Vingt-quatre langues officielles au sein de l’Union européenne
Symboles d’acceptation et de respect de la diversité des cultures, plusieurs langues coexistent au sein de l’Union européenne.
Avec ses 512 millions d’habitants et ses 28 Etats membres, l’Union européenne compte trois alphabets (latin, grec et cyrillique) et 24 langues officielles. Parmi celles-ci, cinq font partie des dix langues les plus utilisées au monde (l’anglais, l’espagnol, l’allemand, le portugais, le français). Une soixantaine d’autres langues régionales et locales sont également utilisées sur le territoire européen et parlées par 40 millions de personnes.
A cette diversité s’ajoutent les nombreuses langues véhiculées par les migrations plus récentes (on estime qu’au moins 175 nationalités cohabitent au sein de l’UE).
La politique linguistique de l’UE
Inscrite à l’article 22 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (“L’Union respecte la diversité culturelle, religieuse et linguistique”) et à l’article 3 du traité sur l’Union européenne, selon lequel “l’Union européenne […] respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique, et veille à la sauvegarde et au développement du patrimoine culturel européen” , la diversité linguistique est défendue par l’Union européenne, qui met en place une politique spécifique.
L’apprentissage des langues
L’Union européenne travaille en faveur de la maîtrise de plusieurs langues par les citoyens européens. En effet, les citoyens multilingues seraient, d’après une Enquête Eurobaromètre de 2012, “plus à même de profiter des opportunités économiques et professionnelles” . Cela faciliterait en outre la mobilité de la main d’œuvre, “élément essentiel pour la compétitivité de l’économie européenne”.
Pour cela, l’Union européenne collabore avec les autorités compétentes des États membres afin de réaliser un objectif ambitieux : permettre aux citoyens de communiquer dans deux langues en plus de leur langue maternelle. Cet “objectif de Barcelone” a été fixé en 2002 par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE. L’Union admet avec cet objectif que l’approfondissement de la construction européenne est indissociable d’une meilleure compréhension mutuelle. Elle reconnait également la place stratégique des langues et de la culture pour l’accomplissement des objectifs de la stratégie Europe 2020.
Au sein du programme Erasmus+ 2014-2020, le multilinguisme est considéré comme un axe prioritaire, “l’une des pierres angulaires du projet européen et un symbole puissant de l’aspiration de l’UE à l’unité dans la diversité”. Un outil en ligne de soutien à l’apprentissage de la langue du pays de destination a ainsi été mis en place et les innovations et bonnes pratiques pour l’apprentissage des langues sont valorisées.
Le respect des différentes langues de l’UE
Si l’apprentissage de plusieurs langues est encouragé au sein de l’Union européenne, pouvoir utiliser sa langue d’origine est également l’un de ses objectifs.
Au sein de l’Union européenne, chaque citoyen doit ainsi avoir accès à l’ensemble des documents de l’UE dans la langue officielle de son pays, pouvoir écrire aux institutions dans sa langue et recevoir une réponse dans sa propre langue. A cette fin, les institutions emploient un nombre impressionnant d’interprètes et traducteurs. Rien qu’à la Commission européenne, ce sont 1 750 linguistes et 600 assistants, appuyés par 600 interprètes à temps plein et 3 000 interprètes freelances qui sont employés.
Financièrement, l’Union européenne soutient par exemple la traduction littéraire grâce au programme Europe créative. Elle finance également la traduction de tous les films sélectionnés pour le prix Lux du Parlement européen.
Une journée européenne des langues, le 26 septembre, organisée en partenariat avec le Conseil de l’Europe, a également été instaurée. Un de ses objectifs est de sensibiliser le public à l’importance de l’apprentissage des langues et de la diversité des langues apprises afin de favoriser le multilinguisme et la compréhension interculturelle. Elle promeut également la riche diversité culturelle et linguistique de l’Europe. En France, le ministère de l’Education et de la Jeunesse organise de nombreux événements dans le cadre de cette journée.
Outre la défense de la langue française, la Francophonie a joué un rôle précurseur dans le combat pour la diversité culturelle et linguistique. La promotion de la langue française, de la diversité culturelle et linguistique est d’ailleurs la première grande mission de l’Organisation internationale de la francophonie.
En 2002, au sommet de Beyrouth sur la Francophonie, elle préconise notamment l’adoption d’un instrument juridique international sur la diversité culturelle, qui englobe la diversité linguistique. Depuis, elle mène un rôle actif au sein des institutions internationales (ONU, institutions européennes) pour promouvoir la diversité culturelle et linguistique. Elle encourage notamment les fonctionnaires et les dirigeants à apprendre le français pour un usage professionnel ou à utiliser leurs langues maternelles lors d’allocutions officielles.
Elle met également ce principe à l’œuvre au sein de l’Université Senghor, créée à Alexandrie en 1990, qui accueille de nombreux étudiants de nationalités et cultures diverses.
