Mercredi 1er mai au matin, “des manifestants géorgiens, qui protestent par milliers contre un projet de loi controversé [sur l’influence étrangère], ont érigé des barricades devant le Parlement à Tbilissi”, a constaté un journaliste de l’AFP [Le Figaro].
Alors que les manifestants brandissaient des drapeaux géorgiens et européens, la police, qui les avait déjà dispersés la veille, “a délogé cette fois avec du gaz poivre et des canons à eau un petit groupe […] qui tentai[t] de bloquer l’entrée latérale du Parlement” [France 24]. En outre, “63 personnes ont été arrêtées”, rapporte la Süddeutsche Zeitung.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a indiqué mercredi suivre avec “une vive inquiétude” les manifestations en Géorgie réprimées par la police, condamnant “la violence” et appelant Tbilissi à “garder le cap” vers l’UE, cite Le Parisien. En décembre dernier, les Vingt-Sept ont accordé le statut de candidat officiel à ce petit pays du Caucase “tout en le prévenant qu’il devait se réformer avant toute négociation” [Le Figaro].
“Force disproportionnée”
De fait, la cheffe de l’Etat Salomé Zourabichvili, pro-européenne et opposée au gouvernement au pouvoir, a demandé au ministre de l’Intérieur de “mettre immédiatement fin […] à l’utilisation d’une force disproportionnée”, jugeant la manifestation “pacifique” [Le Parisien]. Le député Levan Khabeichvili, président du Mouvement national uni, principal parti d’opposition, a notamment été “violemment battu et a dû recevoir des soins”, rapporte Le Figaro.
“Le médiateur géorgien des droits humains, Levan Ioselaini, a depuis publié une déclaration condamnant la réponse de la police, la qualifiant de ‘contraire aux normes d’intervention nécessaire et proportionnée’ “, relève Politico. Le ministère de l’Intérieur, cité par Le Figaro, a rétorqué que la police était intervenue pour répondre “à des manifestants qui ont entamé une confrontation verbale et physique avec les forces de l’ordre”.
Le projet de loi à l’origine de la manifestation, “qui a été adopté [mercredi] en deuxième lecture, exige que les médias et les organisations non commerciales s’enregistrent comme ‘poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère’ s’ils reçoivent plus de 20 % de leur financement de l’étranger” [Euronews]. Ce texte controversé est “calqué sur une loi russe visant à briser la société civile et les médias indépendants”, explique Le Monde. Le but étant de “réprimer les voix dissidentes”, selon France 24.
Début avril, le parti au pouvoir, “Rêve géorgien”, a en effet “réintroduit un projet de loi – qui avait fait son apparition en 2023 mais avait été retiré face au tollé provoqué” [Le Parisien]. La montée des tensions et des divisions au sommet de l’Etat avait d’ailleurs déjà été mise en lumière le mois dernier lors d’une séance au Parlement ayant “tourné au pugilat entre défenseurs et opposants du projet”, note le quotidien.
Critiqué par l’opposition, ce texte doit encore faire l’objet d’une troisième lecture au Parlement avant de pouvoir “être ratifié par la présidence”, souligne Le Figaro. Si la présidente géorgienne “devrait opposer son véto, selon toute attente, […] le parti au pouvoir dispose d’un nombre de sièges au Parlement suffisant pour passer outre”, précise le quotidien.
La Géorgie “à la croisée des chemins”
Condamnant la violence dans les rues de Tbilissi, Ursula von der Leyen estime que “le peuple géorgien veut un avenir européen pour son pays”, cite Euronews. Selon la cheffe de l’exécutif européen, la Géorgie est aujourd’hui “à la croisée des chemins”, ajoute la chaîne d’information. Déjà le mois dernier, le président du Conseil européen Charles Michel avait jugé que le projet de loi était “contraire aux aspirations […] de la Géorgie à rejoindre l’Union européenne”, rappelle Le Parisien.
“Je condamne fermement la violence contre les manifestants en Géorgie qui protestaient pacifiquement contre la loi sur l’influence étrangère”, a de son côté déclaré le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell sur X, rapporte Georgia Today. “La Géorgie est un pays candidat. J’appelle ses autorités à garantir le droit de réunion pacifique”, a-t-il ajouté, cite le média géorgien.
Le département d’Etat américain a également condamné ces violences estimant que “les déclarations et les actions du gouvernement géorgien sont incompatibles avec les valeurs démocratiques qui sous-tendent l’adhésion à l’UE et à l’Otan”, rapporte Le Monde.
La perspective d’une adhésion du pays à l’UE devient plus urgente pour certains depuis le début de la guerre en Ukraine. Lors d’une conférence de presse mardi, “la République tchèque s’est prononcée en faveur de nouveaux cycles d’élargissements”, note la Süddeutsche Zeitung. Il s’agit d’une “nécessité géostratégique”, a affirmé le président tchèque Petr Pavel à cette occasion, en référence à la guerre menée par la Russie en Ukraine, cite le média allemand. “Si nous laissons trop longtemps à l’écart les pays des Balkans occidentaux, l’Ukraine, la […] Moldavie et la Géorgie, nous les livrerons à des acteurs comme la Russie”, a pour sa part déclaré le chef du gouvernement tchèque Petr Fiala.
Tournée vers l’UE depuis la Révolution des roses en 2003, les sondages montrent que “la population [géorgienne] est plutôt favorable à l’adhésion à l’Union européenne et à l’Otan”, et ce malgré l’influence russe dans le pays, relève Le Parisien.
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