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La Pologne et la Hongrie interdisent les importations de céréales ukrainiennes

Face aux difficultés de leurs agriculteurs, Varsovie et Budapest ont annoncé samedi 15 avril suspendre l’importation de produits alimentaires, notamment céréaliers, en provenance d’Ukraine. La Commission européenne a dénoncé ces décisions.

D’après les données officielles ukrainiennes, 200 000 tonnes de céréales sont acheminées chaque mois à travers la Pologne en direction des ports européens - Crédits : Sergii Zysk0 / iStock

La crise couvait depuis plusieurs semaines, elle a éclaté samedi au grand jour”, écrit Libération. La Pologne et la Hongrie ont annoncé le 15 avril l’interdiction des importations de céréales ukrainiennes “ainsi que de dizaines d’autres produits alimentaires” jusqu’au 30 juin, précise Ouest-France. Le ministre de l’Agriculture bulgare, Yavor Gechev, a fait savoir dimanche qu’il envisageait des mesures similaires, ajoute l’agence de presse Reuters.

Comment en est-on arrivé là ? “Depuis que l’itinéraire traditionnel de leur exportation via la mer Noire est bloqué en raison de la guerre avec la Russie, les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent par l’Union européenne”, explique Ouest-France. Elles le font “sans aucun droit de douane […] depuis le 4 juin”, l’UE ayant décidé d’offrir “de nouveaux débouchés à une agriculture [ukrainienne] étouffée par la guerre”, ajoute Libération.

Mais des problèmes logistiques liés à “un manque de camions et de trains pour les acheminer vers les ports voisins” [Financial Times] ont conduit de grandes quantités de céréales ukrainiennes, “moins chères que celles produites dans l’Union européenne”, à s’entasser dans les pays proches, explique Reuters. Ce qui a entrainé une chute des prix pour les agriculteurs locaux.

Crise céréalière et élections nationales

Les pays qui ont le plus souffert de ces importations à bas prix, car sans droit de douane, sont la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie”, précise Libération. Quant à la décision hongroise, elle ne s’explique pas tant par les difficultés de son marché que par l’attitude du premier ministre Viktor Orbán, celui-ci “cachant à peine son soutien à la Russie”, estime le quotidien.

Le 31 mars dernier, “la Roumanie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie [avaient] écrit à Bruxelles pour demander des mesures urgentes”, note le Financial Times. La Commission européenne avait alors débloqué 54 millions d’euros de la réserve d’urgence de la politique agricole commune visant à soutenir la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie. Ce qui n’a pas empêché la crise de perdurer.

Mais “comment la Pologne, qui n’a pas ménagé ses efforts pour venir en aide [à l’Ukraine], a-t-elle pu prendre une telle décision ?” s’interroge Libération. Dans le pays, “la colère provoquée par cette situation dans les zones rurales qui lui sont habituellement acquises a poussé le parti nationaliste Droit et Justice (PiS) au pouvoir à réagir” à l’approche des élections législatives, remarque Challenges. Dernier soubresaut en date : la démission du ministre de l’Agriculture Henryk Kowalczyk, le 5 avril.

Le gouvernement tente de s’acheter un résultat électoral et nous expose à un nouveau conflit avec l’UE, frappant l’Ukraine au passage”, abonde la Gazeta Wyborcza. La Libre rappelle d’ailleurs que la montée en puissance de la Pologne sur la scène européenne est entravée par ses atteintes à l’état de droit “et l’attitude eurosceptique, souvent conflictuelle, du gouvernement polonais”.

“Mesures inacceptables”

L’exécutif européen n’a pas tardé à réagir dimanche, dénonçant des “mesures unilatérales […] inacceptables” prises par Varsovie et Budapest [Euractiv]. Dans son communiqué, Miriam Garcia Ferrer, porte-parole de la Commission, souligne que la politique commerciale “relève de la compétence exclusive de l’UE” et rappelle la nécessité “de coordonner et d’aligner toutes les décisions au sein de l’UE”, en ces temps difficiles [Financial Times]. “Ce cavalier seul hongro-polonais est contraire au droit européen et au droit international s’il touche les produits en transit, ce qui n’est pour l’instant pas très clair”, nuance Libération.

Côté polonais, le ministre de l’Agriculture Robert Telus a déclaré dimanche qu’il souhaitait “ouvrir les yeux de l’UE sur le fait que d’autres décisions sont nécessaires pour permettre aux produits ukrainiens de pénétrer en Europe et de ne pas rester en Pologne” [Reuters]. “Les agriculteurs polonais font face à une situation difficile mais […] les agriculteurs ukrainiens [sont dans] la situation la plus grave”, a quant à lui réagi son homologue ukrainien Mykola Solsky dimanche [Ouest-France]. Une rencontre doit se tenir ce lundi 17 avril entre les deux ministres, poursuit le quotidien régional.

Or ces tensions surviennent dans un contexte menaçant. La Russie a prévenu la semaine dernière “qu’il n’y aurait pas d’extension au-delà du 18 mai de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes transitant via la mer Noire” si les Occidentaux ne lèvent pas les sanctions contre les céréales et engrais russes, remarque L’Indépendant. Tandis que la reconduction en juin prochain de l’accord européen suspendant les droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens pourrait rencontrer quelques difficultés.

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