Présentée mardi 5 mars par les commissaires Margrethe Vestager (vice-présidente exécutive), Josep Borrell (Affaires étrangères) et Thierry Breton (Défense), la nouvelle stratégie de défense industrielle de l’Union européenne vise un objectif : “accroître l’état de préparation de l’industrie européenne dans le domaine de la défense”. “Avec le retour d’un conflit de grande intensité sur notre continent, l’Europe ne peut plus attendre pour renforcer la capacité technologique et industrielle de défense européenne à produire plus et plus rapidement”, a notamment précisé le commissaire français Thierry Breton.
Les Etats membres sont ainsi encouragés à “investir davantage, mieux, ensemble et européen”. De quoi renforcer leur capacité à se défendre en dépendant moins des Etats-Unis, qui comptent aujourd’hui pour 68 % des achats d’armement réalisés dans l’UE au profit de l’Ukraine, selon la vice-présidente de la Commission Margrethe Vestager.
L’actuel blocage au Congrès américain de l’aide financière à Kiev et la perspective d’un retour de Donald Trump au pouvoir outre-Atlantique pousse les Européens à compter davantage sur eux-mêmes pour défendre le continent, notamment face aux positions agressives de la Russie. D’autant que l’industrie de défense européenne peine actuellement à assurer une production suffisante pour l’Ukraine.
Acheter européen
Afin d’encourager les Etats membres à accroître la part européenne de leurs dépenses de défense et les inciter à effectuer des achats en commun, la stratégie fixe des objectifs chiffrés. D’ici 2030 notamment, les pays sont invités à acquérir 40 % des équipements de défense de manière collaborative et à commander la moitié de leurs équipements militaires auprès de l’industrie européenne.
La Commission souhaite également créer des conditions plus favorables pour ces achats conjoints. Par exemple, en encourageant la coopération lors de la phase d’acquisition de produits de défense fabriqués par les industriels européens. Certains projets pourraient également être exonérés de règles de concurrence européenne à travers les projets européens d’intérêt commun, ou de TVA.
Financements de long terme
En outre, l’industrie de défense de l’UE serait soutenue à partir de 2025 par un programme européen (EDIP). Bien que les budgets nationaux représentent l’essentiel des dépenses en matière de défense, l’EDIP mobiliserait 1,5 milliards d’euros sur 3 ans afin d’inciter les Etats à investir en commun.
La stratégie envisage également une réorientation de certains prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) vers le renforcement de l’industrie de défense. Les bénéfices tirés des actifs russes confisqués par l’Union européenne lors du déclenchement de la guerre pourraient également être utilisés pour financer l’achat d’armements.