“Sa victoire était largement pressentie”, estime France 24. Ce dimanche 17 décembre, le président serbe Aleksandar Vučić a revendiqué la victoire lors “des élections législatives avec plus de 46 % des voix”, poursuit le média. Les principaux partis d’opposition, unis “sous la bannière La Serbie contre la violence (SPN)”, sont loin derrière, avec “23,5% des voix”, indique Le Monde.
Ce matin, “76% des bulletins” avaient été dépouillés et les “résultats officiels ne sont pas attendus avant lundi soir” [Libération]. Dimanche soir, sur les 6,5 millions d’électeurs appelés aux urnes, “le taux de participation s’élevait à 51,9 %”, note Ouest-France.
La campagne a été particulièrement centrée sur Aleksandar Vučić : “omniprésent dans les médias, le président était de toutes les affiches, faisant de ces élections législatives et locales un référendum sur sa personne”, constate Le Temps. Elle a aussi été “très courte” et marquée par les enjeux économiques, “dans un pays durement frappé par l’inflation, en particulier sur l’alimentation”, abondent Les Echos. Celle-ci “a dépassé 15 % au printemps, avant de tomber à 8 % en novembre”, souligne Le Monde.
Des résultats contestés
Comme le relate Associated Press, “des irrégularités ont été signalées par les observateurs électoraux et les médias indépendants”. D’après l’agence de presse américaine, des membres du “Centre indépendant pour la recherche, la transparence et la responsabilité”, qui observaient la bonne tenue des élections, ont notamment exprimé “leur plus grande inquiétude” face à des “transferts organisés d’électeurs illégaux d’autres pays vers Belgrade”, la capitale de la Serbie.
L’élection était particulièrement scrutée, et a été suivie par “plus de 5 500 observateurs − serbes et étrangers −, un chiffre jamais vu en Serbie” [Le Monde]. Durant leur mission, une équipe d’observateurs a d’ailleurs “affirmé avoir été attaquée” après avoir enregistré un cas de corruption électorale, “où des dizaines de bulletins de vote ont été apportés aux bureaux des partis politiques”, font savoir Les Echos.
De même, “deux ONG serbes d’observation des élections, CESID et CRTA, ont signalé de nombreuses irrégularités”, indique Balkan Insight. La première organisation a par exemple constaté des “conflits verbaux et des pressions exercées sur les électeurs dans certains lieux de vote” ainsi que du “family voting” (les membres d’une famille se rendent ensemble dans l’isoloir pour voter). En outre, une enquête parue peu avant les élections à accusé le parti au pouvoir d’avoir proposé “aux employés d’un centre d’appel de tripler leur salaire le jour des élections” s’ils votaient pour eux, rapporte Euronews.
L’opposition a également dénoncé la mauvaise tenue des élections. Marinika Tepić (SPN), sa cheffe de file, a ainsi fustigé une “production d’électeurs qui ne vivent ni en Serbie ni à Belgrade, et qui constituent une violation flagrante de la loi” [Le Monde]. Le journal poursuit avec des déclarations de son colistier, Radomir Lazović, qui a affirmé qu’il s’agissait peut-être “du processus électoral le plus sale”, évoquant des “achats de voix, fausses signatures…”. La Première ministre Ana Brnabić (SNS) a “balayé” ces accusations “lors d’une conférence de presse” tenue dimanche soir, fait savoir France 24.
Pays candidat à l’Union européenne
Comme le rappelle la BBC “le SNS [le parti d’Aleksandar Vučić] est au pouvoir depuis 2012″. Son agenda est “d’extrême droite” selon France 24, de “droite nationaliste” et “populiste” pour Euronews.
Par rapport à l’Union européenne, que la Serbie souhaite rejoindre “depuis plus de 10 ans”, le SNS louvoie et joue double-jeu : “il se dit pro-européen mais tient un discours anti-occidental, tout en resserrant les liens avec la Russie et en faisant les yeux doux à la Chine”, résume la RTS. Les négociations sont bloquées sur deux points. D’après la BBC, la Serbie “subit la pression de l’UE et des États-Unis pour normaliser ses relations avec le Kosovo”, qui a fait sécession en 2008 et qui n’est toujours pas reconnu par la Serbie, soutenue dans sa démarche par la Russie et la Chine.
De plus, dans un rapport de la Commission européenne publié il y a près d’un mois, “il est noté que la Serbie a fait peu de progrès en ce qui concerne les droits humains, la lutte contre la corruption ou encore le crime organisé” [RTS]. Pour Biljana Đorđević, figure du Front de la gauche verte (ZLF, dans l’opposition), le pays est un “régime hybride, un mélange de démocratie et d’autocratie : on peut participer aux élections, mais on ne peut pas les gagner”, cite la RTS.
Plus précisément, certaines études démontrent notamment la “mainmise du camp présidentiel sur les médias”, le président Vučić ayant occupé “40 % du temps d’antenne dédié aux informations” pendant les élections de 2023, remarque Libération.
Pour ce scrutin, une majorité de l’opposition pro-européenne s’était unie face au camp présidentiel. Avec pour objectif d’ ”éradiquer la corruption, obtenir des élections libres, développer un pluralisme des médias et adhérer à l’Union européenne” [RTS]. Les opposants au SNS espèrent encore obtenir la mairie de Belgrade, pour laquelle les résultats du vote local également organisé dimanche ne sont pas encore connus. “Près d’un électeur serbe sur quatre vit à Belgrade, donc tout coup porté au parti présidentiel dans cette ville serait considérée comme un succès”, analyse la BBC.
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