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Espagne : l’UE exprime sa solidarité avec Madrid après l’arrivée massive de migrants à Ceuta

Plusieurs milliers de migrants sont arrivés en quelques jours dans l’enclave espagnole de Ceuta, profitant de l’inaction des forces de l’ordre marocaines. Survenu dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne, l’événement s’est produit aux frontières de l’Union européenne, dont les dirigeants ont exprimé leur soutien à Madrid.

Les migrants sont notamment arrivés par la ville marocaine de Fnideq
Les migrants sont notamment arrivés par la ville marocaine de Fnideq - Crédits : Sophie Da Cruz Van den Bossche / iStock

Les yeux de l’Europe sont tournés vers Ceuta”, écrit El Mundo. “Pour des raisons différentes, pour des intérêts bien distincts, mais les dirigeants, les diplomates, les fonctionnaires et les militants de tout le continent ont leur attention divisée ces jours-ci entre le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord”, poursuit le journal espagnol.

Quelque 8 000 personnes sont entrées à Ceuta depuis lundi, franchissant la frontière par la plage à pied ou à la nage, avec parfois de simples bouées d’enfants”, relatent Les Echos. Sur ces “8 000 personnes […], environ la moitié a déjà été renvoyée au Maroc”, selon le ministère de l’Intérieur espagnol [El País]. “Jamais auparavant un nombre aussi élevé d’immigrants n’était entré en situation irrégulière en si peu de temps”, constate le journal basé à Madrid.

Les images ont de quoi impressionner. Le correspondant de Libération décrit ainsi “des tanks sur les plages de Ceuta […], l’armée espagnole déployée dans les rues […] pour rassurer la population, des militaires qui reçoivent des jets de pierres de certains migrants pour leur interdire l’accès vers le centre-ville, des commerçants qui ferment leurs boutiques de peur de se faire dévaliser, la Légion étrangère mobilisée à Ceuta et aussi à Melilla, autre enclave espagnole, par crainte de l’effet contagion…”. “Marqués par la fatigue”, les migrants “sont surtout des hommes jeunes, mais il y a aussi des femmes et des enfants” [Arte]. “Il y a des familles entières et au moins 1 500 mineurs, certains très jeunes, selon des sources gouvernementales”, complète El País.

Devant l’ampleur de la situation, le Premier ministre Pedro Sánchez a annulé son déplacement à Paris”, promettant de “rétablir l’ordre”, rapporte La Croix. De son côté, le président de la région de Ceuta dénonçait “la passivité complice” du Maroc, alors que des “groupes de migrants continuaient malgré tout à s’approcher de la frontière avec l’espoir de passer, en profitant de l’inaction évidente de la gendarmerie marocaine pour freiner le mouvement” [Les Echos]. “La ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, a convoqué l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, pour lui exprimer son ‘désaccord’ et son ‘mécontentement’ face à la négligence du Maroc qui a la responsabilité de contrôler la frontière entre les deux pays”, relate El País.

Le contrôle des frontières, un moyen de pression sur l’Espagne pour le Maroc ?

Des différends diplomatiques entre Madrid et Rabat se cachent derrière ce revirement marocain. “On peut légitimement penser qu’il s’agit de représailles du Maroc en raison de l’accueil par l’Espagne fin avril de Brahim Ghali, un dirigeant du Front Polisario, mouvement de soutien à l’indépendance du Sahara occidental”, avance l’hispaniste Yves Zurlo pour France info. En effet, Rabat lorgne “le Sahara occidental, ce territoire désertique de 266 000 km², riche en phosphates, qui borde la Mauritanie au nord et qu’il occupe depuis 1976″ [Libération].

Les séparatistes du Front Polisario réclament un référendum d’autodétermination, alors que “l’Espagne adopte une position d’équilibriste”, ne souhaitant ni fâcher son voisin, ni renier son histoire “chargée de mauvaise conscience” [Libération] vis-à-vis du territoire du Sahara occidental, colonie espagnole sous Franco.

Face à cette situation, “les dirigeants de l’Union européenne ont exprimé mardi leur ‘solidarité’ avec l’Espagne”, relève Mediapart. “Les frontières de l’Espagne sont les frontières de l’Union européenne. La coopération, la confiance et les engagements partagés devraient être les principes d’une relation forte entre l’UE et le Maroc”, a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel, cité par El Mundo.

Le quotidien conservateur souligne par ailleurs le “message clair et percutant” du commissaire européen aux Migrations Margarítis Schinás, qui a insisté sur l’importance du Pacte européen sur la migration et l’asile ainsi que sur “la solidarité entre les Etats membres”. “La chose la plus importante maintenant, c’est que le Maroc continue à s’engager à prévenir les départs irréguliers et que ceux qui n’ont pas le droit de rester soient renvoyés de manière ordonnée et efficace”, a pour sa part martelé la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson [Arte].

Le contexte général dans lequel se produisent ces évènements, c’est celui de l’externalisation des contrôles migratoires des pays européens vers les pays voisins […] depuis la fin des années 90″, explique la chercheuse Nora El Qadim pour France Culture. “L’Union européenne essaie de faire contrôler ses frontières par ces pays-là directement”, poursuit-elle, estimant que cela donne en contrepartie des moyens de pression aux voisins de l’UE.

À Bruxelles et dans de nombreuses autres capitales, les accords que l’Espagne a conclus avec une bonne partie des pays d’Afrique du Nord ayant accès à la mer sont utilisés comme un exemple de politique migratoire, mais l’UE n’a pas encore d’accords similaires à celui conclu avec la Turquie” [El Mundo]. Un partenariat avec Rabat existe cependant : “depuis 2014, le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros” de l’UE à ce titre, note Politico.

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1 commentaire

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    CHAIX PAUL

    Excellent article. Je suis d’accord avec la position européenne.
    L’instrumentalisation est toxique et contre productive.
    De plus tous les pays du monde ont le devoir d’atteindre les 17 ODDE AGENDA 2030 de l’ONU de manière souveraine mais sincère dans le cadre du multilatéralisme actuel de la confiance et de la coopération efficace.
    Merci de m’avoir permis de m’exprimer.