“Je suis ici pour accélérer [notre] retour sur la scène européenne”, a déclaré Donald Tusk face à la presse à Bruxelles, rapporte L’Opinion. Présent “à l’occasion d’un sommet du Parti populaire européen” (PPE), auquel le Polonais est affilié, il “s’est affiché mercredi [25 octobre] aux côtés d’Ursula von der Leyen, la [cheffe] de la Commission européenne, de la même famille politique”, fait savoir Le Figaro.
Il s’est par la suite plus longuement entretenu avec elle pour discuter de “l’Ukraine, la sécurité et la défense, la compétitivité, la transition verte et les valeurs démocratiques”, liste Euronews. Central dans leur discussion, le “fonds de relance post-Covid-19 que la Pologne tente de débloquer depuis plus d’un an – en vain”, a aussi été abordé, poursuit le média.
Leur rencontre était toutefois “informelle” car Donald Tusk n’est pas le représentant de la Pologne, il n’est que le “chef de l’opposition”, pressenti pour bientôt devenir Premier ministre [Euronews]. Dimanche 15 octobre, les urnes ont parlé et il est “en mesure de former une coalition avec ses alliés de la Troisième Voie (démocrate chrétien) et de la Gauche, mettant fin à huit ans de pouvoir du parti Droit et Justice (PiS)” [Mediapart]. Il ne perd cependant “pas une minute”, remarque L’Opinion.
Le retour de la Pologne à Bruxelles
A Bruxelles, “Donald Tusk promet de remettre la Pologne au centre de l’UE”, titre RFI. Fervent europhile, “il s’était engagé à reconstruire les liens avec l’Europe” durant sa campagne des législatives [RFI]. Selon lui, “l’objectif aujourd’hui est de reconstruire la position de [son] pays en Europe et de renforcer l’UE dans son ensemble”, relate Mediapart.
Après “huit ans de prises de bec avec le gouvernement précédent, du parti eurosceptique Droit et justice (PiS)” [L’Opinion], Donald Tusk et ses engagements pro-européens sont accueillis avec enthousiasme en Europe. Tandis que Le Figaro relève que les résultats des élections polonaises “ont été accueillis avec soulagement” dans les institutions européennes, RFI annonce qu’ils font “naître l’espoir de voir la Pologne revenir dans le consensus européen”.
La présidente de la Commission européenne l’a même “accueilli tout sourire”, observe L’Opinion, “presque comme s’il était déjà Premier ministre”, abonde RFI.
De son côté, Le Figaro retrace son parcours : “ancien président du Conseil européen de 2014 à 2019, puis chef du Parti populaire européen jusqu’en 2022, Donald Tusk retrouve Bruxelles avec une légitimité réincarnée : celle de futur Premier ministre du cinquième pays de l’UE”, précisant au passage qu’il a déjà occupé cette fonction, de 2007 à 2014.
35 milliards d’euros sur la table
Lors de sa campagne, M. Tusk avait aussi promis de se “rendre à Bruxelles dès le lendemain de sa victoire pour obtenir le déblocage des fonds européens”, indique le Financial Times.
Depuis juin 2022, la Pologne est éligible à “35,4 milliards d’euros de fonds de relance post-Covid-19″ de l’Union européenne, note Euronews. Mais cette somme est gelée par la Commission, “en raison d’un différend en cours sur l’état de droit et l’indépendance de la justice”, poursuit le média. Ces deux domaines ont été particulièrement “malmené[s]” par le pouvoir polonais aux mains des “ultraconservateurs ces dernières années” [Le Figaro]. Ce différend bloque également “l’accès de Varsovie aux 76,5 milliards d’euros de ‘fonds de cohésion’ destinés à élever le niveau de vie dans les régions les plus pauvres d’Europe”, rapporte Reuters.
Donald Tusk a annoncé des réformes pour débloquer ces fonds : “application des arrêts de la Cour de justice de l’UE, adhésion au parquet européen, séparation des portefeuilles de ministre de la Justice et de procureur général”, récapitule Le Figaro.
Des bâtons dans les roues venus du PiS ?
Face à la volonté de Donald Tusk, certains se montrent prudents : “il y a un risque d’en attendre trop, trop tôt”, déclare au Financial Times un haut fonctionnaire de la Commission impliqué dans les négociations avec la Pologne. La présidence du pays est encore occupée par Andrej Duda, membre du PiS : “le chef d’Etat, dont le mandat n’expire qu’en 2025, pourrait rendre la cohabitation chaotique grâce à son véto : il peut bloquer les actes législatifs”, en particulier concernant la réforme de la justice, souligne Le Figaro.
Et en Pologne, c’est au président d’organiser la transition entre les gouvernements : il pourrait faire traîner en longueur la procédure et “n’a jusqu’à présent manifesté aucune intention d’accélérer la transition du pouvoir”, écrit le Financial Times. “Un processus qui pourrait se prolonger jusqu’en décembre”, précise le journal.
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