Préserver son identité culturelle grâce à la diversité linguistique
D’après le linguiste David Crystal (Language Death, 2000), préserver les 6 000 à 7 000 langues mondiales est non seulement nécessaire car elles sont l’expression de nos identités, mais aussi parce qu’elles sont dépositaires de l’Histoire et contribuent à la somme des connaissances humaines. Elles sont le reflet et le façonnage à la fois d’une forme de pensée et d’une façon d’appréhender le monde.
L’Union européenne n’est donc pas la seule à avoir reconnu l’importance des langues pour la sauvegarde des cultures. L’UNESCO promeut par exemple un programme pour la défense des langues maternelles. Celles-ci ont par ailleurs été reconnues “patrimoine immatériel de l’humanité” et doivent à ce titre être aussi bien préservées que des monuments ou des productions artistiques. Ce qui n’est aujourd’hui pas toujours le cas. C’est pourquoi l’Organisation internationale de la Francophonie revendique par exemple une véritable diversité culturelle, passant également par la préservation des langues au sein de l’Union européenne.
La population européenne semble quant à elle acquise à la cause du multilinguisme. Selon l’enquête Eurobaromètre de 2012 sur les Européens et les langues, 98% considèrent que la maîtrise de langues étrangères est un atout pour l’avenir de leurs enfants, 72% soutiennent l’objectif de l’UE selon lequel chacun devrait apprendre au moins deux langues étrangères et 88% jugent cette connaissance utile pour eux-mêmes.
Si le multilinguisme fait coexister plusieurs langues au sein d’une société, le plurilinguisme est le fait de parler plusieurs langues pour différentes activités : par exemple, parler anglais au travail, français avec sa famille et allemand avec ses amis.
L’Union européenne parle donc plutôt d’une politique multilinguiste que plurilinguiste.
L’anglais, un péril pour le multilinguisme ?
Malgré la défense de la pluralité linguistique, on constate au sein de l’Union européenne une augmentation croissante de l’usage de l’anglais, notamment en milieu professionnel.
Historiquement, le français, langue de trois des pays fondateurs de l’UE, est resté longtemps la langue de travail des institutions, qui sont en grande partie établies dans des pays francophones. Mais depuis 2004 et le “grand élargissement” aux pays de l’Est de l’Europe, l’anglais a pris une place dominante dans les communications professionnelles.
Avec le Brexit, certains pays, comme la France, espèrent pouvoir saisir l’opportunité de faire regagner à leurs langues une place plus importante au sein des institutions.
En effet, l’anglais pourrait disparaître en tant que langue officielle de l’Union européenne puisque le Royaume-Uni est le seul pays européen à l’avoir choisi comme langue officielle au niveau de l’UE. L’Irlande et Malte ont préféré enregistrer l’irlandais et le maltais. A l’heure actuelle toutefois, l’issue du Brexit en termes linguistiques demeure très incertaine et la question du maintien ou non de l’anglais comme langue officielle, principale langue de travail des institutions européennes, est loin d’être tranchée.
Dans les faits, après le Brexit, l’anglais passera de la deuxième langue la plus parlée au sein de l’Union européenne à la 17ème. Mais l’usage de cette langue paraît tellement inscrit dans les mœurs que les espoirs français pourraient vains.
De fait, l’anglais est la langue étrangère la plus parlée parmi les langues européennes. 38% des Européens parlant plus d’une langue parlent l’anglais. Ils sont seulement 12% à parler français, 11% à parler allemand et 7% à parler espagnol. Selon l’Eurobaromètre de 2012, les citoyens européens estiment en outre pour 67% que l’anglais est la langue la plus utile dans l’Union européenne. Elle est par ailleurs la langue étrangère la plus parlée dans 19 des 25 pays de l’UE dont la langue officielle n’est pas l’anglais (hors Royaume-Uni, Irlande et Malte).
Résultat : les deux tiers des pages de sites officiels, rédigées en anglais, ne sont pas traduites, notamment celles de certaines agences de l’Union européenne, qui prodiguent pourtant des informations capitales et techniques au quotidien.
Cerise sur le gâteau : en 2013 la Cour des Comptes de l’UE a publié un rapport dans lequel elle souligne le mauvais usage de l’anglais au sein des institutions européennes. Elle dresse une liste des mots utilisés à contre-emploi et alerte sur le fait que certains documents ne sont plus compréhensibles pour les natifs mêmes. Elle conseille donc d’utiliser sa langue natale pour la rédaction de documents officiels, lorsque cela est possible, afin de faciliter la tâche des traducteurs.
Dans un rapport d’information de 2016 sur l’influence française au sein de l’Union européenne, les anciens députés Christophe Caresche (PS) et Pierre Lequiller (UMP, Les Républicains) proposaient deux langues étrangères obligatoires aux concours européens, en plus de la langue maternelle.
1 commentaire
ce qui est dit pour la sauvegarde des indentâtes et cultuelles est bien. Mais il faudra un jour trouver moins
de faire converger certaines langues pour une Co réflexion et décision en temps réel sans recours à de nombreux interprètes même automatiques ?.Avez-vous une politique déjà pour et sinon pouvez-vous en examiner une ? Avc toutes mes salutations respectueuses Efk