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République tchèque, Ukraine, Navalny : plusieurs dossiers enveniment les relations de l’UE avec la Russie

Samedi 17 avril, la République tchèque a accusé les services secrets du Kremlin d’être impliqués dans l’explosion d’un entrepôt de munitions en 2014. Un nouvel épisode dans le feuilleton des tensions russo-européennes qui s’ajoute aux tensions en Ukraine et au cas d’Alexeï Navalny, l’opposant russe emprisonné.

Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš a annoncé samedi soir l'expulsion de 18 fonctionnaires russes
Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš a annoncé samedi soir l’expulsion de 18 fonctionnaires russes - Crédits : Conseil européen

Le torchon brûle entre Prague et Moscou”, relate Courrier international. La République tchèque a en effet officialisé samedi l’expulsion de 18 diplomates russes. Une offensive initiée dans le cadre d’un vieux dossier. En octobre 2014, Prague avait déploré deux morts dans “l’explosion d’une cinquantaine de tonnes de munitions dans un dépôt de Vrbětice”, dans l’est du pays, rappelle l’hebdomadaire. Plus de six ans plus tard, le gouvernement tchèque a finalement assuré “avoir eu la preuve […] que des agents du renseignement russes [étaient] impliqués” dans l’affaire [La Tribune]. Parmi eux, Euronews cite deux membres de l’unité russe GRU, “Alexander Petrov et Rusian Boshirov, également suspectés d’avoir empoisonné en 2018 Sergei Skripal, ancien espion russe, et sa fille au Royaume-Uni”.

Coup de balai dans le nid d’espions

Pour La Croix, l’expulsion de 18 ressortissants russes du pays s’apparente donc à “un coup de balai dans le nid d’espions”. Plus largement, “cette unité d’officiers aguerris aurait trempé ces dernières années dans plusieurs actions retentissantes, dont une tentative de coup d’État au Monténégro en 2016, ou la tentative d’assassinat du marchand d’armes bulgare Emilian Grebev en avril 2015″, complète le quotidien. Cet homme d’affaires, qui aurait signé un contrat d’armement avec l’Ukraine, jouerait un rôle central dans l’intrigue qui s’est nouée en République tchèque. “Le magazine tchèque Respekt laisse entendre que les munitions qu’Emilian Grebev s’apprêtait à livrer à [Kiev] devaient transiter” par l’arsenal qui a explosé en 2014, poursuit La Croix.

En représailles, la Russie a répondu ce dimanche en expulsant à son tour 20 diplomates tchèques, qualifiant “d’infondées et absurdes les accusations” du gouvernement tchèque [La Tribune]. “Prague est bien consciente des conséquences de telles combines”, a menacé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, citée par Politico. La commissaire européenne tchèque Věra Jourová, également citée par le média, a appelé à l’unité européenne vis-à-vis de Moscou dans un tweet. “Dans des situations comme celle-ci, des partenariats solides et fiables sont plus que jamais nécessaires”, a-t-elle écrit. Dans le même temps, Prague a reçu dimanche des messages de solidarité de plusieurs pays alliés.

Selon Respekt, cité par Courrier international, “l’enjeu depuis plusieurs années est de savoir quelle influence la Russie aura à l’avenir sur la République tchèque”. Car au-delà de cette affaire d’entrepôt, “le gouvernement tchèque montre des hésitations sur certains projets qui auraient permis de rapprocher les deux pays”, observe Politico. D’abord, le ministre de l’Intérieur Jan Hamáček a “annoncé qu’il ne se rendrait pas à Moscou cette semaine, comme prévu, pour négocier l’achat du vaccin russe Spoutnik V”. Ensuite, Prague devrait exclure “la société énergétique russe Rosatam” de l’appel d’offres pour la construction d’une centrale nucléaire, qui représente “le plus gros contrat gouvernemental de l’histoire tchèque, d’un montant de 7,67 milliards d’euros” [Politico].

L’Ukraine et Navalny : “deux tests simultanés

Cette expulsion n’est pas de nature à réchauffer les relations déjà glaciales entre la Russie, l’Europe et les États-Unis”, commente La Croix. Les tensions à la frontière ukrainienne, qui connaissent un regain ces dernières semaines, avaient fait l’objet de discussions vendredi dernier entre Emmanuel Macron, Angela Merkel et leur homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, de passage à Paris. Ce dernier a réaffirmé sa volonté d’intégrer l’Union européenne et l’Otanface au péril d’une intervention militaire de la Russie, qui a massé des dizaines de milliers d’hommes en Crimée et le long de la frontière” [Le JDD], près du Donbass. En effet, “les forces ukrainiennes affrontent les rebelles prorusses dans cette région depuis 2014″, rappelle RFI. L’envoyé spécial de la station de radio ajoute que les belligérants ne respectent plus le cessez-feu.

Interviewé par la chaîne américaine CBS, le président français Emmanuel Macron a déclaré que “des lignes rouges très claires doivent être définies avec la Russie”. “La situation d’aujourd’hui et le degré de tension à la frontière sont absolument contreproductifs et inacceptables”, a-t-il ajouté. Alors que le Kremlin décrétait vendredi “la suspension de toute navigation étrangère aux abords de la Crimée” [Le Monde], l’Otan a pour sa part demandé à Moscou de “de garantir le libre accès aux ports ukrainiens de la mer d’Azov et de permettre la liberté de navigation”.

Autre sujet de discorde entre la Russie et l’Europe : l’état de santé de l’opposant Alexeï Navalny, qui “observe une grève de la faim depuis le 31 mars” [Ouest-France]. Emprisonné à 100 kilomètres de Moscou, il a survécu “de justesse l’année dernière à un empoisonnement qui l’avait plongé dans le coma”, accusant au passage le Kremlin de tentative d’assassinat, rappelle le quotidien régional. Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a appelé la Russie à lui accorder un accès “à des médecins en qui il a confiance” [La Croix], tout en continuant de réclamer sa libération “immédiate et sans conditions”.

Le Donbass ukrainien et l’opposant Alexeï Navalny constituent ainsi “deux tests simultanés” [Le Monde] pour la diplomatie européenne. Ils seront d’ailleurs à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE qui se tient ce lundi 19 avril.

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