations” [Les Echos] pour que la Commission européenne parvienne à un accord garantissant la reprise des importations agricoles ukrainiennes dans l’UE, le 28 avril dernier.
La Pologne, “rapidement imitée par la Hongrie, la Slovaquie et la Bulgarie, avait unilatéralement banni mi-avril les céréales et d’autres produits agricoles venus d’Ukraine”, rappelle Sud Ouest, afin de protéger ses propres agriculteurs. La Roumanie, qui n’a pas imposé de restrictions, s’était quant à elle “jointe aux quatre autres pour demander à l’exécutif européen d’élargir sa proposition de ‘mesures préventives’ temporaires”, fait savoir Politico.
Ce “bras de fer” [La Libre] a conduit la Commission à adopter vendredi des “mesures de sauvegarde” sur les quatre produits les plus sensibles : le blé, le maïs, le colza et les graines de tournesol. “L’accord inclut également une aide d’un montant de 100 millions d’euros pour les agriculteurs concernés”, ajoute Challenges. Celle-ci est issue de la réserve de crise de la Politique agricole commune.
Restrictions à l’importation
“Pour comprendre l’affaire”, explique La Tribune, “il faut remonter un an en arrière” : en mai 2022, les Vingt-Sept avaient suspendu pour un an les droits de douane sur les denrées ukrainiennes, en soutien à l’agriculture du pays. Les voisins de l’Ukraine ont alors “reçu un flux de céréales massif, ce qui a provoqué la saturation des silos, faute de moyens logistiques appropriés”. Par effet domino, les prix ont chuté “dans ces pays saturés par l’offre”, poursuit le média en ligne. “La situation avait entraîné d’importantes manifestations d’agriculteurs et la démission du ministre polonais de l’Agriculture”, ajoute La Libre.
Elle s’est finalement débloquée vendredi, la Commission autorisant les restrictions à l’importation pour ces quatre types de céréales, “sauf en cas de transit vers d’autres pays de l’UE ou des pays tiers”, précise Politico. “Un point crucial pour Kiev, soucieuse de pouvoir continuer à exporter sa production” [La Libre]. Varsovie s’est félicitée de cet accord “concernant l’interdiction d’importation de ces produits agricoles, qui ont surtout conduit à la déstabilisation du marché polonais”, a déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki, cité par Politico.
L’agriculture ukrainienne en souffrance
Côté Commission, on se félicite également d’un accord qui “permettrait de répondre aux inquiétudes des agriculteurs des cinq pays ainsi que de l’Ukraine”, selon les mots du commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis [Challenges].
Pourtant, “Volodymyr Zelensky n’a sans doute pas accueilli favorablement cette nouvelle”, tempère Politico. Le président ukrainien avait prévenu plus tôt dans la journée que les restrictions à l’importation constituaient une violation de l’accord d’association conclu entre l’UE et l’Ukraine. “La vice-première ministre ukrainienne Olga Stefanishyna a exhorté l’Union européenne à suspendre les mesures de défense commerciale”, fait ainsi savoir le journal. Samedi, l’Ukraine a également annoncé avoir remis à la Pologne une note dans laquelle elle dénonce des restrictions commerciales “inacceptables” imposées par Varsovie [Le Figaro].
Comme le soulignent Les Echos, “le secteur agricole du pays, pilier de son économie, souffre particulièrement de la destruction des infrastructures […] et de la contamination des terres arables par des mines ou munitions non explosées”. D’après les chiffres du ministère ukrainien des Affaires étrangères, “plus de 170 000 km² de terre seraient désormais contaminés”. L’équivalent de quatre fois la superficie de la Suisse, précise le quotidien.
A côté des mesures d’aide aux cinq pays de l’Est de l’UE, les Vingt-Sept ont donné vendredi leur feu vert “au renouvellement, jusqu’à juin 2024, de la suspension des droits de douane sur tous les produits ukrainiens importés dans l’UE”, relate Le Figaro. “La suspension des droits de douane avait été mise en œuvre en juin 2022 pour soutenir l’économie de l’Ukraine”, rappelle le journal.
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